Souvenons-nous... C'était un mardi 11 septembre 2001. Ce jour là,
les réseaux hertziens du monde entier diffusaient en direct le plus
grand ''blockbuster'' de l'histoire du terrorisme. Ce qui
apparaissait comme une extraordinaire fiction lorsque l'on prenait
l'événement en cours de route et comme la plus effroyable des
tragédies une fois ingérées suffisamment d'informations à son
sujet , servi ensuite de base à nombre d'ouvrages littéraires, de
documentaires et de reportages, de fictions, d'innombrables
témoignages, d'émissions télévisées, de débats et de théories
plus ou moins complotistes... Si nombre de cinéastes se sont emparés
de cet acte tragique dans l'histoire de l'humanité afin de théoriser
sur le phénomène ou plus simplement de faire du profit, plus
nombreux sont sans doute celles et ceux qui à travers leurs propres
écrits et critiques formulèrent l'idée que tel ou tel scénario ou
telle œuvre cinématographique reposait effectivement sur cet
événement profondément traumatisant ayant fait plusieurs milliers
de victimes. Si l'on a beau écarquiller les yeux et demeurer
attentif devant l'un de ces longs-métrages en question, il est
parfois difficile d'y voir un quelconque rapport. Ce qui n'est
absolument pas le cas de Phénomènes (The
Happening) du réalisateur américain M. Night Shyamalan dont
la plupart des séquences et la majeure partie du propos renvoient
directement à ce que vécu d'une part le peuple américain et
d'autre part le reste du monde sept ans auparavant. Sans prendre la
moindre pincette, M. Night Shyamalan influe directement sur le cortex
des spectateurs en évoquant sans ambages la possibilité d'une
attaque terroriste bactériologique. En effet, comment expliquer
cette vague de suicides contaminant la côté Est des États-Unis
d'Amérique autrement qu'à travers la théorie la plus réaliste ?
De ce point de vue là, Phénomènes s'avère
plutôt convainquant. Pourtant, en terme d'ampleur visuelle, le film
se montre relativement timide en se concentrant notamment sur ses
principaux protagonistes. Car l'attitude généralement constatée
dans ce genre de situation (pillages des magasins, agressions,
meurtres, etc...) n'intéresse visiblement pas le réalisateur qui
fait alors prendre à son œuvre une toute autre tournure que celle
décrite lors de la première partie...
Abandonnant
l'idée du ''simple'' acte de terrorisme, voilà que le bonhomme se
penche sur une théorie qui apparaîtra sans doute encore plus
complotiste. La profession de scientifique étant particulièrement
mise en avant dans ce genre de production et généralement enviée
puisque c'est elle-même qui souvent permet à l'humanité de se
sortir des situations les plus délicates (contrairement à l'armée),
Mark Wahlberg interprète Elliot Moore, un professeur de sciences
dans une université autour duquel va reposer l'intrigue. On attend
donc de ce personnage en ''léger'' conflit avec son épouse Alma
(Zooey Deschanel) l'emploi de connaissances capables de résoudre peu
ou prou l'énigme de cette vague de suicides qui touche le territoire
américain. Problème : M. Night Shyamalan s'intéresse si peu
au développement de ses protagonistes que le héros aurait tout
aussi bien pu être éboueur que sa participation au récit n'aurait
pas apporté davantage de solutions au problème ! Survolant
tout ou presque avec un luxe de dédain, qu'il s'agisse de
l'implication professionnelle d'Elliot Moore, de ses problèmes de
couple ou de l'exode forcée de ses concitoyens, Phénomènes
pose un certain nombre de questions sans jamais vraiment chercher à
y répondre. Cherchant plutôt à étendre son œuvre en ergotant sur
l'éventuelle ''révolte'' de la nature à travers une flore
communiquant entre ses divers représentants (arbres, herbes, champs,
tout y passe) et dispersant dans les airs et grâce au vent une
toxine mortelle pour l'homme, le film est un long et périlleux
périple vers des contrées plus saines qu'ailleurs. Si l'on y croise
de rares représentants de l'espèce humaines reclus et malveillants,
le film repose d'abord et avant tout sur la peur d'un événement
incontrôlé et... incontrôlable. Œuvre de science-fiction,
avant-goût de fin du monde, message pro-écologiste, Phénomènes
n'a semble-t-il pas convaincu grand monde mais reste tout de même
une honnête fable environnementale que l'on rangera, pour une œuvre
signée de M. Night Shyamalan, au rayon des semi-déceptions...
Voila qui nous ramène à nos "années Sarkozy"... :-) Une époque où j'allais souvent au cinéma (actuellement, je n'y vais plus...) car sans emploi et encore un peu intéressé. Je sais avoir vu ce film mais plus aucun souvenir, ce qui n'est pas bon signe pour lui... :-)
RépondreSupprimer