Réalisé il y a deux
ans, le dernier long-métrage du réalisateur et scénariste espagnol
Alex de la Iglesia tarde à montrer le bout de son nez sur le
territoire français. C'est donc muni du DVD importé de son pays
d'origine et d'une solide connaissance de la langue espagnole qu'il
va pour l'instant falloir aborder cette énième comédie,
romantique, qui comme l'auteur aborde généralement le genre, va
littéralement partir en vrille. Comme son nom l'indique, El
Cu4arto Pasajero
met principalement en scène quatre passagers d'une voiture conduite
par Julián (Alberto San Juan), homme d'une cinquantaine d'années
qui a généralement l'habitude de pratiquer le covoiturage en
compagnie de la séduisante Lorena (Blanca Suárez) qu'il transporte
jusqu'à Madrid où elle travaille. Répétant un discours à
l'encontre de la jeune femme, Julián, accueille donc à nouveau
Lorena avant de réceptionner en chemin deux autres passagers. D'une
part, Rodriguo (Ernesto Alterio) dont le débit de parole et le
sans-gène vont très rapidement agacer le conducteur. Et d'autre
part, Sergio (Rubén Cortada), un très beau jeune homme, baroudeur,
guitariste et expert en arts-martiaux. Lors d'un arrêt à une
station-service, Rodriguo s'attire les foudres du gérants et de
certains clients qui ne supportent pas qu'il mette un temps fou pour
payer ce qu'il a choisit d'acheter. Alors que Julián vient de
remplir le réservoir d'essence, inquiet de voir la tournure que
prend la discussion entre Lorena et Sergio, enfermés à l'arrière
du véhicule, il se dirige jusqu'au comptoir de la station-service
pour payer lorsqu'il est lui-même pris à parti par les clients.
C'est là que le ennuis commencent... Ecrit par Alex de la Iglesia
et par le prolifique scénariste Jorge Guerricaechevarría, El
Cu4arto Pasajero est
la seizième collaboration entre les deux hommes et malheureusement,
pas la plus inspirée d'entre toutes. Les fans du cinéaste
connaissent parfaitement le caractère généralement délirant de
son œuvre. La plupart des longs-métrages écrits par les deux
hommes s'inscrivent dans un courant humoristique parfois très noir
et qui généralement passe de la comédie classique au délire le
plus total !
Parmi
les seconds rôles, nous retrouvons l'acteur lui aussi espagnol
Enrique Villén dont le premier détail ''remarquable'' est chez lui,
son strabisme particulièrement marqué. Interprète de plus de
cent-cinquante projets cinématographiques et télévisés, il est,
comme le scénariste Jorge Guerricaechevarría mais dans de plus
petites proportions et bien d'autres encore, un fidèle du
réalisateur espagnol puisque nous pûmes notamment le découvrir
dans Le jour de la bête
en 1995, dans Mes chers voisin en
2000 ou encore en 2023 dans la série 30 Coins.
Si pour le public lambda qui découvre pour la première fois
l'univers d'Alex de la Iglesia, El Cu4arto
Pasajero
apparaîtra évidemment comme une comédie dont l'action
ininterrompue qui donne le vertige (surtout lors du dernier acte
situé de nuit et sur une autoroute bondée de véhicules à
l'arrêt), pour une autre frange de spectateurs, ceux qui justement
attendent toujours impatiemment chaque nouveau film du réalisateur
espagnol, ce dernier long-métrage de fiction, le dix-septième si
l'on ne compte pas le documentaire Messi
consacré au célèbre footballeur argentin Lionel Messi, peut
s'avérer être une petite déception. Non pas que El
Cu4arto Pasajero
soit raté, loin de là, puisque chaque gag fait mouche et que chaque
interprète est parfaitement à l'aise dans le rôle qui lui est
assigné. Mais face aux mastodontes qu'a réalisé jusque là Alex de
la Iglesia, il n'est pas impossible d'éprouver une légère pointe
de désillusion. Il n'empêche que El Cu4arto
Pasajero
est bien rythmé, très drôle, relativement délirant si l'on évite
d'avoir en tête les œuvres passées de son auteur, mais souffre par
contre d'une dernier acte beaucoup trop long. El
Cu4arto Pasajero
aurait sans doute mérité d'être concentré sur quatre-vingt dix
minutes et non pas sur cent. Cette poignée de minutes qui
appesantissent l'intrigue dans ses derniers retranchements. Au final,
El Cu4arto Pasajero
divertit, amuse, agace même parfois (surtout durant la première
moitié, lorsque débarque Rodriguo, jouissivement incarné par Ernesto
Alterio)... Le dernier long-métrage d'Alex de la Iglesia n'est
certes pas son meilleur mais face à la concurrence mondiale, il se
situe malgré tout très au dessus de ce que l'on peut découvrir
chaque année dans la catégorie ''comédies''...
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