Tout pétri d'indigence
qu'il puisse être bien que son auteur ait choisi de professer des
valeurs morales tout à fait respectables, le dernier long-métrage
du réalisateur allemand Andy Fetscher Old People peut
être facilement comparé à l’œuvre crépusculaire de l'un des
cinéastes italiens spécialisés dans l'horreur parmi les plus
célèbres. En effet, derrière ce message prônant le respect de nos
anciens sous un angle tout à fait singulier, de son univers se
dégage une atmosphère ''fulcienne''
qui à défaut d'être l'égale d'un Frayeurs
ou d'un L'au-delà
a au moins ce mérite de piéger dans ses filets les amateurs de
cinéma d'épouvante. Une gageure que la mise en scène et le
scénario de l'allemand auront cependant bien du mal à maintenir de
la première à la dernière seconde tant le film s'avère sous
certains aspects, relativement pénible à suivre. Mal définit, le
caractère des divers protagonistes est entaché par le peu d'intérêt
que lui accorde Andy Fetscher. J'en veux pour preuve le détachement
avec lequel le réalisateur traite la cérémonie de mariage de deux
de ses personnages tout en reprenant l'éternel cliché du couple
séparé et de la mère s'occupant seule de sa progéniture. Autre
aspect préoccupant : cette ouverture retirant par avance au
spectateur toute latitude de se faire sa propre réflexion sur ce qui
pourrait se produire par la suite. Un meurtre commis par un vieil
homme sur le corps d'une jeune femme et voilà qu'Andy Fetscher nous
embarque pour un récit dont on devine alors les tenants et les
aboutissants. Un principe qui veut que l'on attire le chaland dès le
départ en lui remettant entre les mains une partie des clés de
l'intrigue. Fatiguant, éreintant et inutile si l'on est un tant soit
peu du genre à ne pas fuir une œuvre au bout de cinq ou dix minutes
d'inactivité de la part des personnages !
Si
Old People
entretient un véritable climat d'angoisse grâce à quelques
''clichés'' filmant ses ''vieux'' sous des angles audacieux (d'où
l'importance parfois des éclairages), l'opportunité de nous offrir
un vrai ''film de peur'' semble avoir été inconsciemment produit
par une mise en scène et un montage aux aspects parfois
labyrinthiques. L'on a effectivement couramment l'impression que dans
la salle de montage, les ''bobines'' se sont emmêlées pour produire
au final une œuvre aussi énigmatique dans son déroulement que les
merveilles d'un Lucio Fulci encore en vie qui aurait posé ses
valises pour un temps au pays de Goethe. Quitte à faire des
comparaison, pourquoi se gêner et ne pas aller plus loin encore en
faisant le parallèle entre le long-métrage d'Andy Fetscher et le
chef-d’œuvre de George Romero datant de 1968 ? Old
People
ne serait-il pas effectivement une sorte de Nuit
des morts-vivants se
muant en une Nuit des vieux-rampants ?
Et même, l'ombre de l'excellent Alone in the
Dark
que le réalisateur américain Jack Sholder réalisa en 1982 semble
planer au dessus de cette bourgade où vont pâtir de la vengeance de
grabataires aux performances physiques étonnantes, quelques
personnages trop peu caractérisés pour inquiéter le spectateur du
sort éventuel que leur réserverait les pensionnaires d'une maison
de retraite !
Sorti
de ces rapprochements partagés ou non par la majorité des
spectateurs, le long-métrage d'Andy Fetscher souffre en outre d'une
durée excessive si l'on tient compte du fait que le propos n'en
méritait pas tant. D'où cet agaçant remplissage constitué de
sous-intrigues plus creuses que profondes et tellement véhiculées
par le passé qu'elles paraissent désormais superficielles. Reste
malgré tout quelques masques figés dans la mort et des visages
parcheminés qui ne rassureront pas les gérontophobes. Avant de
refermer le livre de ce récit ponctué de quelques clichés
objectivement saisissant (sachons demeurer honnête), reste une
question : Quelle valeur doit-on donner à cette invasion ?
Pour quelles raisons profondes nos vieux ne se contentent plus de
rester le cul sur une chaise à regarder la télé dans la salle
commune de leur maison de retraite ou allongés dans leur lit à
ressasser le passé ? Peut-être la réponse se trouve-t-elle au
cœur de la partition musicale des compositeurs Christopher Bremus et
Steven Schwalbe lorsque celle-ci empiète dans des territoires
évoquant la sorcellerie ou la possession démoniaque. Avec ses faux
airs de George Eastman vieillissant période Antropophagus,
l'acteur Paul Faßnacht campe un Aike relativement sinistre. Au
final, Old People
réussi à happer le spectateur grâce à son ambiance parfois
délétère, méphitique et mortifère, à quelques tableaux et
portraits horrifiques saisissants, mais déjà moins pour son
scénario des plus convenu... À défaut d'autre chose, le film
d'Andy Fetscher comblera une partie de votre soirée si vous n'êtes
pas trop exigeant...
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