À travers cet article, je ne vais sans doute pas me faire que des amis, mais tant pis, je me lance :
Lorsqu'en 1895 les frères
Auguste et Louis Lumière tournèrent La sortie de l'usine
Lumière à Lyon, se doutaient-il qu'un jour, bien longtemps
après eux, leur art en mènerait certains à mettre en scène des
œuvres d'une puissance aussi démentielle que le tout dernier volet
de la franchise Mad Max ?
Pas sûr... Mais ce qui demeure en revanche une certitude est que
l'Australie vient encore une fois de donner ses toutes nouvelles
lettres de noblesse au cinéma d'action. Un blockbuster dont la
technique, l'ampleur et la Vision humilient tout un pan d'un genre
qu'avait un peu trop tendance à s'approprier jusque là le cinéma
américain. En tant que simple projet, fruit d'une imagination aussi
fertile qu'improbable, Furiosa : une saga Mad Max
aurait pu se voir comme une créature inconcevable. Du moins jusqu'à
ce que les progrès en terme de technologie ne fassent un bond
immense dans le milieu des années quatre-vingt dix. Il aura pourtant
fallut attendre encore bien des années avant que le génie du
réalisateur australien George Miller ne vienne s'exprimer à nouveau
pour foutre le souk face à l'hégémonie outre-atlantique, véritable
laboratoire expérimentant tout et n'importe quoi jusqu'à accoucher
de franchises à rallonge (Star Wars)
et de super-héros se donnant du coude dans des œuvres parfaitement
indigestes. Il y a presque dix ans sortait sur les écrans Mad
Max : Fury Road,
quatrième volet d'une saga post-apocalyptico-cyberpunk reposant sur
les cendres d'une trilogie mythique dont les fans ne s'étaient pas
encore remis. Créant ainsi un nouveau mythe ''féministe'' en la
personne de Furiosa.
Croisant
la route de Max, héros quasi exclusif des trois premiers
longs-métrages sortis respectivement en 1979 (Mad
Max),
1981 (Mad Max 2 : Le Défi)
et 1985 (Mad Max : Au-delà du dôme du
tonnerre),
Furiosa devient en 2024 l'héroïne d'une préquelle en forme de
spin-of où le héros de toujours est réduit à sa plus simple
expression. Plusieurs dizaines d'années avant les événements de
Fury Road,
la jeune Furiosa (qui lors du premier acte est interprétée par
l'actrice australienne Alyla Browne) est enlevée par les hommes de
Dementus, chef mégalomaniaque d'une tribu de barbares se déplaçant
à motos. Véritable figure du néo-péplum, il est incarné à
l'écran par l'acteur australien Chris Hemsworth. Lequel se drape
d'un linge blanc immaculé, tel un nouveau Messie et chevauche un
char devant lequel sont harnachés trois motos. Originaire de la
tribu des Vuvalini installée au cœur la Place Verte, Furiosa est
donc kidnappée et malgré les tentatives de sa mère de la délivrer,
celle-ci est tuée par Dementus dont la jeune fille se promet de se
venger ! Lors d'un affrontement avec la tribu de Immortan Joe
(l'acteur Lachy Hulme qui déjà incarnait le rôle dans Fury
Road),
personnage découvert dans le précédent volet de la franchise, ce
dernier exige de garder Furiosa à ses côtés et propose à Dementus
de les approvisionner lui et ses hommes selon ses propres règles.
Immortan Joe avait les capacités mais aurait surtout pu tout à fait
éliminer la bande rivale si Dementus ne détenait pas le pouvoir de
détruire la principale ressource de son nouvel ennemi, chef de la
Citadelle : le pétrole qu'abrite la raffinerie située à
Pétroville, une
cité implantée au beau milieu du désert australien...C'est donc
autour de cet enjeux et de la soif de vengeance de Furiosa que
tournera donc Furiosa : une saga Mad Max...
L'actrice
américano-britannique Anya Taylor-Joy (Le jeu de
la dame)
prend le relais de Alyla Browne une fois atteint l'âge adulte mais
aussi et surtout celui de l'américano-sud-africaine Charlize Theron
qui dans Mad Max : Fury Road
incarnait l'imperator Furiosa. Dans cette préquelle, tout apparaît
comme monstrueusement disproportionné. Tourné dans les alentours de
Sydney, de Broken Hill ou de Silverton,
le film en impose à tous points de vue. À commencer par ses
immenses paysages désertiques de toute beauté, à perte de vue et
dont les sables sont remués par de dantesques tempêtes ou par les
incessantes courses-poursuites à moto, à voiture ou à bord de
camions. Les fans de la ''première heure'', ou plutôt celle
correspondant au second volet de la franchise retrouveront le même
type d'émotion qu'éprouvée lors de la longue séquence de
poursuite du camion-citerne que George Miller remet au goût du jour
en cette année 2024 lors de la longue incartade en extérieur à
bord d'un camion blindé équipé d'une arme ultra-puissante. Qu'il
s'agisse de cette séquence, de l'attaque de la Citadelle, ou de la
plupart des situations, on reste bluffé par la mise en scène du
réalisateur australien. Les maquillages et les costumes des
principaux protagonistes comme ceux des simples figurants ont cette
même ambition que ceux du remarquable Apocalypto
que réalisa Mel Gibson dix-huit ans auparavant (Le monde étant
petit, il fut le premier à avoir justement incarné le rôle de Mad
Max au cinéma) ou ceux des plus grands péplums qui aient vu le jour
des décennies en arrière. Ses cascades, sa myriade de personnages
charismatiques, son héroïne, sa violence, son rythme ainsi que sa
bande son tribale et guerrière signée de Junkie XL... tout concourt
à faire de Furiosa
: une saga Mad Max un
véritable chef-d’œuvre qui, sans mauvais jeu de mots écrase tout
sur son passage et n'a absolument pas à rougir face à ses
prédécesseurs ou face à la concurrence... Déjà mythique... !
Après avoir été très emballé il y a quelques années par "Fury road", je suis beaucoup moins enthousiaste que vous pour ce nouveau volet de la saga. Disons qu'en supprimant les 20 premières minutes et les 20 dernières, ça pourrait à peu près tenir la route (c'est le cas de le dire). Or malheureusement...
RépondreSupprimerConcernant le début du film, le bourrage de crâne écoféministe y est aussi abrutissant qu'un stage de survie masculiniste en forêt des Vosges. Quant à la fin... elle n'en finit pas de finir : Vengera ? Vengera pas ? That is the question ! On dirait que George Miller a honte de faire du cinéma d'action (mais pourquoi donc ?), alors il nous inflige une séquence dialoguée pour illustrer un dilemme moral à cinquante centimes d'euros. Il aurait mieux fait de nous remettre une dernière poursuite vroum-vroum-badaboum plutôt que de se prendre pour un tragédien, ça aurait été moins ennuyeux.
Ceci dit, merci pour votre petit article.
PS : Faudrait que nous autres Frenchies arrêtions de penser que nous avons inventé le cinéma avec les sorties d'usine des frères Lumière. Le cinéma, c'est à Thomas Edison et Laurie Dickson que nous le devons.