Il y a, dans le
visionnage du cinquante-quatrième long-métrage de Jean-Pierre
Mocky, quelque chose de rassurant qui nous pousse à penser qu'après
ça, n'importe quelle purge fera l'affaire même pour le spectateur
le plus exigeant. Le genre d'épreuve qui, si elle est accomplie
jusqu'au terme des soixante-trois minutes que dure la chose, nous
permettra ensuite d'avaler n'importe quelle pilule. Le réalisateur
atteignant là l'un des points culminants de sa carrière en terme de
foutage de gueule, le bonhomme nous prévient d'entrée de jeux. Oui,
Jean-Pierre Mocky, apparemment agacé par les conneries que nous
proposent grand et petit écran, a pris lui-même la décision très
consciente de réaliser une connerie dont la seule différence et le
seul intérêt est selon sa propre expérience qu'il sait qu'il
s'agit bien de mettre en scène une connerie. Avec ça, nous voilà
bien avancés. Il nous refait le coup de Laurent Baffie qui avec
l'affiche de son film Les clés de bagnole
annonçait la couleur avec son accroche d'un genre très spécial :
''N'y allez pas,
c'est une merde !''.
Un conseil qu'une grande partie du public suivra puisque seuls
deux-cent mille fidèles de l'humoriste se déplaceront pour aller
voir son unique long-métrage en salle. Résultat des courses, pour
un budget de quatre millions d'euros environ, le film n’en
engrangera que le quart malgré ses indéniables qualités. Loin de
ces considérations budgétaires, Jean-Pierre Mocky qui en 2011 passe
le relais en revendant le célèbre cinéma Brady
à Paris pour racheter le cinéma Action
Écoles
avant de le rebaptiser Le
Desperado peut tout à fait distribuer dans son antre n'importe
quelle merde qu'il aura au préalable réalisé. Sauf qu'à prendre
les gens pour ce qu'ils ne sont pas forcément, il risquait là non
pas de perdre de l'argent, mais de fidèles adeptes de son œuvre...
Dossier Toroto
est peut-être LE plus mauvais film qu'ait réalisé le cinéaste
français. De son concept insensé pourtant terriblement séduisant
sur le papier, Jean-Pierre Mocky accouche d'un monstre sans appareil
reproducteur et où les mots d'esprit bataillent durs pour se faire
entendre dans un méli-mélo invraisemblable. En fait, du grand
n'importe quoi qui va jusqu’à recycler certains décors de son
cinquante-deuxième long-métrage Les
insomniaques,
à croire qu'il en a simplement réutilisé des bouts de bobines pour
consolider son Dossier Toroto
dont la durée n’excède que de très peu le tour complet de la
grande aiguille d'un cadran d'horloge. Jean-Pierre Mocky investit la
comédie burlesque, surréaliste avec son gamin né sans sexe qui
grâce à son ami le professeur Toroto (Jean Abeillé) va pouvoir
boire un peu de l'étrange élixir qu'il a inventé dans son
''laboratoire'' afin de faire grossir les légumes. L'expérience
s'avère positive et Riri (Romain Gontier) se voit désormais affublé
d'un pénis long de plus de cinquante centimètres. L'épouse d'un
brigadier (Olivier Hémon) profite de son absence pour transformer
leur appartement en lupanar, permettant ainsi aux femmes
insatisfaites de prendre du plaisir auprès du jeune garçon. Dès
lors, Riri fait des jaloux parmi la communauté des ''gros calibres''
qui décident de se réunir et d'aller régler son compte au
professeur Toroto. D'autres s'intéressent quant à eux à la formule
qu'il a mis au point et sont bien décidés à s'en emparer...
Un
brigadier qui se retrouve avec une verge de plus de deux mètre
quarante. Un allemand passant son temps sur une table de massage
tandis que derrière lui, des types font de la varap entièrement
nus. Une paire de scientifiques chelous. Un Riri dont l'âge reste à
déterminer si l'on veut accepter le fait que les relations sexuelles
qu'il entretient avec les femmes du village ne virent pas à la
pédophilie... Dossier Toroto
propose une succession de séquences totalement délirantes et
parfois vulgaires. Tout ça pour un résultat pathétique. Totalement
en roue libre, le réalisateur semble ne pouvoir s'empêcher de
caricaturer le clergé en faisant systématiquement des prêtres des
pédophiles et se charge même d'en rajouter une couche envers les
pieux qui dès le départ son décrits comme des nigauds. Pas drôle
pour un sou et comme à son habitude chez le réalisateur et
scénariste, joué avec les pieds, Dossier Toroto
est une purge qui se moque sans scrupules et avec une gratuité
effarante et sans profondeur de tout ce qui dérange son auteur. Un
Jean-Pierre Mocky méprisant sans aucun finesse ni talent des femmes
qu'il voit comme des ménagères obsédées par l'impressionnant
pénis de Riri. En n'intervenant qu'au début et à la fin du film,
Jean-Pierre Mocky semble vouloir se désolidariser de ses compagnons
d'aventure en n'apparaissant que subrepticement et en les laissant
agir à leur guise devant la caméra. En résulte une purge qui
malgré sa courte durée est d'un insondable ennui. Il est donc
conseillé d'utiliser son temps à des tâches beaucoup plus saines
que de perdre une heure devant cet infect projet. Jean-Pierre Mocky a
voulu réaliser une ''connerie'' ? Il a en l'occurrence donné
naissance à une ''merde''... !
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