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dimanche 7 juillet 2024

La planète des singes de Franklin J. Schaffner (1968) - ★★★★★★★★★★

 



Après avoir redécouvert l'intégralité de la franchise La planète des singes, du classique de Franklin J. Schaffner sorti en 1968, jusqu'au récent La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume de Wes Ball et en passant par la purge signée en 2001 par Tim Burton, il est un fait accompli auquel adhéreront certainement plus facilement les anciens que les spectateurs fraîchement sortis des entrailles de leur mère : rien ne pourra jamais remplacer un bon scénario. Pas même la moindre profusion d'effets-spéciaux, aussi exceptionnels puissent-ils être ou une quelconque mise en scène définie comme remarquable. C'est en cela qu'il me paraît objectif de penser que le tout premier volet de cette somptueuse saga également adaptée sur le petit écran au travers d'une série en quatorze épisodes diffusés pour la première fois en 1974 reste le meilleur d'entre tous. Sa sobriété demeurant telle que la lisibilité du et DES messages qu'il transmet est d'une admirable fluidité. Œuvre de science-fiction mythique parmi les plus fondamentalement nécessaires de la seconde moitié du vingtième siècle, La planète des singes de Franklin J. Schaffner délivre un message social et politique sans doute aussi importants que le sera celui promut par un autre classique du genre qui verra le jour quatre ans plus tard : Soleil vert de Richard Fleischer. L'adaptation du roman de l'écrivain français Pierre Boule n'a absolument pas perdu la moindre parcelle d'intérêt dans sa particularité de long-métrage témoignant des conditions d'existence d'un peuple que nous jugeront jusqu'au dernier instant du récit, d'humanoïdes.


Car comme nombre de (télé)spectateurs ont pu jusque là le découvrir, la sidérante conclusion du film absorbe tous les préjugés liés à la suprématie du peuple single sur cette espèce très proche de nous, renvoyant systématiquement notre humanité vers la déchéance à laquelle elle semble sciemment être promise. Les CGI n'étant pas encore à l'ordre du jour, c'est à l'aide de maquillages prosthétiques que leurs concepteurs vont donner vie à un peu de singes dont les différents groupes seront ici bien déterminés. C'est ainsi que l'on distingue trois d'entre eux : les chimpanzés, qui en grande majorité représentent le peuple mais sont aussi à travers les personnages de Zira (Kim Hunter) et de Cornélius (Roddy McDowall), les scientifiques du récit. Deux individus prompts à reconnaître des valeurs rationalistes rejetées en bloc par ceux qui représentent de leur côté, la justice et le gouvernement. Les orangs-outangs, principalement figurés à l'écran par le Docteur Zaïus (Maurice Evans), ministre incrédule des sciences et surtout, défenseur en chef de la foi simiesque. Quant aux gorilles, ceux-là sont les bras armés du peuple singe. Agressifs, ils chassent l'homme jusqu'à sa capture (dans le meilleurs des cas) ou son éradication (dans le pire). Mais revenons justement à ce qui va bientôt opposer nos deux sympathiques chimpanzés au ministre des sciences dont les valeurs reposent davantage sur d'anciens écrits que sur d'authentiques preuves qui remettraient en question la supériorité des singes. C'est ainsi que débarquent sur cette étrange et lointaine planète trois astronautes dont le chef d'équipage semble être le capitaine George Taylor, lequel est incarné par l'immense Charlton Heston.


Un quatrième est mort lors de leur traversée dans l'espace. Alors que la navette des trois survivants s'enfonce dans les eaux du lac où elle est venue s'écraser, Taylor découvre sur le compteur du tableau de bord que plus de deux siècles se sont écoulés depuis le décollage de leur navette en 1972. Survivant à un long périple dans un désert aride, Taylor ainsi que ses deux compagnons Landon (Robert Gunner) et Dodge (Jeff Burton) vont se retrouver dans un champ où ils seront traqués au même titre qu'un groupe de sauvages par des gorilles à cheval et armés de fusils ! Dodge y perdra la vie tandis que Landon disparaîtra des radars durant un bon moment. Quant à Taylor, blessé à la gorge, celui-ci se retrouvera enfermé dans une cage, devenant ainsi un objet de curiosité scientifique pour le chimpanzé femelle prénommé Zira... Un homme oui, mais un danger qui sans doute pourrait remettre en question la validité du concept selon lequel, celui-ci ne serait au mieux qu'un chaînon manquant dans l'évolution du singe. Hypothèse amusante, surtout si d'un point de vue strictement humain nous la confrontions nous-mêmes à La théorie de l'évolution émise par le naturaliste et paléontologue britannique Charles Darwin dans son ouvrage L'origine des espèces en novembre 1859... Bénéficiant d'un budget n'excédant pas les six millions de dollars, La planète des singes repose donc essentiellement sur ce sujet central et moins sur le combat d'un homme pour sa survie contre des singes qui auraient tout intérêt à le faire disparaître. Film éminemment divertissant, au message parfaitement clair, doté de séquences possédant un haut potentiel de stress quand d'autres s'avèrent particulièrement glaçantes (la découverte de Dodge, empaillé et exhibé dans un musée ou de Landon, lobotomisé), excellemment incarné et offrant des effets-spéciaux pour l'époque, très satisfaisant, le long-métrage de Franklin J. Schaffner est un véritable chef-d’œuvre. Un modèle de sobriété dans sa mise en scène, d'écriture logique mais terriblement implacable, où chaque interprète et donc chaque personnage est à sa place. Bref, difficile d'y trouver la moindre remarque négative...

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