Dernier long-métrage du
réalisateur et scénariste français David Moreau, Other
s'inscrit dans ce courant que certains nomment Elevated
Horror.
Un ''sous-genre'' du cinéma d'horreur qui comme son nom l'indique
est censé élever le genre à travers des choix esthétiques, des
thématiques ou une manière singulière de les traiter. Le film peut
effectivement être envisagé sous cet angle, comme bon nombre
d'autres longs-métrages qui d'ailleurs actuellement s'engouffrent
dans le genre et arrivent parfois à étonner par leur approche
novatrice. Oui mais voilà. Encore faut-il est capable d'extraire du
sujet, sa quintessence, sans pour autant n'avoir l'air rien d'autre
qu'une œuvre ennuyeuse et au final très en deçà des attentes d'un
public désormais blasé par tout ce qu'on lui propose... Si même
Other
n'entretient que de très lointains rapports avec le remarquable Ich
Seh Ich Seh
que signèrent en 2014 les autrichiens Severin Fiala et Veronika
Franz, les liens qui unissent l'héroïne avec sa mère défunte font
remonter des souvenirs proches d'un cauchemar qu'elle aurait
inconsciemment choisi d'occulter. Porté par l'actrice et mannequin
franco-ukrainienne Olga Kurylenko, le flm de David Moreau s'inscrit
dans une horreur psychologique qui se débarrasse de toute
transgression gore en dehors de quelques plans de visages ''ravagés''
pour n'en retenir que ce qui touche au psychisme d'Alice, jeune femme
qui après des années de silence retourne chez sa mère afin de
régler les démarches liées à son enterrement. Ici, David Moreau
traite notamment de cette obsession pour la beauté et renvoie en
outre à cette vision d'une Amérique où certains parents et
surtout, certaines mère infligent à leurs filles des tortures
morales et parfois physiques s'agissant d'ambitions qui leurs sont
propres et qu'elles projettent sur leur progéniture. Un concept qui
depuis la naissance des réseaux sociaux s'est d'ailleurs élargi et
voit même de jeunes femmes passer sur le billard pour, selon elle,
correspondre à des canons de beautés. Si Other
n'est objectivement pas très convaincant, c'est surtout parce que le
rythme et les enjeux sont relativement mal exploités. Tandis que
l'Elevated Horror
et l'horreur psychologiques sont parfois en mesure de nous offrir
d'authentiques chocs cinématographiques, ici, tout se déroule dans
un climat d'austérité et de lassitude qui ne parviennent jamais
vraiment à atteindre la conscience du spectateur...
Bien
mal serait venu de ma part d'être définitif dans cette dénonciation
d'une œuvre qui ne me toucha jamais vraiment au vu des innombrables
éloges dont a bénéficié le film. Sans comprendre ce qui a pu en
bouleverser certains, sans avoir aucune idée des éléments
déclencheurs, Other
s'est en fait révélé être une expérience dénuée de scènes
véritablement marquantes. On sent bien que ça et là, le cinéaste
français a tenté des choses. Il en est même qu'il serait
malhonnête de passer sous silence. Comme ce principe systématique
qui veut que seule l'héroïne soit visible à visage découvert. Car
il faut le comprendre, Alice est confrontée à une ''créature'', un
''fantôme'' du passé qui surgit et ''efface'' le visage de ceux qui
ont le malheur de croiser son chemin. Et part effacer, il faut
comprendre que cette ''chose'' dont on entend les pas retentir dans
la demeure familiale et dont la silhouette est parfois et
partiellement visible arrache le visage de ses victimes. Une fois les
différentes options abordées à l'image, David Moreau offre un
twist qui aurait pu être inattendu s'il n'avait pas été si
grossièrement traité. On aura compris que pour la mère d'Alice, la
beauté est un élément essentiel, qu'il faut cultiver jusqu'à
épuisement. Cet aspect du récit, vu à travers de vieilles bandes
VHS, n'explique malheureusement pas tout. Quant au garçon masqué
qui ouvre les hostilités dans un premier acte qui laisse tout
d'abord supposer que le film pourrait être rangé dans le genre
Found Footage,
on en est encore à se demander qu'elle peut être son utilité. Car
à moins de servir de Vade-mecum à une Alice incapable de comprendre
par elle-même quel type de danger la guette, pourquoi donc le script
insiste sur ce personnage, lequel harangue en permanence la jeune
femme en lui conseillant de se masquer le visage alors même que
durant le climax qui l'oppose à la ''créature'', cette dernière
demeure inoffensive face à notre héroïne ? Certains vous
diront qu'il ne s'agit là que ''d'instinct''. L'une des
problématiques de Other
est de multiplier les concepts sans que jamais David Moreau ne
parvienne à leur trouver une solution. Cela est d'autant plus
dommage que lui, ainsi que le scénariste Jon Goldman ont écrit un
scénario qui aurait pu être en or si seulement le réalisateur
était allé au bout du bout de son concept. Au final, et aussi
ambitieux qu'il puisse paraître, Other
n'aboutit à rien. Ou en tout cas, à pas grand chose...



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