Au delà du plan
strictement réservé à la polémique consistant à systématiquement
dénigrer un artiste et son œuvre sur le simple prétexte que sa vie
personnelle est entachée par une ou plusieurs controverses, que vaut
objectivement le dernier long-métrage du réalisateur, scénariste,
producteur et interprète franco-polonais, Roman Polanski ?
Séparant l'homme de l'artiste et connaissant mieux le second que le
premier, c'est en toute décontraction et sans un seul instant
d'hésitation que j'ose prétendre que The Palace
est sans doute son film le moins convainquant. De part le cynisme qui
emporte le septième art à travers des œuvres boursouflées par un
désir de capitaliser sur les dérives de notre société, l'auteur
appose ainsi sa marque à travers un dernier effort totalement
dépassé, qui sous l'insigne patronyme rappelant l'éponyme série
française créée par Jean-Michel Ribes à la fin des années
quatre-vingt se permet de lui être infiniment inférieur. Rejoignant
les critiques de professionnels tous moins tendres les uns que les
autres avec ce cinéaste qui souvent su élever la plupart de ses
longs-métrages au rang de chefs-d’œuvre, Roman Polanski revenait
voilà deux ans en arrière avec un projet casse gueule dont la
simple place que prennent les événements à la toute fin du siècle
dernier le condamnent à n'être rien de plus qu'un ersatz démodé
de tout ce que la comédie mondiale à de plus insolent à proposer.
Anachroniquement pittoresque, aussi plaisant à suivre qu'une
présentation d'entreprise en PowerPoint tout en ayant l'ambition de
réunir un casting international, The Palace
coche toutes les cases de la comédie ratée. Le divertissement est
on ne peut plus gênant et les rires aussi rares que l'eau sur le
continent africain ! Comme l'indique le titre, le film se
déroule dans un luxueux palace situé dans les Alpes Suisses où le
directeur Hansueli Kopf (l'acteur allemand Oliver Masucci) doit gérer
de richissimes et excentriques clients dont les désirs sont
généralement surprenants ! Sur la base d'un budget de
dix-sept millions de dollars, l'auteur du Bal des
vampires,
du Locataire,
de Lune de fiel,
du Pianiste
ou encore de J'accuse
signe une œuvre relativement pauvre en situations comiques.
Désespérant
le public de ne jamais fournir à certains de ses personnages matière
à créer l'empathie, le réalisateur façonne aux côtés de
l'acteur, peintre et cinéaste polonais Jerzy Skolimowski une galerie
de personnages prodigieusement caricaturaux. Une cours des miracles
où la française Fanny Ardant incarne la Comtesse Constance Rose
Marie de La Valle, laquelle voue une véritable passion pour son
minuscule roquet qu'elle nourrit de caviar. Où Mickey Rourke
interprète Bill Crush, un faux milliardaire qui attend avec
impatience la fin du monde pour selon lui, renflouer ses caisses.
Acteur aux nombreuses interventions de chirurgie esthétique qui
n'est depuis longtemps plus que l'ombre de lui-même et qui dans le
cas de The Palace
les quelques personnages secondaires féminins venus agrandir les
rangs de cette atroce galerie de Freaks dont la fortune se lit sur
chaque trait de leur visage. L'on a droit au couple formé par les
britanniques John Cleese et Browny James. Lui incarne le très riche
Arthur William Dallas III et elle, sa pantagruélique épouse
Magnolia. Viennent rejoindre au sein du casting l'acteur portugais
Joaquim de Almeida dans le rôle du chirurgien Lima ainsi qu'un
groupe de russes rapidement rejoints par un ambassadeur incarné par
Ilia Volok. L'on aurait pu se satisfaire de cette galerie de
portraits hauts en couleurs si seulement réalisateur et scénariste
s'étaient donnés la peine de donner du corps à leurs personnages
qui plus que d'être étoffés participent tous davantage à une
succession de scénettes dont beaucoup parmi elles n'élargissent pas
davantage l'appréciation que l'on peut avoir dès le départ des uns
et des autres. L'annonce retransmise en direct de la démission du
président russe Boris Elstine au soir du 31 décembre 1999 n'ayant
par exemple absolument aucune conséquence sur l'évolution du récit.
The Palace
est en fait un projet bâclé, sans envergure autre que de situer
l'action au Gstaad
Palace
niché sur les hauteurs de la ville éponyme alors que le décor est
enneigé. Le dernier long-métrage du cinéaste franco-polonais et au
mieux, une mauvaise comédie et au pire, un calvaire malgré sa durée
peu exorbitante de cent minutes. Bref, une très grosse déception...
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