Après avoir assisté à la projection de Vanilla Sky de Cameron Crowe, remake américain fort risqué mais très regardable du chef-d’œuvre du réalisateur espagnol Alejandro Amenábar, Abre los Ojos au cœur d'un récit où les genres s'entremêlaient, Intrusion de
Rand Ravish se complaisait lui-même à mélanger à la toute fin du siècle
dernier, le romantisme, la science-fiction et le fantastique. Sans
jamais atteindre les qualités du génial Happy Accidents que Brad
Anderson réalisera l'année suivante en 2000 et dans lequel Ruby Weaver
(l'actrice Marisa Tomei) s'interrogeait sur la vérité des propos tenus
par le personnage de Sam Deed incarné par Vincent d'Onofrio, le
long-métrage de Rand Ravich a cependant la capacité de retenir
l'attention du spectateur grâce à la richesse de jeu de son actrice
principale Charlize Theron. Dans le rôle de Jillian, l'épouse de
l'astronaute Spencer Armacost (Johnny Deep), la jeune femme va se
retrouver au centre d'un récit où l’ambiguïté sera de mise jusqu'à
l'inévitable conclusion. Un acte final qui s'avérera cependant beaucoup
moins surprenant que les spectateurs auraient pu l'espérer. Car malgré
le passé trouble de l'héroïne que l'on serait tentés de juger parfois
atteinte de tocophobie, tout ou presque souligne le côté fantastique d'Intrusion.
Car sans prendre de gants, le réalisateur et scénariste invoque l'idée
d'un événement ''extraordinaire'' s'étant produit lors du dernier vol
spatial de son époux et durant lequel, lui et un autre astronaute (le
Capitaine Alex Streck interprété par l'acteur Nick Cassavetes) auraient
vécu durant deux minutes seulement, une situation découlant d'un
phénomène inexplicable. Bref, on nage tout d'abord en plein romantisme,
représenté par le couple idéal Charlize Theron/Johnny Deep. Ils sont
beaux, s'aiment et sont heureux. Mieux : Jillian apprend qu'elle porte
en elle deux jumeaux de neuf semaines. De quoi parfaire la vie du
couple. Mais là où n'était pas censé se glisser l'imprévu, Intrusion va peu à peu se muer en une pure tentative de paranoïa à la Rosemary's Baby dénué de toute fantaisie démoniaque pour se rapprocher davantage du style Body Snatchers propre
à la science-fiction. S'agissant du suspens, le film de Rand Ravish
remplit presque parfaitement son contrat. Le spectateur se range
d'emblée du côté de Jillian, femme à la personnalité fragile et à
l'entourage restreint (en dehors de sa sœur Nan interprétée par
l'actrice Clea DuVall, la jeune femme ne fréquente personne) que l'on
rêve d'abriter des éventuels dangers extérieurs.
Du
moins à partir du moment où des événements extérieurs vont venir
gripper la vie (presque) parfaitement réglée du couple. Comme la
présence persistante du représentant de la NASA Sherman
Reese qu'incarne avec une certaine vigueur l'excellent Joe Morton. Un
individu détenant prétendument les preuves qu'un événement s'est
effectivement produit pendant ces deux minutes alors que Armacost et
Streck étaient dans l'espace. À ce moment très précis du récit la vérité
sur ce qui se déroule sous nos yeux reste encore assez floue. Les
éléments que détient Sherman Reese reflètent-ils la réalité ? Jillian
est-elle victime de peurs propres à la grossesse ? Où ces dernières
découlent-elles simplement des propos que tient l'ancien représentant de
la NASAqui
depuis a été licencié ? Toujours est-il que l'une des failles du récit
tient au comportement de son époux... En effet, l'humeur changeante du
personnage incarné par Johnny Deep plombe une partie de l'intérêt du
récit. C'est par cette petite porte par laquelle le cinéaste voulait
sans doute intégrer un surplus d'anxiété que nous est livrée un peu trop
tôt la vérité sur le fond réel des événements. C'est donc sans réelle
surprise que l'on s'attend à voir débouler le ''surnaturel'' dans sa
vision concrète lors d'un final un peu absurde mais surtout, très
attendu. Si tant est que l'on soit en mesure de mettre de côté ce
suspens avorté faisant appel à un imaginaire selon lequel un individu
pourrait être investi par une entité extraterrestre (d'où le concept de Body Snatchers donc), Intrusion ménage
malgré tout un bon suspens et offre quelques séquences mémorables comme
la rencontre entre Jillian et Sherman à la sortie d'une station de
métro ou lorsque la jeune femme et son époux assistent à la projection
d'un vieux film sur le canapé, séquence permettant à Charlize Theron d'y
exprimer toute un catalogue d'émotions. Film finalement assez peu
considéré, le long-métrage a ce défaut majeur de manquer le coche de la
paranoïa qui su par exemple parfaitement se répercuter sur les publics
de Rosemary's Baby de Roman Polanski, de The Thing de John Carpenter ou de L'Invasion des profanateurs de Philip Kaufman. Intrusion n'en reste pas moins un pur produit de divertissement...
Salut. Alors j'ai la réponse pour le Deblocnot : il s'agit d'un article vieux de 10 ans sur le film "The Wicker Man" qu'ils avaient republiés par erreur. Tu avais dû y laisser un commentaire à l'époque. Conclusion : ni toi ni moi ne sommes atteints d'hallucinations ou d'amnésie ;-)
RépondreSupprimer