Agnés
est serveuse dans un bar et vit dans un vieil hôtel miteux. Lorsque
la nuit vient, elle doit faire face à ses mauvais démons. Elle
craint le retour de son ex-mari Jerry Goss qui après avoir purgé
une peine de prison vient d'être libéré sur parole et risque donc
de bientôt refaire surface. Agnés doit aussi vivre avec le souvenir
du fils qu'ils ont eu ensemble et qui a disparu dix ans plus tôt
dans une grande surface. Lorsque sa meilleure amie R.C lui présente
Peter, un homme étrange mais auquel elle va très vite s'attacher,
elle est loin de se douter de l'effroyable aventure qu' ils vont
bientôt vivre ensemble.Peter
est un homme simple, effacé, fragile qui semble voir ce que les
autres ignorent. Il s'installe peu à peu dans la vie d'Agnés qui
attend toujours avec autant de crainte le retour de Jerry. Ce dernier
d'ailleurs ne se fait pas longtemps attendre et débarque le
lendemain même de la rencontre entre Agnés et Peter. Toujours aussi
violent, Jerry s'impose et décide de revenir plus tard lorsqu'il
aura réglé une affaire urgente. C'est durant cette période de
répit qu'Agnés et Peter vont se découvrir. On apprends la tragédie
qui mine l'existence d'Agnés depuis dix ans et la fuite de Peter qui
affirme être recherché par l'Armée depuis qu'il l'a désertée. En
effet, il affirme à sa nouvelle amie qu'il a servi de cobaye pour
des expériences scientifiques.
Une nuit, alors que le couple vient de faire
l'amour, Peter est piqué par un insecte. Ce détail va être le
début d'une lente descente aux enfers. Alors qu'il est devenu pour
Agnés un ami devenu indispensable, Peter commence à délirer. Il se
croit porteur d'un insecte qui se nourrit de son sang. La chambre est
peu à peu investie par une multitude de parasites que Peter est tout
d'abord le seul à voir. Agnés, qui dans sa peur de se retrouver
seule se raccroche à Peter, finit elle aussi par voir son univers
envahi par une horde d'insectes. La chambre se transforme peu à peu
pour devenir un lieu aseptisé. Bombes insecticides et pièges à
moustiques encombrent rapidement l'univers du couple qui finit par se
sentir traqué. La meilleure amie d'Agnés devient une ennemie à
fuir après que cette dernière ait parlé au médecin de Peter lancé
à sa recherche. D'après lui, Jerry est responsable de l'enlèvement
de leur propre enfant. Et tout cela dans un but précis fomenté par
l'Armée. Le couple s'enferme alors dans la chambre sans plus jamais
en sortir. Il se coupe du monde, mais ce qui ressemble à une
machiavélique machination organisée par l'Armée est peut-être
tout autre...
William Friedkin est l'immense cinéaste que l'on
connaît à travers des œuvres aussi diverses que L'Exorciste,
French Connection ou encore The Sorcerer.
La découverte il y a quelques années de Cruising avec
un Al Pacino fantastique plongeant dans l'univers gay et lancé à la
recherche d'un serial killer ne s'attaquant qu'au milieu homosexuel
fut une expérience incroyable. Sordide et poisseux ce film pourtant
interprété par un acteur grand public révélait à lui seul
l'univers si particulier du cinéaste. William Friedkin n'a jamais
été du genre à se reposer sur ses lauriers, toujours capable de
prendre des risques en matière de choix cinématographiques que peu
oseraient prendre. Bug est une expérience du même
acabit. Un grand film de la malade demeurant indéniablement un cran
au dessus de ce que le cinéma américain a majoritairement
l'habitude de nous proposer.
Se penchant sur le délicat sujet de la
schizophrénie le film trompe son monde durant une bonne partie de
l'aventure. Alors que Peter est semble-t-il la victime d'une
effroyable machination orchestrée par l'armée on comprends plus
loin que la vérité est ailleurs. Agnés quand à elle tombe dans le
piège du faux-semblant que Peter lui tend innocemment. A mesure que
le couple s'enfonce dans la dépression et la paranoïa, leur univers
devient aseptisé et clos et finit par ressembler à un lieu dont les
frontière demeurent infranchissables pour d'autres individus
qu'eux-mêmes. Friedkin filme Ashley Judd et Michael Shannon de
manière pudique et déviante à la fois. La scène qui reflète le
mieux cette antinomie est sans doute celle où ils font l'amour. A
part David Lynch avec Lost Highway, Friedkin est sans
doute celui qui a su le mieux rendre l'accouplement entre un homme et
une femme aussi troublant. Bug mêle tour à tour le
sensuel à la violence, les plans soft à la rage d'une conclusion
pessimiste, l'humilité à l'inhumain ainsi que toute une palette de
sentiments qui renouvellent à une vitesse folle le sujet qui est ici
traité. On pense se retrouver face à un drame existentiel avant de
tomber en plein faux complot pour aller titiller un temps la
science-fiction à travers un décor final étouffant pour plonger
définitivement dans l'horreur. Un excellent film, des acteurs
solides et une mise en scène efficace.
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