Lorsque l'on est un tout
jeune adolescent (quatorze ans à l'époque) et que l'on découvre
Toubib malgré lui (Critical
Condition)
de Michael Apted pour la première fois, le film fait un peu le même
effet que Comment claquer un million de dollars
par jour
(Brewster's Millions)
de Walter Hill ou Un fauteuil pour deux
(Trading Places)
de John Landis. Mais prenons des pincettes : dans une CERTAINE
MESURE tout de même puisque sur ce coup-là, le long-métrage de
Michael Apted n'a pas la grandeur ou l'aura de film culte qu'ont les
deux autres. Il n'empêche qu'à sa simple évocation, celui-ci,
comme les deux précités et bien d'autres encore, évoque une époque
où les excellentes comédies américaines s'enchaînaient les unes
derrières les autres. Il est relativement fou de constater combien
la mémoire nous joue des tours. Et concernant, Toubib
malgré lui, on
peut dire que non seulement elle se joue de nous, mais qu'elle a
également tendance à montrer combien nos critères évoluent en
fonction de l'âge ou de notre état d'esprit. Il suffit juste par
curiosité d'aller se renseigner sur les avis divers et nombreux qui
noircissent les pages virtuelles d'Internet. C'est à se demander si
l'on parle parfois du même film ou si deux cinéastes eurent l'idée
d'un même titre, au même moment. C'est pourquoi, la meilleure façon
de résoudre cette épineuse énigme demeure sans doute de se
replonger dans cette comédie qui sortit sur les écrans en 1987.
D'emblée, la présence de l'acteur afro-américain Richard Pryor est
plutôt rassurante. Car même si sa carrière sur grand écran ne
semble certes pas avoir été aussi fulgurante que celle d'Eddie
Murphy, nous louerons malgré tout sa présence dans quelques
sympathiques bobines généralement concentrées entre les années
soixante-dix et la décennie suivante. Le visage de Richard Pryor est
si célèbre que l'on a parfois l'impression de l'avoir vu un nombre
incalculable de fois lors de sa ''grande'' époque. Pourtant, entre
ses débuts dans la série Les mystères de
l'ouest
en 1966 et sa dernière apparition dans The Norm
Show
trente-trois ans plus tard, Richard Pryor n'aura tourné que dans une
toute petite cinquantaine de longs-métrages et séries télévisées
(dont le Superman III de
Richard Lester dans lequel il interpréta le personnage de Gus
Gorman)...
Dans
Toubib malgré lui,
il incarne le double rôle d'Eddie et de Kevin. Le premier est un
malfrat qui avant de se faire passer pour un toubib... malgré lui,
va collaborer avec la police... malgré lui également. Jugé lors
d'un procès pour complicité aux côtés d'un trafiquant alors même
qu'il a lui-même involontairement participé son arrestation, Eddie
se fait passer pour un fou lors de son procès et le juge accepte
qu'il soit examiné durant vingt et un jour dans le service pour
malades mentaux d'un hôpital afin de vérifier si oui ou non il est
atteint de troubles psychiatriques. À l'issue de son séjour, le
directeur de l’hôpital confirme malheureusement pour lui qu'Eddie
est sain d'esprit et qu'il partira en prison dès le lendemain. Nous
sommes à la veille du week-end, dehors un orage menace et les
patients du service psychiatrique prennent en otage le directeur de
l’hôpital. Par un concours de circonstances, Eddie est alors
confondu avec un autre médecin du nom de Kevin Slattery. Dehors, un
ouragan se prépare, condamnant Eddie à se faire passer pour l'un
des docteurs de l’hôpital... Un an auparavant, Richard Pryor
apprend qu'il est atteint d'une sclérose en plaques, maladie qui
finira par le condamner à la chaise roulante comme en témoignera
son dernier rôle sur grand écran dans le chef-d’œuvre de David
Lynch en 1997, Lost Highway...
Amaigri
(les drogues étant certainement en partie responsables de son
apparence physique), l'acteur noir jongle ici entre l'espoir de fuir
l’hôpital tout en cherchant par tous les moyens de déléguer la
totalité des responsabilités aux infirmiers et aux rares docteurs
encore présents dans l'enceinte de l'établissement (sauf lorsque,
bien entendu, il s'agit d'examiner une ''jolie plante''). Les gags se
multiplient avec plus ou moins d'efficacité selon l''humeur du
spectateur. Ça n'est jamais vraiment drôle même si l'on sourit
ponctuellement face à quelques situations plus ou moins grotesques.
Doublé par l'acteur et réalisateur franco-mauritanien Med Hondo,
les spectateurs reconnaîtront sans mal la voix de celui qui fut le
doubleur régulier du principal rival de Richard Pryor, Eddie Murphy.
Lequel conviera d'ailleurs Richard Pryor à jouer dans le médiocre
long-métrage qu'il réalisa lui-même en 1989, Les
nuits de Harlem.
Dans Toubib malgré lui,
Richard Pryor incarne un pseudo-médecin surexcité, maladroit,
directif, mais dont l'interprétation paraît parfois effacée
(l'acteur semble ailleurs à certaines occasions). À ses côtés,
l'actrice Rachel Ticotin interprète le rôle de Rachel Atwood et les
plus anciens reconnaîtront au détour d'un couloir Rubén Blades
(qui a notamment joué auprès de Robert Rodriguez et Spike Lee) dans
le rôle de Louis, Joe Mantegna (Esprits
criminels)
dans
celui de Arthur Chambers Louis ou encore Bob Dishy (le sergent Wilson
visible dans deux épisodes de la série Columbo) dans la peau du
docteur Foster. Sans être inoubliable, Toubib
malgré lui
reste certes brouillon et parfois assez lourd, mais demeure au fond,
tout de même sympathique...




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