Une énième enquête
menée dans une petite bourgade de l'Amérique profonde ? Oui et
non, car mise en scène sur un rythme aussi vif qu'un escargot se
déplaçant après avoir ingurgité une plaquette entière
d’anxiolytiques, Steel
Country est long, très long. C'est à peu de chose près ce que nous inflige le
réalisateur Simon Fellows qui signe ici son quatrième et jusqu'à
maintenant, dernier long-métrage. Une épreuve qu'il ne faudra
surtout pas tenter de surmonter après une journée de travail
intense, car au risque de me montrer indélicat envers sa mise en
scène, j'avouerai m'être interrogé sur le pourquoi d'une telle
approche, torturée, certes, mais ô combien soporifique. Comme si le
substrat qui devait nourrir les racines du scénario n'était pas
suffisamment riche pour le voir grandir et atteindre les sommets du
genre thriller dans lequel l'un des points cruciaux de l'enquête
menée par un éboueur débouche sur une issue trop rapide. Et je
n'évoque pas là, la résolution de l'énigme entourant la mort d'un
enfant de six ans retrouvé noyé, mais plutôt tout ce qui entoure
le personnage incarné par l'acteur Andrew Scott qui, par contre,
mérite amplement notre attention.
Pour ceux qui suivent
notamment la série dystopique Black Mirror,
le visage de cet acteur ne peut demeurer inconnu bien longtemps.
C'est en effet l'un des principaux interprètes de l'épisode
Smithereens.
Un épisode qui sauvait cette relativement navrante
cinquième saison, contrairement aux précédentes qui s'étaient
avérées jusqu'à maintenant, absolument remarquables. On retrouve donc dans Steel
Country,
un personnage à la hauteur du Chris Gillhaney de Smithereens.
Un individu hanté pour des raisons différentes, mais marqué par
une existence trouble. Dans le cas présent, l'introduction du
personnage de Donald Devlin n'est pas totalement innocente et trouve
même un écho retentissant (quoique obscure) tout au long de cette
intrigue située dans une localité des États-Unis où, comme aime à
le préciser le shérif Mooney interprété par l'acteur Michael
Rose, aucun meurtre n'y a jamais été commis.
On
comprendra alors pourquoi ce dernier rechigne à donner plus de
crédit aux propos du héros. Ou pourquoi les parents de la jeune
victime, Patty et Jerry Zeigler (respectivement incarnés par Kate
Forbes et Jason Davis) préfèrent accepter l'idée selon laquelle
leur enfant est mort noyé. Car tout comme dans bon nombre de
thrillers, le spectateur imagine à juste propos que l'enquête du
héros débouchera sur une toute autre résolution que la simple
noyade. Outre l'enquête, Steel Country a
le bon ton de transporter les spectateurs dans la psyché d'un
éboueur endossant le rôle d'un détective du dimanche parfois
maladroit. À ce titre, l'acteur Andrew Scott excelle :
silhouette gauche, regard distant, timbre étouffé s'emportant
parfois vers de violentes envolées verbales, le personnage est
parfaitement campé. En ce qui concerne le reste du casting, tout va
bien, sauf que le réalisateur ne s'y attachant pas suffisamment, le
spectateur se retrouve face à des personnages impersonnels dont il
se détachera assez rapidement. Et ne parlons pas du rythme que Simon
Fellows imprime à son œuvre et qui finit d'achever le spectateur le
plus endurant. Dommage car Steel Country
possède une ambiance et un environnement chargés en électricité
mais n'est au final qu'un petit thriller sans réelles ambitions. Un voyage intérieur qui laisse très traces, mais pas forcément pour les bonnes raisons...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire