Direction l'Espagne avec
Jefe
du cinéaste Sergio Barrejón dont il s'agit ici du tout premier
long-métrage en tant que réalisateur. Lui qui produisit notamment
l'excellent Los Cronocrimenes
de son compatriote Nacho Vigalondo s'attaque à un sujet tout à fait
différent avec le dirigeant d'une entreprise lucrative qui pourtant
est au bord de la faillite. Un patron que le cinéaste choisit de
montrer bien différent puisque préoccupé par ses employés et
interdisant tout licenciement, même en temps de crise. Le boss
parfait, pourtant hait par une très grande partie de ces mêmes
employés dont certains s'acharnent à lui « lécher
le cul » comme
il a l'habitude d'en faire lui-même la remarque. Une histoire d'escroquerie,
oui, mais humaine également. Se déclinant sous la forme de
chapitres égrainant les jours de la semaine, le spectateur assiste
impuissant à la chute du co-fondateur d'une entreprise jusqu'ici
florissante et à laquelle divers actionnaires ont toujours fait
confiance. Mais alors que les actions de l'entreprise perdent des
points, il est impératifs pour César et ses plus proches
collaborateurs de rehausser la barre afin de démontrer à ses
actionnaires qu'ils peuvent toujours faire confiance en son
entreprise. Mais ce qu'il va découvrir dépassera tout ce qu'il
avait pu supposer jusqu'à maintenant : l'un de ses
collaborateurs aurait en effet détourné quinze millions d'euros à
l'entreprise. C'est dans ce contexte difficile que César fera la
connaissance d'Ariana, une jeune employée au ménage travaillant
de nuit pour la boite, et avec laquelle il va sympathiser durant une
semaine qui va s'avérer particulièrement agitée...
Pour
son premier long-métrage, le cinéaste espagnol Sergio Barrejón
dresse le portrait d'une entreprise aux mains d'un patron dur avec ses
employés, mais droit, ainsi que de subalternes cupides capables de
faire couler une entreprise pour leur profit personnel. Un sujet
abordé sous l'angle de l'humour qui n'est pas sans rappeler
l'excellent Romuald et Juliette
de Coline Serreau dans lequel, déjà, le PDG d'une entreprise de
produits laitiers (Daniel Auteuil) pouvait compter sur l'aide et le
soutient d'une femme de ménage antillaise (Firmine Richard) afin de
démanteler le groupe formé autour des membres de son équipe,
lesquels se rendaient coupables d'une affaire financière douteuse.
Proposé sur la plateforme Netflix
depuis le 26 octobre 2018, Jefe
est dont une très bonne surprise comme le cinéma espagnol est
parfois capable de nous livrer. Et même si l'on reste relativement
éloignés des jubilatoires longs-métrages d'un Alex de la Iglesia,
le film de Sergio Barrejón demeure convaincant en imposant un duo
sympathique formé autour de Luis Callejo et Juana Acosta. Deux
individus qui n'ont a priori rien à faire ensemble mais dont
l'humanité tranche avec les ambitions pécuniaires d’autrui. De
leur histoire d'amitié naît une romance assez particulière qui ne
voit le jour... que la nuit. Comme un comte de Charles Perrault revu
et corrigé de manière caustique.
Face
à nos deux héros... d'une semaine, un panier de crabes allant du
chef de service proposant son aide à CELLES qui veulent bien lui
accorder quelques instants dans (sous?) son bureau, à l'employé qui
sous ses airs de « sainte
nitouche »
se révèle être la tête pensante d'une énorme escroquerie. Une
comédie tantôt gentille, tantôt cruelle (mais pas trop)...



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