Après avoir fait un tour
dans les Hauts-de-France avec Prends ta bible et tire-toi
d'Alexis Wawerka, nous plions à nouveau bagages pour remonter encore
plus au Nord lors de ces étouffantes chaleurs afin de nous
rapprocher de la glaciale vision du suédois Antonio Tublén
originaire du Comté d'Östergötland. Là encore, il est question de
zombies. Ou plutôt d'infectés puisque tout comme dans le cas qui
nous a précédemment intéressé, les créatures auxquelles vont
devoir faire face notre couple constitué de Karen (Zoë Tapper) et
John (Ed Speleers) ne sortent pas de leur tombe mais sont atteintes
d'un mal dont les origines demeurent inconnues et dont les symptômes
ressemblent à ceux que l'on rencontre généralement dans ce genre
de productions. Ce qui différencie Zoo
de la plupart des films invoquant ces monstrueuses créatures du
bestiaire fantastique est son environnement. En effet, l'action ne se
situe ni dans un quartier, ni dans une rue, ni dans un immeuble mais
plus simplement dans un appartement. De quoi développer certaines
sensations, comme la claustrophobie et tout ce qu'engage le fait
d'être enfermé en permanence avec la même personne. Car comme le
spectateur le découvrira rapidement, entre ces deux là, le torchon
semble brûler depuis un certain temps. L'amour et la passion ont
laissé la place aux regrets et à l'aigreur. Durant les vingt-cinq
premières minutes, le réalisateur et scénariste suédois se penche
sur ce couple en phase terminale d'adoration, d'extase et
d'admiration. L'impossibilité pour Karen et John d'avoir un enfant
en est la principale cause. Nous apprendrons plus tard que la jeune
femme est apparemment tombée enceinte et même qu'un enfant est sans
doute né de leur union mais qu'il n'a pas survécu. De quoi dévaster
n'importe quel individu sain de corps et d'esprit. Contraint de
rester enfermés par les autorités au vu du danger qui rôde un peu
partout dans le pays, le jeune couple va non seulement devoir très
rapidement se préoccuper des éléments essentiels qui leur
permettront de survivre, comme de trouver de la nourriture (quitte à
aller piller dans les appartements abandonnés de l'immeuble) ou de
s'armer avec ce qu'ils ont à disposition...
Reconnaissons
que ces vingt-cinq premières minutes ne sont pas franchement
folichonnes même si elles permettent d'établir le caractère
délétère qui pèse sur Karen et son époux. En autant de temps,
Antonio Tublén concentre ce qui est désormais devenu le quotidien
du couple. Afin de réduire le temps de ces ''préliminaires'', le
réalisateur choisit d'employer des ellipses ainsi qu'un montage
relativement curieux. Si d'une manière générale ce comportement
peut sembler dysfonctionnel, on ne remerciera jamais assez l'auteur
de ne pas avoir fait davantage durer cette première partie, prémices
d'événements qui seront par la suite déjà beaucoup plus
encourageants... Notons tout d'abord que malgré le sujet, les
amateurs de zombies et d'infectés en seront pour leurs frais. En
effet, la matière première de leur fantasme s'affichera à l'écran
de manière relativement rare. Et c'est d'ailleurs tant mieux puisque
les créatures en question disposent de maquillages terriblement
sommaires et l’interaction entre notre couple et la poignée de
leur représentants fait franchement peine à voir. Mais si Antonio
Tublén a jusque là joué avec le feu, c'est pour mieux démontrer
que le plus grand danger ne doit pas être octroyé aux infectés
mais plutôt aux quelques intrus qui vont tour à tour s'inviter chez
Karen et John. Et c'est bien là que repose l'intérêt de Zoo.
L'absence d'effets gore constitutive à la pauvreté crasse des
affrontements entre le couple et les créatures est heureusement
contrecarrée par ceux qui vont opposer Karen et John et, notamment,
un curieux couple incarné par Antonia Campbell-Hughes (dans le rôle
d'Emily) et Jan Bijvoet (Leo). Si ces séquences parfois dignes de
trôner au panthéon de l'horreur psychologique n'atteignent pas le
degré d'effroi du cinéma produit par l'autrichien Michael Haneke
(qui se souvient du glaçant Funny Games?),
Antonio Tublén sait malgré tout s'y prendre lorsqu'il s'agit de
créer une tension entre nos héros et leurs antagonistes. Avec en
toile de fond, l'idée du couple qui dans l'adversité se reforme
malgré un conclusion nihiliste. Au final, Zoo
est une œuvre originale, qui sort des sentiers battus bien qu'elle
s'inscrive dans un contexte mille fois rebattu. Une expérience
intéressante à défaut d'être passionnante...
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