L'humoriste, acteur,
réalisateur et scénariste français Jérôme Commandeur signe avec
T'as pas changé
son troisième long-métrage neuf ans après Ma
famille t'adore déjà
et Irréductible
en 2022. Reposant sur la nostalgie des années quatre-vingt dix lors
desquelles son personnage ainsi que ceux incarnés par la majorité
des interprètes sont parfois plongés, cette nouvelle comédie
française disponible dans les salles de cinéma depuis le 5 novembre
dernier oscille entre passé et présent. Pourtant, lorsque son
scénario exécute un retour en arrière d'une trentaine d'années,
ce retour dans le passé n'est visuellement pas très significatif.
En effet, la plupart de ces séquences se déroulent lors d'une fête
organisée par Hervé, alors adolescent, située dans la propriété
de ses parents et à laquelle il a convié la plupart de ses
camarades de classe. L'on retrouve ainsi auprès de ce jeune et
populaire adolescent ses trois meilleurs amis Jordy, Daniel et
Maxime. L'action se situant loin dans le passé, les personnages sont
alors incarnés par Baptiste Masseline, Kolia Abiteboul, Alexandre
Mas et Théo Andres. Dans le présent, ces quatre là sont ensuite
remplacés par Laurent Lafitte, Jérôme Commandeur lui-même,
Michaël Abiteboul ainsi que par François Damiens. Le premier est un
chanteur de charme dont la carrière et le succès repose
essentiellement sur une chanson d'amour dont ses groupies sont
folles ! Le second est un agent immobilier en pleine crise
existentielle depuis que sa femme est installée chez lui avec son
amant et sa belle-mère. Quant au quatrième, lui aussi est en proie
à des tourments intérieurs. Brillant avocat, Maxime vit mal le fait
de prendre de l'âge et accepte difficilement que son épouse Sofia
(l'actrice franco-marocaine Zineb Triki), elle aussi avocate, soit
reconnue comme meilleure que lui dans cette discipline... Alors
qu'ils viennent de perdre le troisième d'entre eux, leur ami Daniel
(Michaël Abiteboul) qui formait avec eux un groupe soudé, ils
décident d'organiser une fête à l'attention des anciens élèves
de leur classe... Cependant, il y a un hic : en effet, parmi
ceux-ci se trouvent certains camarades qu'ils moquaient et
méprisaient étant adolescents. Et parmi eux, Anne (Vanessa Paradis)
qui depuis est devenue une cardiologue pas vraiment heureuse dans la
vie depuis que son mari (qui lui aussi est médecin) la trompe avec
une femme beaucoup plus jeune qu'elle.
L'on
retiendra d'ailleurs notamment la performance d'actrice plutôt
drôlatique de celle-ci s'agissant de la séquence lors de laquelle
elle est contrainte de chanter, faux comme on l'imagine, alors
qu'elle a elle-même mené une carrière de chanteuse dès l'âge de
14 ans lorsqu'elle apparu pour la première à la télévision dans
l'émission Champs-Élysées
animée à l'époque par Michel Drucker. Autre personnage qui n'aura
pas connu le succès escompté lors de ses années d'études, Marion
(Delphine Baril). Ayant conservé une certaine rancœur vis à vis du
quatuor, elle décide de contrecarrer le projet de Hervé, Jordy et
Maxime en invitant le même jour ses anciens camarades de classe.
Malgré un sujet qui semble obliquer vers la comédie pour jeunes
spectateurs, Jérôme Commandeur développe un récit beaucoup plus
profond qu'il n'y paraît. Y transparaît un certain mal-être commun
à la plupart des personnages. Le titre jouant avec malice sur cette
habitude qu'ont les gens de rassurer ceux qu'ils n'avaient plus revu
depuis des années sur leur état physique général mais joue aussi
et surtout sur leur comportement. Trahissant ainsi quelque peu cette
idée qui veut que l'on ne change jamais vraiment même si, au fil de
l'intrigue, l'on constate que les âmes se sont apaisées et que les
discordes du passé peuvent très bien se retrouver aux oubliettes.
T'as pas changé
est également l'occasion de retrouver d'ancienne vedettes de la
télévision, du cinéma ou de la chanson. C'est ainsi que Jérôme
Commandeur convie à l'image Catherine Allégret et Rufus dans les
rôles de Arlette et Roland, les parents de Hervé, Catherine Hiegel
dans celui de Jannick, la belle-mère de l'ex-épouse de Jordy et
même quelques anciennes ''vedettes'' de la chanson française et
anglo-saxonne qui incarnent toutes leur propre personnage. C'est
ainsi que l'on retrouve Patricia Kaas, Lââm, Indra ainsi que trois
membres de l'ancien Boys-Band Worlds
Apart,
Nathan Moore, Steve Hart et Cal Cooper... Entre humour, émotion,
légèreté et gravité, Jérôme Commandeur signe une comédie fort
sympathique, qui ne laissera sans doute pas de souvenirs
impérissables mais qui au regard de la production actuelle n'est pas
la pire ''chose'' qui ait vue le jour sur grand écran en matière de
comédie française...



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