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samedi 10 juillet 2021

Homunculus de Takashi Shimizu (2021) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Adaptation du manga Homunkurusu du scénariste et dessinateur Hideo Yamamoto, le dernier long-métrage de Takashi Shimizu à avoir vu le jour dernièrement sur la plate-forme de streaming Netflix comble-t-elle les attentes des otaku ? Pour connaître la réponse à cette question, mieux vaut directement leur poser car dans ce faste univers qu'est celui de la bande-dessinée où l'on se perd facilement, il est très facile d'y perdre également son latin. Jouant au yoyo comme avec nos attentes, Takashi Shimizu avait su nous rassurer en 2019 avec le brillant Inunaki : Le Village oublié. Capable du meilleur comme du moins bon, le réalisateur japonais à l'origine de la saga Ju-On revient donc en 2021 avec un long-métrage qui s'éloigne très sensiblement de ses thématiques habituelles même si au fond, on y retrouve un peu de la mélancolie qui sourde de certaines de ses œuvres les plus accomplies. Je n'évoquerai pas ici le manga à l'origine du projet pour me concentrer uniquement sur cette adaptation que je laisserai aux fans d'évoquer son niveau de fidélité par rapport à l’œuvre de Hideo Yamamoto. Pas évident que d'aborder le nouveau film de Takashi Shimizu qui nous avait pourtant habitué à des œuvres pas forcément abordables au premier regard. On pourrait même au fil du récit envisager l'hypothèse selon laquelle le film fait partie des quelques déceptions dont il a émaillé sa carrière. Complexe, lent, Homunculus aborde divers thèmes dont celui de l’homonculus de Penfield. base des recherches du docteur Wilder Graves Penfield durant les années quarante et cinquante. S'il est bien connu que nous n'utilisons que 10% des capacités de notre cerveau (une affirmation qui semble malheureusement fausse), le docteur Wilder Graves Penfield met à jour lors de ses expériences, une zone du cerveau sur laquelle se présente une carte sensorielle de notre corps agissant sur la sensibilité de notre anatomie. C'est sur cette base que le docteur Manabu Ito (interprété par l'acteur Ryô Narita) se rapproche du SDF Susumu Nokoshi (l'acteur Gô Ayano) afin de lui proposer de participer à une expérience sur une durée de sept jours...


D'abord réticent mais n'attendant rien de particulier de la vie, l'homme décide d'accepter. Si à l'origine la trépanation servait à opérer des patients atteints de troubles tels que l'épilepsie ou certains troubles psychiatriques, le récit évoque ici l'aspect mystique que peut revêtir une telle pratique. Ou comment ouvrir son cerveau afin d'accéder en outre au monde de l'invisible. Homunculus mêle alors les deux concepts. Celui révélé par le docteur Wilder Graves Penfield au cours du vingtième siècle et celui, purement théorique, voire chamanique, permettant d'accéder à un sixième sens. Pas évident pour un réalisateur d'aborder un tel sujet, surtout lorsque celui-ci a déjà faillit à plusieurs reprises. Sacrée responsabilité également. Ou comment ne pas décevoir les fans tout en permettant à ceux qui demeurent hermétiques à ce type de bande-dessinée de se rallier à la cause du réalisateur et de son adaptation cinématographique. En plongeant dans les affres du cerveau humain, Takashi Shimizu s'offre l'opportunité d'apporter cette part d'humanité essentielle à ce genre de proposition. Ayant sans doute beaucoup plus de prédispositions pour transposer l’œuvre de Hideo Yamamoto sur grand écran, on rêve de ce qu'aurait donné la vision d'un Shin'ya Tsukamoto qui fut en son temps en état de grâce au moment de réaliser A Snake of June en 2002 et Kotoko en 2011. Takashi Shimizu s'en sort pourtant à bon compte. Si le rythme parfois ampoulé de la mise en scène condamne certains spectateurs à fermer les yeux bien avant le générique de fin, les conserver ouverts est la promesse de vivre une expérience sinon inhabituelle, du moins riche en péripéties et en émotions...


Takashi Shimizu ose parfois des situations que l'on n'imagine pas voir sur une plate-forme telle que Netflix. Un plan que n'aurait sans doute pas renié le David Cronenberg de la période Body Horror montre notamment le visage d'une femme de ''sable'' se muer en une paire de jambes et dont la voix s'exprime à travers la vulve. Une séquence qui poursuit le concept de voyage dans le monde de l'invisible et celui des morts que rencontrera Susumu Nokoshi lors de ses diverses expériences. Le chef d'un gang de yakuza, une jeune écolière et même celle que le héros semble reconnaître comme faisant partie de son propre passé sont l'occasion de pénétrer l'âme humaine et d'y révéler des blessures secrètes. Digérant chaque expérience avec la plus grande des difficultés, le héros devra faire également face à ses propres traumas. Parsemé de visions délirantes produites à partir d'effets-spéciaux numériques pas toujours forcément convaincants, Homunculus peut s'envisager de différentes manières. Comme un salmigondis d'idées dont l'approche parfois hermétique laissera une partie de son public sur le carreau, comme une œuvre plus ou moins fidèle du manga de Hideo Yamamoto, comme un film étonnant faisant la nique aux propriétés de l'ayahuasca en passant par des réseaux plus scientifiques que chimiques, ou plus simplement comme une œuvre bouleversante menée sur un ton expérimental qui parlera d'abord à celles et ceux qui vivent intensément ce genre d'exercice que l'on ne rencontre qu'une poignée de fois chaque décennie (Altered States de Ken Russell en 1980 ou Enter the Void de Gaspar Noé en 2009)...

 

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