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samedi 4 septembre 2021

La traverstie d'Yves Boisset (1988) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Aujourd'hui âgé de quatre-vingt deux ans, le réalisateur français Yves Boisset semble avoir mis un terme à sa carrière depuis plus de dix ans puisque sa dernière mise en scène et son dernier scénario remontent à l'année 2009 avec le téléfilm 12 balles dans la peau pour Pierre Laval. Auteur entre autre de Dupont Lajoie en 1975, de Espion, lève-toi en 1982 et du dystopique Le prix du danger l'année suivante, il signait avec son antépénultième long-métrage cinématographique La travestie en 1988, une œuvre mineure dans une carrière somme toute remarquable. Avant de se faire appeler longtemps après ses débuts d'actrice sous son véritable patronyme Breitman, et bien qu'elle ne soit pas juive mais ait toujours cherché à rattacher les origines de son grand-père aux siennes, Isabelle Breitman fut tout d'abord connu sous le pseudonyme de Zabou. C'est d'ailleurs sous ce nom qu'elle incarne ici le personnage de Nicole Armingault dans une œuvre profondément sombre, aussi triste que ses décors tous faits de béton et de ciel nuageux. L'actrice y interprète une jeune femme qui entretient des rapports avec divers hommes jusqu'au jour où elle se fait avorter après avoir découvert qu'elle était enceinte. Avocate, elle décide de piller le coffre de son employeur qui depuis les cinq dernières années n'a eu de cesse que de lui accorder des affaites sans intérêt. Au passage, Nicole en profite pour soutirer à plusieurs de ses amants la modique somme de cinq-mille francs en leur faisant croire qu'elle est toujours enceinte et qu'elle a besoin de cet argent pour aller se faire avorter en Suisse. Une fois réunis les quinze-mille francs fournis par ses amants et celui de son employeur dérobé, Nicole disparaît dans la nature. Mais en fait de nature, la jeune femme reste dans le quartier de Paris où elle a ses habitudes mais se grime en homme après s'être fait couper court sa longue tignasse...


Étrange film que cette travestie que l'on ne jugera pas de divertissant tant l'ambiance y est morose. Si ce n'était le charme d'une Zabou androgyne à laquelle le cheveu court va à ravir, il y a sans doute belle lurette que l'on aurait oublié ce long-métrage noyé dans une filmographie exemplaire. On parle bien entendu tout d'abord de celle d'Yves Boisset qui manque ici quelque peu le coche de cette adaptation de l'ouvrage éponyme de l'écrivain et philosophe français Alain Roger dont s'est chargé lui-même le réalisateur aux côtés de Robert Geoffrion, Al James et Alain Scoff. Pour commencer, si le choix de faire porter le costume masculin de l'héroïne par Zabou semble tout d'abord crédible puisque la silhouette filiforme et le visage relativement fin de l'actrice permettent de lui offrir l'allure masculine recherchée, dès qu'elle ouvre la bouche pour s'exprimer, on peut douter du manque de réactivité de ceux qui s'adressent à elle et qui n'y voient qu'un homme malgré une voix qui demeure bien celle d'une femme. On envisagera alors plutôt Nicole comme transformée en un jeune éphèbe timide et réservé qui peu à peu va voir son comportement changer lors de séquences plus ou moins vraisemblables...


Que penser alors de cette scène qui la voit passer de la douce Nicole, protégée de la prostituée Myriam (l'actrice Anna Galiena), à une proxénète dure et inflexible en l'espace d'une poignée de secondes ? Une ellipse totalement foirée, un montage bâclé. Suivent des séquences qui apportent de l'intérêt à une intrigue qui aimerait accorder un soin particulier à l'étude psychologique d'une jeune femme qui à force de se grimer en homme finit par perdre ses repères, mais n'y parvient malheureusement pas toujours. Sexualité et moralité contrariées sont au centre d'un long-métrage troublant, cafardeux, mais aussi parfois ridicule dans l'hystérisation outrancière de son héroïne. Le film sera distribué dans un peu plus d'une vingtaine de salles en France mais ne récoltera qu'un peu plus de cinquante-mille entrées dans tout l'hexagone. Autant dire que le film est un bide. Reste son atmosphère générée volontairement ou non par son sujet hors du commun, loin des thématiques familiales et des films à grands publics. Pas vraiment le genre de long-métrage que l'on prend du plaisir à aller voir en salle. Plutôt installé dans un confortable canapé, mais après avoir tout de même absorbé un ou deux verres d'alcool ou un anxiolytique afin d'éviter la sinistrose... !

 

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