Pour ce troisième épisode de la saga [REC],
le cinéaste espagnol Jaume Balagueró laisse à son acolyte Paco
Plaza le soin de réaliser seul cette nouvelle aventure sortie cinq
ans après le premier et trois après le second. Alors que l'année
précédente, le premier réalisait l'efficace Mientras
duermes,
Paco Plaza se tourne une nouvelle fois vers l'univers qui les rendit
célèbres son homologue espagnol et lui. [REC]³
Génesis
ne doit pas s'envisager comme une production horrifique revenant sur
les origines du mythe mais plutôt comme une version plus légère
(l'humour y est omniprésent) et moins étouffante (tournée dans des
décors beaucoup plus ouverts) que le premier. Abandonné par Jaume
Balagueró, Paco Plaza se charge une nouvelle fois de l'écriture du
scénario en compagnie du scénariste Luis A. Berdejo, lequel était
déjà intervenu lors du premier épisode avant de laisser sa place à
Manu Diez lors du second. Ne se souciant plus des événements
relatés dans les deux premiers épisodes, le cinéaste et son
scénariste se penchent sur le cas de Clara et Koldo qui viennent
tout juste de se marier. C'est donc dans un contexte festif que vont se
dérouler les événements puisque l'oncle du couple, un certain
Victor (l'acteur Emilio Mencheta), mordu plus tôt dans la journée
par un chien, va être le premier infecté de l'histoire. Du moins,
le premier des invités de la réception puisque plus tard, la
découverte d'hommes en combinaison laisse planer le doute quant aux
origines réelles du virus.
Ce
qui d'ailleurs semble être la principale différence avec les deux
premiers épisodes dans lesquels était évoqués des cas de
possession satanique alors que dans le cas présent, le mal semble
lié avant tout à une nouvelle forme de rage particulièrement
virulente. Le monde étant plus ouvert, [REC]³
Génesis
est l'occasion pour Paco Plaza de disperser ses différents
protagonistes, les deux mariés étant très rapidement séparés
lorsque le carnage commence et que le virus se propage à une vitesse
relativement moins spectaculaire que dans les deux premiers volets de
la saga. Le cinéaste tente avec plus ou moins de bonheur (et plutôt
moins d'ailleurs) d'injecter une très forte dose d'humour,
pénalisant ainsi l'aspect horrifique qui faisait le charme de [REC]
et
de [REC]².
En évacuant toute forme de stress, [REC]³
Génesis
n'est plus qu'un ersatz qui tente vainement de reproduire les mêmes
schémas sans pour autant jamais vraiment y parvenir.
Au
bénéfice de ce troisième volet, on pourra reconnaître à Paco
Plaza un sens inné en matière de mise en scène et de découpage.
Le film n'est jamais véritablement ennuyeux. Et même si de
grotesques incohérences viennent parfois plomber l'intrigue (à
titre d'exemple, le spectateur se demandera ce qui empêche les
protagonistes de se saisir de n'importe quelle lame de couteau
disponible dans la cuisine pour ôter les quelques vis qui leur
permettraient de s'échapper par une grille fixée au sol), les
interprètes font preuve de suffisamment de vigueur pour que la
pauvreté du scénario qui ne repose que sur du vide laisse
indifférents les spectateurs les moins regardants. Un autre intérêt
repose sur la réalisation : alors que la première partie,
tournée caméra à l'épaule en mode Found
Footage
a de quoi abîmer les rétines de n'importe quel spectateur, Paco
Plaza fait le choix judicieux d'abandonner cette approche pour un
confort visuel plus proche de ce que l'on pouvait espérer. Il
n'empêche, [REC]³ Génesis
a parfois l'air d'une véritable escroquerie misant sur la popularité
de ses aînés. Beaucoup de sang, de sueur, d'action, mais un
scénario aux abonnés absents. Pas de quoi justifier la mise en
chantier d'un quatrième opus. Et pourtant, deux ans plus tard
sortira [REC] 4,
signifiant le retour derrière la caméra de Jaume Balagueró et
devant, celui de l'actrice Manuela Velasco...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire