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dimanche 13 octobre 2019

Joker de Todd Philips (2019) - ★★★★★★★★★★




Dans une Gotham City offerte à la violence et à la vermine, la colère gronde depuis que les habitants des quartiers défavorisés ont appris que les services sociaux ne bénéficieront plus d'aucune aide financière. Alors qu'ils sont contraints de fermer les uns après les autres, un événement va faire basculer la ville dans le chaos : trois employés de Wayne Enterprises ont en effet été abattus par arme à feu dans une rame de métro par celui qui bientôt symbolisera involontairement le soulèvement du peuple : Arthur Fleck, un homme qui depuis sa plus tendre enfance souffre de très graves troubles neurologiques et qui après avoir été renvoyé de son métier de clown va se retrouver directement plongé dans l'affaire du triple meurtre. Agressé par trois hommes ivres, il les abat avant de retourner tranquillement vivre auprès de sa mère impotente dans l'un des plus infâmes quartiers de Gotham...

Avec Joker, le réalisateur américain Todd Philips change radicalement de genre après avoir tourné l'ignoble adaptation de la célèbre série télévisée policière Starsky et Hutch et la trilogie bouffonne Very Bad Trip. Un pari osé qui pourtant dès les premières minutes va conforter dans le bon sens le spectateur alléché par l'intrigante bande-annonce diffusée depuis des mois sur le net. Le dernier long-métrage de Todd Philips nous convie à explorer les origines du plus célèbre anti-héros de la galaxie DC Comics avant qu'il ne se transforme et ne devienne le Joker, l'ennemi juré de Batman dont les parents furent abattus dans une ruelle insalubre de Gotham City. Ce qui marque d'entrée de jeu dans ce long-métrage qui n'a rien d'un vulgaire film de super-héros, c'est son cadre et son atmosphère particulièrement sombres et nihilistes. Tout y transpire effectivement la crasse, la corruption et le désenchantement dans une cité où l'hypothétique futur maire de la ville Thomas Wayne choisi d'abandonner ses habitants les plus pauvres alors même qu'il promettait de ne jamais oublier ses employés passés et présents, les considérant même comme sa propre famille. Tout y étant d'une noirceur absolue, Gotham est rongée par la violence dont fait tout d'abord les frais notre ''héros'', par de grands bouleversements économiques comme le laissent envisager ces enseignes qui ferment leurs portes en soldant drastiquement leurs marchandises ou ces œuvres de charité qui sont contraintes de mettre la clé sous la porte.

Arthur Fleck, futur Joker dont il ne manque déjà plus que le sinistre maquillage de clown et la chevelure verte pour compléter ce célèbre personnage qui déjà couve sous une personnalité anéantie par de graves troubles psychiatrique et par une vie construite sur le mensonge est incarné à l'écran par le formidable Joaquin Phoenix, immense acteur qui tient là l'une de ses plus incroyable performances. Sous le masque encore à peine achevé du pire antagoniste à venir de Gotham City, il erre dans une ville tentaculaire, oppressante, sombre et malade, parfaite représentation du caractère ambigu du personnage qu'il incarne. On est d'abord saisis par l'incroyable travail effectué sur le design général de l'immense cité dans laquelle évolue Arthur Fleck. Tout y transpire la désolation, le pessimisme et surtout, un climat anxiogène terrifiant. Une impression que dégage également le personnage interprété par Joakin Phoenix qui, si même Todd Philips parvient à le rendre terriblement attachant, conserve une part d'ombre et de folie tellement évidentes que derrière son sinistre sourire, le spectateur ne peut qu'envisager le destin funeste d'une cité dont sera bien involontairement de la part du futur Joker, SON royaume du chaos.

Si Joakin Phoenix est absolument fabuleux dans la peau d'Arthur Fleck, Todd Philips et toute l'équipe technique font preuve de leur côté d'un talent et d'une maîtrise remarquables dans tous les compartiments. Qu'il s'agisse de filmer la monstrueuse Gotham en plans larges et de jour ou les ruelles insalubres abandonnées aux rats et au détritus de nuit, la dégénérescence et la grandiloquence y sont filmées comme jamais. La laideur y est esthétisée à outrance même lors des séquences les plus violentes. Mais ce qui bouleverse surtout demeure dans le scénario et la mise en scène ponctuées de séquences fortes signifiant le monde imaginaire dans lequel vit le héros et qui nous sont révélées parfois de manière inattendue (on pense notamment à celle se déroulant dans l'appartement de la voisine du héros). Todd Philips se fait l'artisan-critique du fait divers le plus sordide, de l'action anti-sociale par excellence, de la récupération des médias et des politiques des actions entreprises par Arthur (qu'il s'agisse de monter sur un podium pour donner son One Man Show ou le triple meurtre, symbole de la réussite, de l'orgueil et du mépris) et peut-être même aussi, de l'iconisation du Mal auquel, bizarrement, le spectateur va adhérer. Malgré les meurtres, malgré les troubles psychiatriques, malgré le passé et la totale absence d'empathie d'Arthur. La présence écrasante de Joakin Phoenix à l'écran étouffe littéralement celle des pourtant remarquables Robert de Niro, Zazie Beetz ou encore Frances Conroy qui incarne à l''écran Penny Fleck, la mère du futur Joker. Les fans de DC Comics apprécieront sans doute possible quant à eux les quelques références à Batman. Joker est-il le film de l'année ? Oui, mille fois oui...

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