Après avoir fait un
détour du côté de la campagne finlandaise en compagnie des
brasseuses de bière Taina et Pirkko dans 100 Litraa Sahtia de
Teemu Nikki, direction l'Irlande avec Lie of the
Land
de John Carlin et son couple d'éleveurs de bétail incarné par
Nigel O'Neill et Ali White. Second film du réalisateur, scénariste,
producteur, directeur de la photographie et monteur quatre ans après
le long-métrage d'action, de science-fiction et d'horreur
Termination,
Lie of the Land
met donc en scène deux époux financièrement pris à la gorge et
qui se savent incapables de rembourser les dettes qu'ils ont
contracté à la banque. Pour échapper à leurs créanciers, Ward et
Cath ont tout prévu. Après avoir vendu leurs vaches à un voisin
(Paddy Jenkins dans le rôle de Shearer), préparé les affaires
qu'ils ont prévu d'emporter avec eux et réunis l'argent qu'ils ont
économisés, ils attendent avec impatience l'arrivée d'un passeur
du nom de Sheperd (Barry John Kinsella) qui doit leur permettre de
disparaître en toute discrétion de la circulation. Lorsque celui-ci
débarque dans leur ferme, il leur demande de lui remettre l'argent
et prévoit de revenir les récupérer une semaine plus tard afin de
leur faire quitter le pays. Contrevenant ainsi à ce qui au départ
était prévu. Méfiants à l'idée de lui confier leurs économies
et de le laisser partir, Ward et Cath préfèrent finalement de se
passer des services de Sheperd... Voici donc comment débute Lie
of the Land,
petit film sans grosses prétentions ne dépassant pas les
quatre-vingt minutes mais qui recèle d'excellentes idées. À
commencer par la première partie du récit durant laquelle le
scénario de Tara Hegarty fait mine d'engager ses personnage sur la
voie du désespoir. Un couple qui décide de tout abandonner, même
la demeure familiale qui appartient à Cath malgré tous les
souvenirs qu'elle renferme. Le script donne à penser que le couple à
choisit d'en finir avec la vie et que l'homme qu'ils attendent
impatiemment pourrait être celui qui enfin les ''libérerait''...
Une forte impression qui ensuite part en fumée lorsque ce qui
s'apparente à un drame social va se transformer en un petit thriller
qui joue dans la cours des grands...
Car
aussi simple que soient la mise en scène et l'interprétation, John
Carlin signait en cette année 2023 l'un de ces petits bijoux qui
malheureusement n'ont jamais la publicité qu'ils méritent. Porté
par un duo d'acteurs interprétant des personnages plus vrais que
nature, le cinéma de John Carlin se rapproche tout d'abord du
réalisme social dont Ken Loach a fait et continue de faire son fond
de commerce. Sauf que dans le cas de Lie of the
Land,
rien ne va évoluer dans le sens classique des événements pour en
réalité manœuvrer dans une direction encore plus sombre et
défavorable pour notre couple d'éleveurs... Difficile de ne pas
avoir la tentation d'en dire davantage sans révéler le changement
de ton que va prendre le long-métrage. Tout juste faut-il comprendre
que Barry John Kinsella tiens là un rôle relativement glaçant.
Notons la présence au générique de l'acteur Abe Smyth qui dans le
rôle de Boyle incarne un ami proche du couple et dont certains
traits de caractère semblent parfois futiles. Décrivant ce
personnage au demeurant fort sympathique et serviable comme faisant
partie de la communauté gay ou comme étant un ami proche de
Sheperd. Des détail superficiels qui n'empêchent cependant pas
l'utilité du personnage lorsqu'il intervient lors du dernier tiers
de l'intrigue. Vue sa courte durée, Lie of the
Land
laisse peu de place à l'ennui. Seuls ceux qui ne sont animés que
d'une passion pour le cinéma d'action risquent de désespérer du
rythme imprimé au récit et pourtant, il s'agit bien là de l'un des
éléments fondateurs qui créent une véritable empathie pour ce
couple prêt à fuir ses responsabilités pour refaire sa vie. Les
amateurs de thrillers sombres, filmés en partie de nuit et situés
en milieu rural prendront un grand plaisir à suivre ce jeu de
cache-cache intense et parfaitement incarné. Les plus fins
observateurs noteront les petites touches d'humour qui agrémentent
le récit. Comme lorsque vers la fin, Ward vante le fait que Cath
soit plus jeune que lui avant qu'elle ne mette ses lunettes pour
mieux voir... Bref, Lie of the Land
est une excellente surprise...
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