Trente-cinq ans....
Trente-cinq ans et une maturité exceptionnelle lorsque le
réalisateur et scénariste français Jalil Lespert réalise en 2011
le drame Des Vents Contraires
avec Benoît Magimel. À tel point que l'on a du mal à imaginer
qu'il put être l'auteur l'année dernière du navrant Le
Dindon,
une comédie ratée que pas même la présence du pourtant
sympathique Dany Boon n'est parvenu à faire décoller. C'est à
croire que son auteur est plus à l'aise dans le drame que dans
l'humour comme le prouve le récit de Des Vents
Contraires
qui contrairement à ce que pourrait laisser supposer l'intrigue,
n'est pas un thriller. Plus que le fond de l'histoire, c'est sans
aucun doute sa forme qui rend si émouvant le film de Jalil Lespert.
On aura beau dire que le récit n'est jamais vraiment larmoyant, il
s'avère cependant difficile à certains égards de ne pas sentir sa
gorge se nouer tant le cinéaste a su saisir ce moment très précis
où l'émotion l'emporte sur tout le reste...
L'écrivain
Paul Anderen n'a plus de nouvelles de sa femme Sarah depuis un an
lorsqu'il décide de partir s'installer dans la région de Saint-Malo
en compagnie de ses deux enfants Clément et Manon. Il y retrouve son
frère aîné Alex qui lui propose un emploi dans son entreprise
d’auto-école. C'est lors d'un cours de conduite qu'il fait la
connaissance d'un certain Bréhel qui après un grave accident qui
n'a pourtant pas coûté la vie ni n'a laissé la moindre séquelle
au gamin qu'il a renversé a tout perdu : son permis de
conduire, puis sa femme et son boulot. C'est aussi à cette occasion
que Paul fait la connaissance de Justine Leblanc qui rêve de quitter
ce trou perdu lorsqu'elle aura obtenu son permis et avec laquelle il
débute une relation. En dehors de son emploi de moniteur
d'auto-école, Paul fait également la connaissance de Samir, un
ancien taulard qu'il rencontre un jour à la sortie de l'école alors
que celui-ci vient chercher son fils dont son épouse a la garde
exclusive. Et puis il y a Josée Combe, la flic, qui s’intéresse
de très près à l'écrivain...
Comme
l'indique ce court résumé qui je l'espère reflète fidèlement une
partie importante de ce qui constitue Des Vents
Contraires,
on notera que l'essentiel du long-métrage de Jalil Lespert tient à
ces rencontres qui jalonnent le parcours de notre héros. Un Paul
Anderen remarquablement interprété par l'un de nos meilleurs
acteurs français, Benoît Magimel, loin des polars solides auxquels
il nous a habitués pour se pencher sur un rôle éminemment plus
complexe à développer. Face à lui, des acteurs de valeurs et au
fond, un casting plutôt hétéroclites. C'est ainsi que le
personnage incarné par Benoît Magimel échange volontiers des
dialogues avec la toujours pétillante Isabelle Carré, l'épatant
Antoine Duléry, le surprenant Bouli Lanners et peut-être plus
encore Ramzy Bedia qui sort de sa zone de confort (la comédie) pour
incarner Samir, cet ancien prisonnier qui désire revoir son fils
dont il a été privé durant son séjour en prison. Des
Vents Contraires
évoque la fragilité de son personnage face à la disparition de son
épouse (l'actrice Audrey Tautou), incapable de s'en remettre tout à
fait, et pourtant, ce qui touche parfois au sublime dans ce drame est
d'abord l'humanité des personnages inspirés à l'origine de
l'ouvrage éponyme du romancier français Olivier Adam édité deux
ans auparavant en 2009. Plus de larmes que de rires dans ce récit
très noir sur lequel souffle cependant un vent d'espoir. Celui de la
reconstruction à travers les différentes rencontres que fera le
héros mais sans doute aussi à la suite d'une réponse tante
attendue dont il sera sans doute contraint d'assumer les
répercussions psychologiques... Un grand film...
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