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mercredi 29 juin 2022

Panique à Needle Park de Jerry Schatzberg (1971) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

The Panic in Needle Park est le second long-métrage du réalisateur Jerry Schatzberg, de l'actrice Kitty Winn et du célèbre Al Pacino. Tous les trois n'ont cependant pas débuté leur carrière ensemble et la poursuivront chacun de leur côté. Le premier réalisera une quinzaine de longs-métrages, de téléfilms et de documentaires tandis que Kitty Winn devra sa notoriété grâce à son interprétation du personnage de Sharon dans le chef-d’œuvre de William Friedkin L'exorciste en 1973. Quant à Al Pacino, inutile de le présenter puisque douze ans après avoir incarné le rôle principal de l'héroïnomane Bobby dans le film de Jerry Schatzberg, on le retrouvera notamment en baron de la drogue dans l'extraordinaire Scarface de Brian De Palma en 1983. Un film parmi tant d'autres qui façonnèrent le profil de cet immense américain. Pour l'une de leurs toutes premières apparitions sur grand écran, Kitty Winn et lui incarnent un couple amoureux, qui se sont rencontrés alors qu'elle logeait chez un ami. Ce jour là, Bobby vient livrer de la drogue à son ami Marco (Raul Julia) tandis que Helen sombre dans le sommeil après s'être faite avorter. Pour Bobby, c'est le coup de foudre et il ne lâchera plus la jeune femme qui acceptera dès lors de l'accompagner partout ou les pas de ce vantard, voleur, dealer et consommateur d’héroïne les mèneront... The Panic in Needle Park est une œuvre coup de poing que l'on rangera d'emblée dans la même catégorie que le chef-d’œuvre de Darren Aronofsky, Requiem for a Dream. À la seule différence que le long-métrage de Jerry Schatzberg n'utilise aucun artifice propre au cinéma et qu'il filme ses deux héros avec un luxe de réalisme. Ici, et malgré certaines apparences, rien ne transpire le bonheur. Et même si la fraternité que partagent entre eux les toxicomanes, les jeux de rue ou la bonne humeur et la verve permanentes de Bobby laissent penser le contraire, l'histoire d'amour que vont partager le jeune homme et sa nouvelle petite amie va se faire dans la douleur. Derrière l'énigmatique titre du film se cache une terrible réalité. Celle du quartier de Sherman Square, un parc coincé entre Amsterdam Avenue à Broadway et la West 70th Street située dans l'Upper West Side qui dans les années soixante et soixante-dix fut surnommé le Needle park en raison de l'important trafic de drogue qui y fut en activité. Mais le titre du long-métrage cache une autre réalité puisque la ''Panique'' en question relate l'état de manque des toxicomanes qui surviendra à la suite d'une importante saisie de drogue de la part des autorités, coupant ainsi les ''vivres'' aux consommateurs...


The Panic in Needle Park, c'est donc une œuvre belle et troublante entre deux individus qui s'aiment mais se détruisent respectivement. Lorsque leurs aventures commencent, lui est déjà accroc (même s'il affirme l'inverse) alors qu'elle ne semble avoir jamais rien consommé de plus grave que de l'herbe. Jusqu'au jour où alors que Bobby plane littéralement, Helen décide de goûter à l'héroïne sans le consentement de son petit ami. C'est alors le début de la descente aux enfers. Bien qu'il ne s'aperçoive de rien dans un premier temps, Bobby remarque ensuite que quelque chose ne va pas dans l'attitude de Helen avant de comprendre qu'elle est devenue dépendante des mêmes drogues que lui. La jeune femme est contrainte de trouver un boulot si elle veut pouvoir se payer sa dose mais elle ne tient pas longtemps face à la pression des clients d'un bistrot qui l'emploie comme serveuse. Filmé sur le ton du documentaire, l'approche réaliste du film de Jerry Schatzberg ne nous épargne rien du quotidien de ces deux âmes en peine auxquelles seul l'amour ne parvient cependant pas à décider de sortir de la drogue. Le réalisateur filme un New York crasseux, aux ruelles et aux avenues encombrées de détritus. Un soin tout particulier à été consacré à l'environnement sonore. Pleurs ininterrompus d'un bébé laissé à l'abandon tandis que sa mère et une poignée d'amis se défoncent dans un appartement, sirènes de police et d'ambulances hurlant dans le lointain, la vie grouillante de New York s'y exprime de jour comme de nuit, une faune en remplaçant une autre avec toujours en point de mire, sa horde de laissés pour compte et de toxicomanes. Le réalisme est poussé à de telles extrémités que certaines séquences de shoot ne se contentent pas d'être simplement évoquées mais filmées jusqu'au point de voir les aiguilles s'enfoncer en gros plan dans les veines et le sang remonter jusqu'aux seringues avant que la drogue ne soit injectée dans l'organisme du consommateur. Des séances particulièrement douloureuses et inconfortables qui rappellent dans une certaine mesure les incroyables scènes de défonce de la crackoïnomane Zoë (Zoë Lund) dans le chef-d’œuvre d'Abel Ferrara, Bad Lieutenant une vingtaine d'années plus tard...


Prostitution, passage en prison, trahison, collaboration avec la brigade des stupéfiants, le récit finit par concrétiser ce que quelques temps auparavant l'un des personnages secondaires prophétisait : en gros, que le besoin de drogue est tel que l'on abandonne tout ses principes pour s'en procurer. La passion se délite et le caractère de Bobby et Helen se mue en d'interminables confrontations. Malgré la noirceur du propos, Al Pacino et Kitty Winn illuminent le récit de leur présence et de leurs incarnations respectives. Si The Panic in Needle Park est à l'époque mis en chantier, ou du moins si Jerry Schatzberg accepte de le réaliser après avoir refusé le script qu'il considérait comme beaucoup trop sombre et violent, c'est moins grâce à l'insistance d'Al Pacino que de sa simple adhésion au rôle de Bobby. Le film gagne en intensité et dans son approche réaliste qui fait fi de l'habituelle implication d'un compositeur pour la partie musicale puisqu'ici, l'ambiance sonore n'est faite que des bruits de fonds qu'offre la ville de New York. La cité est d'ailleurs à elle seule, un personnage à part entière. Le film décrit très justement l'emprise des drogues dures sur la personnalité de ceux qui les consomment. Une séquence emblématique décrit d'ailleurs très justement cette relation qu'entretient notamment Bobby avec cette morphine acétylée. Alors qu'Helen l'invite à faire l'amour pour la première fois, le jeune toxico repousse l'invitation tant les effets de la drogue suffisent à son plaisir. Si Al Pacino (pourtant formidablement habité) et Kitty Winn méritaient tout deux de remporter chacun de leur côté les prix d'interprétation masculine et féminine au festival de Cannes de l'année 1971, l'actrice sera finalement la seule remporter le prix de la catégorie puisque celui du prix d'interprétation masculine sera accordé à l'acteur italien Riccardo Cucciolla pour Sacco et Vanzetti de Giuliano Montaldo. Notons que The Panic in Needle Park ne repose pas uniquement sur les épaule de son principal duo d'interprètes mais que les seconds rôles valent tout autant le déplacement. Une crédibilité de tous les instants qui laissent souvent envisager l'emploi d'authentiques toxicomanes... Inoubliable...

 

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