On a beau se moquer
gentiment de Christophe(r) Lambert, mais tout comme Jean-Claude Van
Damme, pour ne citer que ce seul exemple, cet acteur franco-américain
a tout de même su ponctuer sa carrière de quelques longs-métrages
''remarquables''. Quel que soit le sens que l'on donnera à ce mot
dont la signification possède diverses interprétations,
reconnaissons que dans les années quatre-vingt et même, la décennie
suivante, il nous offrit quelques sympathiques incarnations. Fred,
dans Subway
de Luc Besson en 1985. Connor MacLeod dans Highlander
de Russell Mulcahy en 1990. Peter Sanderson dans
Face à face
de Carl Schenkel en 1992. John Henry Brennick dans Fortress
de Stuart Gordon en 1993. Ou encore Jack dans The
Road Killers
de Deran Sarafian. L'on eut même droit au tout début des années
2000 à un sous-Seven
plutôt agréable avec Resurrection,
une nouvelle fois réalisé par Russell Mulcahy. Mais avant tout
cela, et bien d'autres pépites flirtant parfois dangereusement avec
le Z, Christophe Lambert enchaîna quelques seconds rôles avant de
tenir la vedette de Greystoke, la légende de
Tarzan,
ce grand film d'aventures signé du réalisateur britannique Hugh
Hudson et adapté du roman de l'écrivain américain Edgar Rice
Burroughs paru pour la toute première fois en 1912 dans le magazine
All-Story
Magazine.
Greystoke, la légende de Tarzan,
c'est tout d'abord une anecdote personnelle dont je ne suis pas peu
fier puisque je me souviens encore qu'à l'époque de sa sortie sur
grand écran, je m'étais rué dans l'une des deux salles du cinéma
Cosmos
de
Chelles, en Seine et Marne. C'était il y a trente-huit ans et
l'expérience fut si enthousiasmante que je devais y retourner une
seconde fois, dès le lendemain. Mon père, avec sa manière si
particulière de montrer son amour pour son fils en ce temps là me
rétorqua que si j'y avais été deux fois, c'est parce que je
n'avais pas compris le film lors de la première projection. Tout
l'humour typique de ce grand monsieur originaire du Nord Pas de
Calais, ce département issu de cette région administrative du nord
de notre pays pompeusement connu sous le nom de Hauts-de-France
depuis 2014... (Papa, je t'aime)...
Difficile
de demeurer objectif devant un film qui trente-huit ans plus tard
reste étrangement l'une de mes meilleures expériences
cinématographiques vécues dans les salles obscures. Et pourtant,
aujourd'hui, en 2022, le film de Hugh Hudson, dont le Québec
respecta religieusement le titre original en le traduisant sous celui
de Greystoke, la légende de Tarzan, seigneur des
singe
paraît déjà beaucoup moins fort qu'à l'époque de sa sortie en
1984. D'une durée sensiblement vertigineuse de cent-trente minutes,
le film n'en était déjà pas moins charcuté puisqu'à l'origine
pensé comme une œuvre s'étendant bien au delà de ses deux heures
et trente minutes puisqu'il en alignait pas moins de trois. Oui,
trois heures dont on pouvait espérer que la demi-heure
supplémentaire aurait pu pallier à certains manques ignorés sous
forme d’ellipses. On pense notamment au naufrage du navire qui
transporte à l'origine Alice et Jack Clayton, futurs parents de
John/Tarzan, ou de certaines autres séquences dans la jungle qui
auraient sans doute mérité d'être rallongées. Car le principal
soucis dont souffre Greystoke, la légende de
Tarzan
se situe sans doute dans la légèreté de la mise en scène de
certaines situations. Comme l'affrontement entre Tarzan et l'un des
singes de sa tribu qui se résume ici à quelques.... singeries et un
combat sous l'eau se déroulant en l'espace d'une toute petite
poignée de secondes. Décomposé en deux parties, entre l'Afrique
équatoriale et l'impressionnante demeure des Clayton, le spectateur
aura surtout retenu les splendides séquences tournées dans la
jungle du parc national Korup dans la partie ouest du Cameroun. Dans
des conditions qui s'avéreront forcément difficiles, le film
offrira cependant des images d'une beauté exotique renversante parmi
lesquelles, les magnifiques chutes d’Ekom-Nkam....
Au
côtés de Christophe Lambert qui débutait là véritablement sa
carrière internationale, l'actrice originaire de la Caroline du sud
Andie MacDowell apparaissait dans son tout premier rôle. Celui de
Jane Porter, célèbre future épouse de l'homme-singe rencontrée
lors du retour du héros dans la patrie d'origine de ses parents,
l'Angleterre aristocratique. Nous retrouvons également l'excellent
Ian Holm qui cinq ans après avoir notamment interprété
l'inquiétant androïde Ash dans le chef-d’œuvre de
science-fiction horrifique de Ridley Scott Alien,
le huitième passager
endossait le rôle de l'explorateur britannique, le capitaine
Phillippe D'Arnot. Greystoke, la légende de
Tarzan offre
un joli contraste entre la jungle et l'Angleterre victorienne. Entre
la sauvagerie de la première et le clinquant de la seconde. Un beau
film d'aventures, parfois émouvant, dans lequel Christophe Lambert
offre l'une de ses meilleurs incarnations, mais qui souffre sans
doute d'être découvert de nos jours sur petit écran, quelle que
soit ses dimensions. En effets, Greystoke, la
légende de Tarzan
est d'abord et avant tout un long-métrage pensé pour le cinéma.
Moins fabuleusement envoûtant que lors de sa sortie sur grand écran,
l’œuvre de Hugh Hudson n'en demeure sans doute pas moins l'une des
meilleures adaptations du cycle Tarzan
de Edgar Rice Burroughs...
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