Le
concept de la boucle temporelle est dernièrement si répétitive sur
petit ou grand écran qu'il faut avoir un sacré sens de
l'imagination pour pouvoir prétendre se démarquer de la concurrence
et proposer du neuf avec du vieux. Adapté d'un manga éponyme en
dix-sept volumes conçu par Welzard, Re/Member
(Karada
Sagashi)
est l'une des dernières ''sorties'' de la plateforme Netflix.
Et soit le réalisateur Eiichirô Hasumi est doté d'un solide sens
de l'humour noir, soit il est atteint du syndrome de Peter Pan
l'empêchant d'évaluer la vacuité du produit achevé ! En
effet, rarement le cinéma asiatique en général et le Japon en
particulier n'auront osé proposer un tel produit finit, pesé,
emballé et distribué à l'échelle mondiale. Dire que Re/Member
possède tous les attributs du mauvais film et donc de la mauvaise
adaptation est un euphémisme. À moins que son auteur n'ait pensé
que n'ayant aucune chance de signer LE film d'horreur et de
science-fiction de l'année, il allait tout entreprendre pour
réaliser LA purge de la décennie et ainsi faire parler de lui.
J'exagère sans doute un peu, un tout petit peu, car des engeances,
le cinéma en contient chaque années des dizaines, voire des
centaines pires encore que le long-métrage de Eiichirô Hasumi. Mais
s'agissant d'une thématique qui se veut aussi précise dans sa
construction et sa logique que les boucles temporelles, Re/Member
est la parfaite antithèse des chefs-d’œuvre du genre que sont
notamment Un jour sans fin
de Harold Ramis ou Prédestination
de Michael et Peter Spierig...
N'y
allons pas par quatre chemins : le long-métrage du réalisateur
ne vise absolument pas les spectateurs intellectuellement mûrs. Ce
serait peine perdue tant Re/Member apparaît
d'une naïveté qu'on ne rencontre chez nous que dans les Sitcom
estampillées AB
Productions.
Il n'y a dans cette... ''chose imberbe et juvénile'', rien à boire
ou à manger. Rien que des produits de basse qualité qui vous
donneront la gerbe ou le sentiment d'être au pays des Bisousnours.
Ouais, les amis. Prévoyez de suivre les aventures de cette bande de
collégiens armé d'une bassine car des hauts le cœur, vous allez en
avoir tout au long de cet indigent récit qui court sur plus de cent
minutes. Pourtant, Eiichirô Hasumi n'en est pas à son premier coup
d'essai puisqu'il a débuté sa carrière voilà douze ans et qu'il a
depuis enchaîné les longs-métrages, les téléfilms ou les
épisodes de séries télévisées. Et puisque l'on parlait quelques
lignes en arrière d'émétophilie, sachez que les reflux gastriques
dont vous ressentirez très vite les premiers symptômes seront les
conséquences non pas des effets gore à proprement parler mais de
leur exécution. Car si de manière générale Re/Member
est
un océan de paresse dans lequel le spectateur se noiera d'ennui et
s'il est un univers de puérilité dans lequel chacun se perdra au
point de vouloir téter à nouveau le sein maternel, le long-métrage
se révélera surtout esthétiquement redoutable : Eiichirô
Hasumi signe une œuvre visuellement absconse...
Image
léchée de Drama
japonais,
beaux gosses et jeunes filles en uniforme d'écolière (lesquelles
pourront éventuellement augmenter le taux de testostérones des
spectateurs de sexe masculin, ce qui sera déjà ça de gagné),
décors parfaitement insignifiants mais aussi et surtout,
effets-spéciaux gore en CGI
du plus A-BO-MI-NA-BLE effet. Au point qu'il est préférable de
préciser qu'une exposition prolongée a de grandes chances
d'engendrer une cécité temporaire, voire définitive chez le
spectateur. Concernant le synopsis, le récit tourne autour d'une
poignée de collégiens coincés dans une boucle temporelle qui pour
en sortir doivent réunir les divers bouts de cadavres d'une sorte de
momie/zombie afin de la reconstituer et ainsi échapper à la
malédiction de ''Rouge-Sang''
(c'est son nom). Ils ont jusqu'à minuit, à défaut de quoi, ils
revivront indéfiniment la même journée. Et vu le niveau
intellectuel de l'écriture ne dépassant pas celui des classes de
CE2
ou de CM1,
imaginer ces pauvre adolescents condamnés à revivre sans cesse
d'aussi insipides aventures semble plus horrible encore que la
malédiction elle-même ! C'est niais, neu-neu, cul-cul la
praline, trop poli, sans la moindre prise de risque au niveau social
(la marginale du groupe ne le restera pas longtemps et tout le monde
il est beau, tout le monde il est gentil), bref, sous ses allures de
science-fiction gore, Re/Member est
un produit bien trop infantilisant et aseptisé pour avoir un
quelconque intérêt. À réserver aux 8/10 ans...
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