Il semble tout d'abord évident que l'esprit du réalisateur ait été quelque peu envahi par un certain nombre de personnalités. Schizophrénie ? Surtout que le film se base toujours sur un même sujet. Celui de millions d'étranges portails apparus un peu partout dans le monde. Et puis l'on se rend compte que Doors n'est non pas l’œuvre d'un seul et même homme, mais de trois. Trois réalisateurs pour un long-métrage qui se veut être en réalité un film à sketches de science-fiction. Trois auteurs pour quatre visions fort différentes d'un thème similaire. Quatre segments qui portent chacun leur propre sous-titre. Lockdown pour l'un et Knockers, Lamaj et Interstitials pour les trois autres. Le premier d'entre eux est réalisé par Jeff Desom, lequel plonge une poignée d'adolescents qui semblent être collés dans l'une des salles d'un établissement scolaire, tout ça pour un ersatz du chef-d’œuvre de John Hugues The Breakfast Club ramassé sur une vingtaine de minutes d'abord angoissantes, puis très rapidement soûlantes avec ses protagonistes qui en viennent aux mains pour de juvéniles raisons. Sans être mauvais, c'est surtout que Lockdown ne prépare absolument pas à la suite des événements. Et surtout pas au délirant autant que stupéfiant Knockers Saman Kesh. Sorte d’alternative beaucoup plus convaincante que le décevant Annihilation d'Alex Garland sorti trois ans auparavant, ce court là plonge ses protagonistes dans un univers surréaliste dans lequel le côté sombre de l'esprit humain y est révélé à travers les blessures des personnages. Si Saman Kesh laisse les spectateurs se débrouiller avec le scénario, Knockers nous fait en revanche profiter d'incroyables décors. Des environnements beaux à pleurer, parfois proche de Salvatore Dali, où romantisme et approche sinistre se confondent...
Puis c'est au tour du réalisateur Dugan O'Neal de se prendre au jeu de ces portes dont l'origine est difficile à saisir avec le court Lamaj. Du pseudonyme que se donne l'une de ces portes dont les autorités ignorent l'existence et que le personnage principal (Kyp Malone dans le rôle de Jamal) garde secret. En tentant de communiquer avec la porte, l'homme y parvient. Et c'est là que tout commence à se gâter. Pressé d'en parler avec l'une de ses vieilles connaissances (Kristina Lear dans le rôle de Kathy), rien ne va vraiment se dérouler comme prévu. Situé dans une forêt, l'épisode fait évoluer l'intrigue jusqu'à une rencontre rapprochée du 5e type. Plutôt sympathique même si jamais véritablement transcendant, l'aventure est ensuite poursuivie et conclue par interstitials, le quatrième et dernier segment de Doors et voit le retour de Saman Kesh à la mise en scène après avoir réalisé le second, Knockers. L’œuvre se conclue sur un sketch minimaliste entre deux hommes qui conversent par écrans d'ordinateurs interposés. L'un expliquant à l'autre la signification de la présence de ces millions de portes sur notre planète. Se joignent aux trois réalisateur, le scénariste Chris White, auteur de ces quatre segments aussi hétérogènes dans leur thématique évolutive qu'indépendants dans leur approche. Parfois prétentieux dans ses échanges verbaux (Vince (Joszh Peck) et Becky (Lina Esco) échangeant notamment des lignes de dialogues imbitables sur la plage), Doors est un long-métrage de science-fiction très curieux que l'on rangera du côté de certains OFNIS tels les excellents Under the Skin de Jonathan Glazer ou The Man From Earth de Richard Schenkman. Toutes proportions gardées, bien entendu. Un film qui bénéficie de très discrets mais aussi, très réussis effets-spéciaux. Une expérience hors norme qui fera sans doute quelques émules mais laissera malgré tout une bonne partie du public circonspect...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire