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mercredi 1 mars 2023

La nuée de Just Philippot (2021) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

La nuée de Just Philippot, c'est un peu comme une erreur de prévision météorologique. On nous annonce des pluies torrentielles et au final, on a droit à une simple ondée... Alors que le réalisateur français semble être en plein tournage de son second long-métrage Acide (version rallongée de son court éponyme sorti voilà cinq ans), La nuée s'impose comme une relecture pseudo-horrifique de thématiques particulièrement en vogue ces dernières années. Petit paysan de Hubert Charuel en 2017, Au nom de la terre d'Edouard Bergeon en 2019, La Terre des hommes de Naël Marandin en 2021, quelques exemples parmi tant d'autres et dont le film de Just Philippot semble en théorie s'imposer comme le porte-drapeau d'une forme jusqu’au-boutiste. Il y a tout d'abord derrière cette histoire d'exploitation familiale proche de la faillite, un message clair visant l'emploi d'organismes génétiquement modifiés. Mais comment faire lorsque la concurrence est rude, que l'on se lance dans un projet hors-norme ou que les acheteurs potentiels s'avèrent d'indélicats négociateurs ? Compter sur l'aide de Dieu ou sur un heureux hasard ? Les chances de rencontrer ce bonhomme doté d'une longue barbe blanche étant quasiment nulles, mieux vaut compter sur des circonstances quelque peu troubles. Comme celle qui va heurter de plein fouet Virginie et ses deux enfants Laura et Gaston. Reposant sur un scénario écrit à quatre mains par Jérôme Genevray et Franck Victor, La nuée propose un sujet sinon avant-gardiste, du moins dans l'air du temps. Là où comme l'évoque l'héroïne, l'élevage et la consommation des insectes aura un jour pour but de pallier à d'éventuelles famines. Un sujet qui en préoccupe certains, en laisse d'autres perplexes, tout en répugnant les derniers...


Bizarrement, et si les deux sujets n'ont pas vraiment d'accointances, il m'est venue la drôle d'idée que le film de Just Philippot allait s'inscrire dans un même registre que celui de Grave de Julia Ducournau. Et quelque part, au fond, oui, l'un et l'autre font partie tous les deux d'une même génération de films de genre français très contemporains. Doté d'une séduisante photographie, ce que l'on retiendra avant toute chose de La nuée, c'est l'impeccable incarnation de l'actrice Suliane Brahim dans le rôle de la mère Virginie. Femme seule à élever ses deux enfants, elle doit gérer une crise concernant son exploitation d'entomoculture (la jeune femme élève en effet des criquets qu'elle ''transforme'' ensuite en farine animale). Les potentiels acheteurs proposent de lui racheter le fruit de ses efforts à bas prix. Ce qui à moyen terme ne lui permettra pas de faire vivre sa petite famille. Un jour, totalement désemparée et en pleine crise d'hystérie, Virginie saccage la serre qui enferme son précieux ''trésor'' et se blesse profondément au bras. Perdant connaissance, elle se réveille quelques heures plus tard et constate que les criquets se nourrissent du sang qui s'épanche de sa blessure. Ceux-ci semblent prendre de la vigueur, grossissent et se multiplient de manière inespérée. C'est alors qu'une idée germe dans l'esprit de Virginie : nourrir les criquets avec du sang... qui demeurera malheureusement animal jusqu'à son terme. Ô, la jeune femme tente bien de sacrifier un peu de sa personne mais La nuée reste tout de même très présentable et se montre disposé à être regardé par des parents accompagnés de leurs petits chérubins. Le long-métrage de Just Philippot ne heurtera pas grand monde. Au pire, il indisposera l'estomac de ceux que l'idée de manger des insectes dérange.


Ce qui manque essentiellement au long-métrage du réalisateur français, c'est davantage de vigueur et d'entreprise. La nuée s'impose comme un drame social relativement lent, sans réelle prise de risques et non pas comme le film d'horreur qu'il promettrait d'être. Trop timide et ne s'astreignant à aucune vision frontalement horrifique, les quelques bêtes qui serviront de nourriture aux criquets ne remplaceront malheureusement jamais l'idée de nourrir ces créatures à l'aide de spécimens humains ! Tuer des animaux pour en nourrir d'autres et transformer ces derniers pour en alimenter une troisième catégorie ne fait pas de La nuée l'authentique film d'épouvante que l'on était en droit d'espérer. Nous retiendrons donc en priorité l'interprétation de Suliane Brahim, de Marie Narbonne, de Raphael Romand ou encore de Sofian Khammes (dans le rôle de Karim), ainsi qu'un sujet (pas tout à fait) inédit qui ouvre quelques portes et laisse entrevoir des conséquences ''catastrophiques'' à l'échelle de toute une planète...

 

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