Après avoir redécouvert
l'intégralité de la franchise La planète des singes,
du classique de Franklin J. Schaffner sorti en 1968, jusqu'au récent
La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume
de Wes Ball et en passant par la purge signée en 2001 par Tim
Burton, il est un fait accompli auquel adhéreront certainement plus
facilement les anciens que les spectateurs fraîchement sortis des
entrailles de leur mère : rien ne pourra jamais remplacer un
bon scénario. Pas même la moindre profusion d'effets-spéciaux,
aussi exceptionnels puissent-ils être ou une quelconque mise en
scène définie comme remarquable. C'est en cela qu'il me paraît
objectif de penser que le tout premier volet de cette somptueuse saga
également adaptée sur le petit écran au travers d'une série en
quatorze épisodes diffusés pour la première fois en 1974 reste le
meilleur d'entre tous. Sa sobriété demeurant telle que la
lisibilité du et DES messages qu'il transmet est d'une admirable
fluidité. Œuvre de science-fiction mythique parmi les plus
fondamentalement nécessaires de la seconde moitié du vingtième
siècle, La planète des singes
de Franklin J. Schaffner délivre un message social et politique sans
doute aussi importants que le sera celui promut par un autre
classique du genre qui verra le jour quatre ans plus tard :
Soleil vert
de Richard Fleischer. L'adaptation du roman de l'écrivain français
Pierre Boule n'a absolument pas perdu la moindre parcelle d'intérêt
dans sa particularité de long-métrage témoignant des conditions
d'existence d'un peuple que nous jugeront jusqu'au dernier instant du
récit, d'humanoïdes.
Car
comme nombre de (télé)spectateurs ont pu jusque là le découvrir,
la sidérante conclusion du film absorbe tous les préjugés liés à
la suprématie du peuple single sur cette espèce très proche de
nous, renvoyant systématiquement notre humanité vers la déchéance
à laquelle elle semble sciemment être promise. Les CGI
n'étant pas encore à l'ordre du jour, c'est à l'aide de
maquillages prosthétiques que leurs concepteurs vont donner vie à
un peu de singes dont les différents groupes seront ici bien
déterminés. C'est ainsi que l'on distingue trois d'entre eux :
les chimpanzés, qui en grande majorité représentent le peuple mais
sont aussi à travers les personnages de Zira (Kim Hunter) et de
Cornélius (Roddy McDowall), les scientifiques du récit. Deux
individus prompts à reconnaître des valeurs rationalistes rejetées
en bloc par ceux qui représentent de leur côté, la justice et le
gouvernement. Les orangs-outangs, principalement figurés à l'écran
par le Docteur Zaïus (Maurice Evans), ministre incrédule des
sciences et surtout, défenseur en chef de la foi simiesque. Quant
aux gorilles, ceux-là sont les bras armés du peuple singe.
Agressifs, ils chassent l'homme jusqu'à sa capture (dans le
meilleurs des cas) ou son éradication (dans le pire). Mais revenons
justement à ce qui va bientôt opposer nos deux sympathiques
chimpanzés au ministre des sciences dont les valeurs reposent
davantage sur d'anciens écrits que sur d'authentiques preuves qui
remettraient en question la supériorité des singes. C'est ainsi que
débarquent sur cette étrange et lointaine planète trois
astronautes dont le chef d'équipage semble être le capitaine George
Taylor, lequel est incarné par l'immense Charlton Heston.
Un
quatrième est mort lors de leur traversée dans l'espace. Alors que
la navette des trois survivants s'enfonce dans les eaux du lac où
elle est venue s'écraser, Taylor découvre sur le compteur du
tableau de bord que plus de deux siècles se sont écoulés depuis le
décollage de leur navette en 1972. Survivant à un long périple
dans un désert aride, Taylor ainsi que ses deux compagnons Landon
(Robert Gunner) et Dodge (Jeff Burton) vont se retrouver dans un
champ où ils seront traqués au même titre qu'un groupe de sauvages
par des gorilles à cheval et armés de fusils ! Dodge y perdra
la vie tandis que Landon disparaîtra des radars durant un bon
moment. Quant à Taylor, blessé à la gorge, celui-ci se retrouvera
enfermé dans une cage, devenant ainsi un objet de curiosité
scientifique pour le chimpanzé femelle prénommé Zira... Un homme
oui, mais un danger qui sans doute pourrait remettre en question la
validité du concept selon lequel, celui-ci ne serait au mieux qu'un
chaînon manquant dans l'évolution du singe. Hypothèse amusante,
surtout si d'un point de vue strictement humain nous la confrontions
nous-mêmes à La
théorie de l'évolution
émise par le naturaliste et paléontologue britannique Charles
Darwin dans son ouvrage L'origine
des espèces en
novembre 1859... Bénéficiant d'un budget n'excédant pas les six
millions de dollars, La planète des singes
repose donc essentiellement sur ce sujet central et moins sur le
combat d'un homme pour sa survie contre des singes qui auraient tout
intérêt à le faire disparaître. Film éminemment divertissant, au
message parfaitement clair, doté de séquences possédant un haut
potentiel de stress quand d'autres s'avèrent particulièrement
glaçantes (la découverte de Dodge, empaillé et exhibé dans un
musée ou de Landon, lobotomisé), excellemment incarné et offrant
des effets-spéciaux pour l'époque, très satisfaisant, le
long-métrage de Franklin J. Schaffner est un véritable
chef-d’œuvre. Un modèle de sobriété dans sa mise en scène,
d'écriture logique mais terriblement implacable, où chaque
interprète et donc chaque personnage est à sa place. Bref,
difficile d'y trouver la moindre remarque négative...
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