Run
de Aneesh Chaganty, 2020. Bon, le principal soucis avec ce genre de
longs-métrages provient du fait que d'en parler au delà du simple
engouement qu'il génère a de forte chances de provoquer une fuite
d'informations qui seraient préjudiciables au bon déroulement de la
projection. Ils se peut d'ailleurs que deux ou trois mots
''grillent'' ici le suspens et alors, peut-être vaudrait-il mieux ne
pas aller plus loin. Car l’œuvre de Annesh Chaganty, déjà auteur
en 2018 de l'excellent Searching : Portée
Disparue,
est de ces longs-métrages dont il vaut mieux éviter de discuter
avec ceux qui l'auraient déjà vu ainsi que de s'interdire de voir
la moindre bande-annonce ou le moindre teaser. Un mécanisme
''d'auto-défense'' qui se révèle essentiel si l'on veut découvrir
pas à pas, cette folle histoire qui rappellera aux plus anciens,
les doux et nostalgiques frissons qu'ils purent ressentir dans les
salles de cinéma au tout début des années quatre-vingt dix. Mais
là encore, silence. Un seul mot, et tout s'effondre. Et alors, ne
resterait plus qu'à refermer le dossier Run
jusqu'à une prochaine fois. Sachez seulement que le long-métrage se
déroule dix-sept ans après la naissance de Chloe Sherman
(qu'interprète la jeune Kiera Allen), bébé prématuré qui
conservera de nombreuses séquelles d'un accouchement difficile.
Fille de Diane Sherman (l'actrice Sarah Paulson, surtout connue chez
nous pour sa participation à la série American
Horror Story),
la fille et la mère vivent seule dans une grande et belle maison,
synonyme de bonheur si Chloé ne souffrait cependant pas de diabète,
d'asthme, d'hémochromatose (accumulation toxique de fer dans divers
organes résultant d'une absorption excessive par l'intestin) et
surtout d'une paralysie des membres inférieurs...
Le
long-métrage de Aneesh Chaganty démarre comme un classique drame
familial, avec une adolescente de dix-sept gravement malade et sa
''mère-courage'' sacrifiant son existence pour le bien de son
enfant. Rien ne laisse transparaître dans ces premiers instants la
tournure que vont prendre les événements. Après une ouverture
déchirante lors de laquelle le spectateur assiste à l'impuissance
des médecins devant la douleur d'une mère face à la fragilité et
la viabilité incertaine de son minuscule bébé, le drame laisse la
place à un récit déjà beaucoup plus angoissant. Voire même
sinistre. À dire vrai, Run
tire tout (ou du moins une grande partie de) son intérêt lors de la
première moitié. Soit les quarante-cinq premières minutes. Car si
la suite n'est pas mauvaise, elle entre dans un cadre déjà beaucoup
plus classique. Une fois le concept mis à jour, le long-métrage de
Aneesh Chaganty ne se contente pourtant pas d'énumérer tous les
poncifs que le genre égraine habituellement. Et même si certaines
évidences se font ressentir ensuite dans l'esprit du spectateur, le
confortant dans ses impressions puisque allant même jusqu'à prendre
forme à l'écran, son cœur continuera de battre pour cette jeune
fille clouée dans un fauteuil roulant. Si Kiera Allen est
parfaitement convaincante dans le rôle de Chloe, Sarah Paulson est
elle, carrément terrifiante. Run
est un excellent thriller...
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