''Il chantent bien ces
gosses... Mais, j'crois que... l'évêque les a tous sodomisé...''.
Jean-Pierre Mocky acteur, réalisateur, scénariste, qui estime que
son cinquante-deuxième long-métrage Les insomniaques
est
''très violent'',
et même ''d'une
violence très rare''
comme il en sera convaincu. L'anarchiste du cinéma hexagonal y
exprime une fois encore son rejet des injustices en formant autour de
lui un petit groupe de huit personnes qui s'imposent, et c'est là
toute l'ironie du récit, le port du masque. Pas de type chirurgical
ou de modèle FFP2,
non. Des masques en plastique qui leur permettront de conserver
l'anonymat lors d'exactions nocturnes visant à s'en prendre à ceux
qui s'engraissent tandis que les petites gens se meurent. Un concept
fort intéressant auquel participeront Bruno Putzulu, qui fut en
outre l'un des principaux interprètes de L’appât
de
Bertrand Tavernier en 1995 et l'une des vedettes de la série
télévisée Ici tout commence
diffusée actuellement sur la première chaîne nationale et ce,
depuis novembre 2020. Rufus, que tout le monde connaît et qui a
travaillé aussi bien aux côtés d'Yves Boisset, Gérard Pirès,
Roman Polanski que de Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro ou Jean-Jacques
Annaud. L'acteur deviendra un ''petit'' fidèle de Jean-Pierre Mocky
puisqu'on le retrouvera à l'occasion des tournages de Crédit
pour tous
en 2011 et de À votre bon cœur, mesdames
l'année suivante. En compagnie de Jean-Pierre Mocky avec lequel les
deux acteurs sont les deux seules véritables vedettes, Bruno Putzulu
et Rufus s'opposent dans des rôles diamétralement opposés. Le
premier incarne Albert qui est insomniaque et rencontre un soir en
pleine rue Boris (Jean-Pierre Mocky), qui lui aussi rencontre
d'énormes difficultés pour dormir...
Ce dernier propose à Albert de
rejoindre son étrange organisation constituée de redresseurs de
torts qui comme eux passent leurs nuits éveillés. Que leurs proies
s'en soient pris à une association pour handicapés, qu'ils soient
des politiques corrompus s'adonnant à la luxure ou des prêtres
pédophiles, tous vont devoir rendre des comptes à Boris et ses
associés. Mais la police veille en la personne de Martial auquel le
directeur, et c'est là qu'intervient Rufus, confie l'enquête dont
toute la presse ne fait que parler... Un
Martial interprété par l'acteur Mathieu Demy, lequel est le fils
des réalisateurs Jacques Demy et Agnès Varda. Le reste du casting
est constitué de second rôles interprétés soit par des
semi-professionnels, soit par des amateurs. Mais d'une manière
générale, il n'y a guère que Demy, Putzulu et Rufus pour redresser
la barre vers le haut car qu'il s'agisse de la mise en scène, du
montage, de la direction d'acteurs, et donc en l'occurrence de
l'interprétation, Les insomniaques pique
parfois les yeux et fait très souvent mal aux oreilles. Jean-Pierre
Mocky n'étant apparemment pas très sensible à un certain niveau
d'interprétation généralement recommandé, le réalisateur et
scénariste ne s'encombre visiblement pas d'une multitude de prises,
même lorsque cela s'avérerait nécessaire. En découle un jeu
typique de son univers. Des hésitations en pagaille, des phrases
coupées au beau milieu, certaines lignes de dialogue ouvertement
récitées (on pense notamment à la séquence lors de laquelle la
numéro 2 de l'organisation explique aux autres ce que s'apprête à
faire le président de l'association ''Les
Handicapés''
(!?!).
Totalement hallucinante, on devine très clairement l'actrice
Patricia Barzyk en train de lire son texte devant la caméra en
employant un timbre de voix qui ne laisse la place à aucune
équivoque. Culte !). Concernant la violence qu'évoque Jean-Pierre
Mocky, ne vous affolez pas. Tout ou presque est filmé hors-champ à
part une séquence.... comment dire.... comment la nommer... disons,
gore, et que je vous laisse le plaisir de découvrir si jamais vous
mettez la main sur ce film. À propos anarchique, Jean-Piere Mocky
répond par un montage bordélique. Pour pallier aux faiblesses
budgétaires, le réalisateur coupe dans le lard. Comprendre que dans
le récit, le réalisateur emploiera l’ellipse à outrance. Un
procédé dont il a souvent l'usage d'ailleurs. Si depuis la fin des
années quatre-vingt le compositeur Vladimir Cosma est devenu un
fidèle du réalisateur, il n'a pas toujours œuvré pour le bien de
ses films (Vénéneuses,
en 2017). Bien qu'elle n'ait rien d'exceptionnel, la petite
ritournelle qu'il a composé spécialement pour le film, laquelle est
interprétée à l'harmonica sur fond d'accordéon, reste cependant
entêtante tout au long du récit. Parmi les soixante-neuf
longs-métrages de Jean-Pierre Mocky, Les
insomniaques
se situe dans la moyenne basse. Les fans purs et durs vont adorer.
Les autres, sans doute bien se marrer...
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