En France, Jim Van Bebber
est apparu pour la première fois sous la houlette de la mythique
société d'édition Haxan Films
qui parmi les nombreuses bandes crapoteuses appartenant à son
catalogue distribua les deux volets Nekromantik
de l'allemand Jörg Buttgereit, deux compilations regroupant les
courts-métrages underground de Richard Kern sous les titres Hardcore
1 &
2,
le documentaire choc Rock'n'Roll Overdose
de Todd Phillips ou le très gerbant Camp 71
de Mou Tun-fei. Quant à Jim Van Bebber, la société distribua une
cassette VHS intitulée Sweet Satan
qui regroupa trois courts-métrages réalisés la même année, en
1994. Roadkill : The Last Days of John
Martin,
My Sweet Satan
ainsi que Doper.
Trois récits différents pour une même ambiance, lourde, glauque,
dérangeante. Un style très particulier que l'on ne rencontre
généralement que dans des productions fauchées mais mythiques. À
l'image du morbide Combat Shock
de Buddy Giovinazzo qui lui-même bénéficia d'une sortie chez Haxan
Films
ou du surcoté Last House on Dead End
de Roger Watkins... Si les films de gangs ne sont pas rares, ils ne
font cependant pas partie des thématiques les plus employées sur
petit et grand écran. Les années quatre-vingt furent marquées par
quelques œuvres devenues cultes, à l'image du diptyque
Outsiders/Rusty
James
réalisé par Francis Ford Coppola en 1983 mais aussi et surtout à
celle des Guerriers de la nuit
que mis en scène Walter Hill au tout début de la décennie. Une
œuvre commerciale et passablement violente qui pourtant et en
comparaison de Deadbeat at Dawn
de Jim Van Bebber s'avère plutôt sage. Tandis qu'en 1986 Buddy
Giovinazzo traitait avec Combat Shock (d'abord
connu sous le titre American Nightmare)
d'un cas très particulier de post-traumatisme lié à la guerre du
Vietnam et du retour à la vie civile de l'un de ses vétérans,
avec Deadbeat at Dawn,
Jim Van Bebber se penche sur l'un des membres d'un gang qu'il
incarne d'ailleurs lui-même en la personne de Goose, chef des Ravens
dont la petite amie Christie (Megan Murphy) le menace de le quitter
s'il ne se décide pas à abandonner sa vie de délinquant. Rival de
Danny et de son gang des Spiders,
ce dernier n'a pas apprécié de se faire humilier lors d'un duel qui
l'a opposé à Goose et bien décidé à se venger, il ordonne à
l'un de ses gars (Marc Pitman dans le rôle de Bonecrusher) d'aller
s'en prendre à Christie avant de trouver Goose et de l'assassiner...
Entre-temps,
ce dernier a écouté sa petite amie et a quitté son gang dont son
second, Keith (Ric Walker), est désormais à la tête. Après avoir
vendu de la drogue afin de rapporter de l'argent, Goose retourne chez
Christie et constate qu'elle a été sauvagement assassinée. Dès
lors, l'ancien Raven
n'a plus qu'un seul objectif : faire payer à ceux qui ont tué
Christie le prix de leur crime... Dire que Deadbeat
at Dawn
est violent, sanglant, glauque et nihiliste est un euphémisme tant
le long-métrage de Jim Van Bebber est représentatif de ces films
méconnus, undergrounds, auto-produits et qui donc permettent à
leurs auteurs de faire absolument tout ce qu'ils veulent au détriment
d'une interdiction aux moins de dix-huit dans certains pays comme
c'est le cas ici. Mais le risque en valait véritablement la peine
puisque de manière frontale et réaliste, le réalisateur,
scénariste et producteur explore le monde de la rue dans ce qu'il
peut avoir de plus pessimiste. Un monde exhalant morve, sueur et sang
et décrivant en outre des personnalités psychotiques découlant de
la vie en milieu urbain. C'est ainsi que Bonecrusher est décrit
comme un authentique junkie psychopathe, qui après avoir
littéralement éventré Christie compare ses intestins à des
serpents. L'on notera le jeu plus que plausible de Marc Pitman, entre
logorrhée incohérente et regard perdu dans le vague, il est sans
doute celui qui exprime le mieux la folie et la violence qui se sont
emparées d'une partie de l'humanité. Dans un même registre,
Charlie Goetz joue le rôle du père de Goose. Un homme qui vit seul,
cloîtré dans un taudis, héroïnomane et paranoïaque ! L'on
retrouve comme dans Combat Shock
le même univers urbain, sale, violent et véritablement anxiogène.
Coté violence, Jim Van Bebber n'y va pas avec le dos de la cuillère.
Des morts, nombreuses, avec de grosses effusions de sang à l'appui.
Entre une main qui explose à l'impact d'une balle, des coups de
couteaux, de batte de base-ball, de nunchaku qui produisent des
geysers de sang. Et même, une décapitation qui met un terme
définitif à l'existence de l'un des principaux antagonistes du
récit. Bref, l'univers poisseux et ultra violent de Deadbeat
at Dawn
est à réserver à un public averti. Culte !
.png)
.png)
.png)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire