À ce jour, John
Dies at the End
est le dernier long-métrage en date du réalisateur et scénariste
américain Don Coscarelli. L'auteur du cultissime Phantasm
en 1979 et de ses séquelles. S'il a participé à l'écriture du
cinquième volet qu'a réalisé David Hartman en 2016, on n'entend
plus guère parler de celui qui réalisa notamment en 2002 le très
curieux mais néanmoins excellent Bubba Ho-Tep
dont on attend toujours désespérément la suite qui devrait
s'intituler Bubba Nosferatu: Curse of the
She-Vampires.
La bave aux lèvres et les crocs acérés pour l'occasion, plus le
temps passe et plus l'espoir de voir éclore un nouveau film de la
part de Don Coscarelli semble s'amenuiser. En attendant
l'hypothétique arrivée prochaine de son nouveau long-métrage, un
petit mot sur John Dies at the End.
Un drôle de projet. De ceux que l'on a coutume de ranger dans la
catégorie des OFNI (pour Objet Filmique Non Identifié). Dire que le
dernier délire de l'américain est complètement barré tient de
l'euphémisme. C'est à se demander quel genre de came le bonhomme
absorbe lorsqu'il se lance dans l'écriture d'un nouveau scénario.
Ceux qui pensèrent que Bubba Ho-Tep était
déjà bien perché sont loin du compte. Le premier film auquel on
pense lorsque l'on découvre pour la première fois John
Dies at the End
est fort logiquement La Vegas Parano
de Terry Gilliam et ses deux personnages (interprétés par Johnny
Deep et Benicio del Toro), consommateurs invétérés de toute une
panoplie de drogues qu'ils vont absorber lors d'un événement
sportif se déroulant à... Las Vegas, justement...
C'est
bien simple, concernant John Dies at the End,
il y a trois manières d'aborder la chose. Soit l'on adhère
immédiatement au concept et là, c'est un pur bonheur. Soit on
déteste et on décroche bien avant la fin de la projection. Soit
l'on est sceptique mais on choisi de donner sa chance au film.
Pourtant très fan de Don Coscarelli malgré la qualité plus
qu'approximative de certaines séquelles de son chef-d’œuvre sorti
en 1979, j'avoue avoir d'abord pensé arrêter le ''massacre'' avant
même que le film n'ait atteint le tiers de ses quatre-vingt dix
minutes pour le regarder plus tard, dans de meilleures conditions. Il
faut dire que même si l'on connaissait la faculté du réalisateur à
nous plonger dans des univers parfois très étranges (les nains en
robe de bure, le monde parallèle, le Tall
Man
ou les sphères métalliques de Phantasm,
la rencontre entre Elvis Presley et un John Fitzgerald Kennedy noir
dans une maison de retraite dans Bubba Ho-Tep),
on ne s'attendait certainement pas à un tel déferlements d'idées
plus saugrenues les unes que les autres. Celles-ci s'enchaînent à
un tel rythme et avec une telle apparente absence de cohésion que
l'on comprendra que certains ne soient pas parvenus à entrer dans le
délire du cinéaste, lui qui a choisi de nous parler de drogue (ici,
une substance noire appelée ''Sauce
Soja''),
de mondes parallèles, de démons ou de télé-évangélisme...
Avouons
que ce joyeux bordel est assez ardu à suivre. Surtout dans sa
première partie. Une telle accumulation d'informations et
l'imagination débordante de Don Coscarelli faisant le reste, on
finit par se noyer et ne plus rien y comprendre. Dave et John sont
les deux héros de ce récit alambiqué, le premier reprenant le nom
de l'auteur du roman de science-fiction qui est à l'origine du
scénario. En effet, John Dies at the End
est l'adaptation du roman éponyme de David Wong édité en 2007 sur
le territoire américain avant de sortir chez nous sept ans plus
tard. D'ailleurs, si l'on veut avoir des informations sur
l''écrivain, mieux vaut consulter les sites étrangers que français
puisque chez nous, le bonhomme semble être assez peu connu.
Concernant son adaptation, que dire ? Forcément, aborder John
Dies at the End s'avère
bien moins confortable que pour Bubba Ho-Tep.
Don Coscarelli y mêle science-fiction, horreur et comédie avec plus
ou moins de bonheur. Sans langue de bois et tout en y concrétisant
les délires littéraires de David Wong (''I
reached for the knob. At the same moment it began to melt and
transform, turning pink and finally taking the shape of a flaccid
penis. It flopped softly against the door, like a man was cramming it
through the knob hole from the other side.''),
le réalisateur s'amuse en se jouant de la compréhension et de la
capacité du spectateur à adhérer au concept. Sans jamais atteindre
les qualités d'une œuvre basée sur un ouvrage littéraire réputé
inadaptable comme le démentira d'ailleurs brillamment David
Cronenberg en adaptant Le Festin nu
(Naked
Lunch)
de l'écrivain américain culte William S. Burroughs, John
Dies at the End s'avère
au final relativement plaisant dès lors que Don Coscarelli calme un
peu le jeu. Si les effets-spéciaux sont loin d'être extraordinaires
(le budget inférieur à un million de dollars expliquant sans doute
cela), le réalisateur sème quelques séquences gore inattendues ça
et là. De plus, les acteurs (à commencer par Chase Williamson, Rob
Mayes) donnent du cœur à l'ouvrage et le film n'est jamais
ennuyeux. Que demander de plus.. ?
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