Le septième art est
riche de longs-métrages tournant autour des requins-tueurs. Si en
1975, Steven Spielberg avec Les Dents de la Mer
a semble-t-il imposé des critères définitifs en matière d'horreur
et d'épouvante en réalisant ce qui demeure pour beaucoup comme LA
référence dans le domaine, cela n'a cependant pas empêché des
dizaines de cinéastes de se pencher sur le sujet avec plus ou moins
de bonheur.. Certains ont choisi d'autres prédateurs pour apporter
aux amateurs de frissons, leur comptant de sensations fortes. Michael
Anderson a notamment exploité le filon des prédateurs aquatiques
avec Orca
en 1977, quant à Joe Dante et Harry Kerwin, ils ont respectivement
semé le doute chez les amateurs de baignade en 1978 avec Piranhas
et Barracuda
quand d'autres ont simplement décidé d'enchaîner sur le succès du
long-métrage de Steven Spielberg en donnant une vision du mythe
souvent déplorable. Et puis, beaucoup plus tard, dès le début du
vingt et unième siècle, de nombreux films ont éclos sur le sujet.
Dont une grande partie ont mis en scène des requins mutants. À
deux, trois, quatre, et jusqu'à six têtes. Radioactifs, zombies, ou
plus simplement capable de se déplacer dans le sable, la neige et
même dans les airs. De quoi dégoûter le fan d'origine devant des
œuvres souvent aussi mal interprétées que piètrement mises en
scène, les américains devenant alors champions du monde du nanar
avec, au hasard, la série des Mega Shark,
celle des Sharknado,
ou des Sharktopuss.
Des titres qui en disent long sur l'absurdité du contenu mais qui
n'empêcha pas de voir fleurir souvent directement en VOD, des
dizaines d'autres longs-métrages du même acabit...
Et
puis, il arrive parfois que le miracle ait lieu. Qu'un réalisateur
se rappelle au bon souvenir de l'effroi que ressenti une partie des
spectateurs qui après avoir assisté sur grand écran au Dents
de la Mer
n’osaient plus mettre les pieds dans l'eau. Si le réalisateur
australien Andrew Traucki avait déjà mis en scène trois ans
auparavant un Black Water
plutôt efficace mettant en scène cette fois-là un crocodile
particulièrement vorace, c'est bien d'un requin dont il s'agit dans
The Reef,
film qui n'aura malheureusement pas connu les honneurs d'une sortie
en salle dans l'hexagone puisqu'il ira ''échouer'' directement en
DVD et Blu-ray dès le 21 juin 2011, soit un an après son passage au
festival de Cannes le 17 mai 2010. Mais plutôt que de refaire ce qui
avait déjà été proposé par Steven Spielberg trente-cinq ans
auparavant, Andrew Traucki s'inspire d'un fait divers authentique. Le
sujet abordé par The Reef
inquiéta notamment le directeur général du tourisme en Australie
du Sud Rob Gaison. Non pas parce que le film devait l'effrayer
(a-t-il seulement vu l’œuvre de Andrew Traucki ?), mais parce que
selon lui, The Reef
risquait alors d'avoir des conséquences directes sur le tourisme
australien. Ce qui n'empêchera pas le réalisateur d'invoquer le
fait que l'histoire de ses personnages est effectivement inspirée
d'un terrible fait divers...
Durant
le courant de l'été 2010, Kate, son frère Matt, Suzie, la petite
amie de celui-ci, retrouvent Luke, l'ancien compagnon de Kate et très
bon ami de Matt. C'est après avoir rejoint Warren à bord de son
bateau de croisière qu'ils partent tous les cinq pour l'île aux
Tortues. Un petit coin de paradis où Luke propose à Kate, Suzie et
Matt de plonger dans l'eau pour y découvrir un magnifique récif
corallien. Mais alors que la marée descend dangereusement, le groupe
est contraint de repartir précipitamment. Lors du retour, le bateau
bute contre le récif et se met lentement à couler. Il faut au
groupe, prendre très rapidement une décision. Si Warren sait que
dans les eaux nagent des requins, ce qui explique son choix de rester
sur la coque du bateau, les quatre autres décident de se jeter à
l'eau et de tenter de rejoindre l’île aux Tortues... L'une des
grandes forces de The Reef
est
d'être parvenu à maintenir jusqu'à la dernière minutes un suspens
parfois quasi insoutenable. Si Andrew Traucki s'attarde très peu sur
la caractérisation de ses personnages, il n'est cependant pas rare
que le spectateur éprouve en effet une certaine angoisse devant le
calvaire que vont vivre Suzie, Kate, Luke et Matt respectivement
interprétés par Adrienne Pickering, Zoe Naylor, Damian
Walshe-Howling et Gyton Grantley. Si le réalisateur fait preuve
d'une grande sobriété lorsqu'intervient le requin, ça n'est que
pour mieux appréhender les moments de tensions. Car en effet, moins
le squale est visible, et plus l'inquiétude de le voir surgir à
n'importe quel moment ou n'importe quel endroit grandit. Si The
Reef
demeure plutôt avare en terme d''horreur (à part quelques litres
de sang se diluant dans l'océan et une petite coupure au pied de
l'une des héroïnes, rien à l'horizon), il n'en renforce que
davantage le réalisme de la situation. Une très belle surprise et
l'un des meilleurs représentants du genre...
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