Quel étrange film que
The Premonition
de Robert Allen Schnitzer. Une carrière très courte pour ce
réalisateur qui n'aura tourné en tout et pour tout que trois courts
et quatre longs-métrages en vingt-deux ans de carrière. Producteur,
scénariste et donc réalisateur de The
Premonition,
Robert Allen Schnitzer met en scène l'acteur Richard Lynch dans le
rôle d'un individu particulièrement inquiétant. Servi comme à son
habitude par un visage très marquant dû à une immolation voulue de
sa part en juin 1967 après qu'il ait pris des psychotropes, sa
carrière débutera l'année suivante avec le drame LSD :
Trip to Where ?
Richard Lynch apparaîtra dans de nombreux longs-métrages,
téléfilms et séries télévisées. Dans le cas de The
Premonition
il incarne un mime et clown dérangé qui sous l'impulsion de la
jeune Andrea (l'actrice Ellen Barber) va accepter de commettre
l'enlèvement d'une gamine âgée de seulement cinq ans prénommée
Janie. Le couple est visiblement atteint d'un lourd passif
psychiatrique. Janie (Danielle Brisebois ) est quant à elle élevée
par ses parents adoptifs Sheri (Sharon Farrell) et Miles Bennett
(Edward Michael Bell). Au même titre que les personnages incarnés
par Richard Lynch et Ellen Barber, ce sont bien ces deux parents qui
donnent un cachet très particulier au long-métrage de Robert Allen
Schnitzer. En effet, si The Premonition
semble à priori des plus classiques d'un point de vue du script que
le réalisateur a lui-même écrit aux côtés d'Anthony Mahon et
Louis Pastore, nombre d'éléments font du film une œuvre très
étrange. Voire même parfois dérangeante. Visuellement, l'image est
parfois déformée par une focale distordue typique de l'époque. Un
usage consistant à renforcer le sentiment de folie qui se dégage à
chaque irruption à l'image de Jude et d'Andrea. Plutôt que de se
contenter de mettre en scène le drame entourant l'enlèvement de
Janie et l'enquête policière menée par le lieutenant Mark Denver
(l'acteur Jeff Corey), Robert Allen Schnitzer intègre au scénario
des aspects scientifico-fantastiques assez étonnants. L'on découvre
notamment que la mère de la jeune fille est dotée de pouvoirs de
prémonition qui lui permettront de remonter certaines sources tandis
que son époux Miles travaille en tant qu'astrophysicien aux côtés
d'une para-psychologue du nom de Jeena Kingsly (l'actrice Chitra
Neogy) !
The Premonition n'a malheureusement jamais connu les honneurs d'une diffusion en salle
sur le territoire hexagonal à l'époque de sa sortie dans son pays
d'origine. Robert Allen Schnitzer s'amuse à mélanger les genres et
prend le risque de perdre son public. En effet, le récit étant
ponctué de séquences dont le contenu demeurera inexpliqué jusqu'à
ce que la révélation du don de Sheri soit enfin expliquée, il n'y
a guère que le comportement très inquiétant du couple formé par
Andrea et Jude pour maintenir un certain intérêt pour cette
histoire qui multiplie en outre les visions cauchemardesques. Ce qui
pouvait jusque là être décrit comme l'obsession d'une femme pour
celle qui venait de tenter d'enlever sa petite fille mue en un récit
fantastique dans lequel l'héroïne est capable de ressentir des
événements inexplicables. L'intérêt de The
Premonition repose
davantage sur son étrangeté que pour la capacité de son auteur à
rendre cohérentes les séquences qui s'enchaînent parfois dans un
certain désordre scénaristique. Ellen Barber incarne la partenaire
idéale d'un Richard Lynch qui comme à son habitude n'a pas à
fournir de gros efforts pour se montrer inquiétant... voire même
réellement flippant. On appréciera malgré tout l'interprétation
générale et notamment celle de ce dernier et de sa partenaire qui
au contact l'un de l'autre vont voir surgir un état de démence
relativement glaçant. Quant à Sharon Farrell, elle interprètes
une Sheri tout d'abord incomprise de manière convaincante. Mais
sinon, que dire de ces micro-séquences qui ne servent (ni ne
desservent d'ailleurs) jamais vraiment le propos ? Comme cette
sortie nocturne de l'époux en compagnie de sa collègue
para-psychologue qu'il cachera notamment au lieutenant Mark Denver ?
Un détail, certes, mais qui sert d'exemple lorsque l'on veut pointer
les faiblesses du scénario et de la mise en scène...
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