Il y a presque trois
décennies est venu se perdre au dessus de Johannesbourg un immense
vaisseau extraterrestre. Après que les autorités aient vainement
attendu que son équipage se manifeste, l'armée a pris la décision
d'en forcer l'entrée. Ce qu'elle découvrit alors dépassa
l'entendement : plus d'un millions d'extraterrestres affamés.
Depuis, ces derniers ont été cantonnés dans des camps de fortunes
dans une zone appelée District 9. Aujourd'hui, une partie de la
population humaine de Johannesbourg ne supporte plus la présence
sur son territoire de ces créatures qu'il est devenu commun de
nommer sous l'étiquette de ''crevettes''. C'est pourquoi la
multinationale MNU a décidé de transférer la totalité des
extraterrestres dans une nouvelle zone, mieux aménagée et appelée
District 10. Malheureusement, le transfert ne se déroule pas comme
prévu et une grande partie des ''crevettes'' se rebelle contre sa
situation. S'ensuit alors un conflit entre l'armée, le MNU et les
extraterrestres. Des groupes indépendants armés ayant pris
l'habitude de vivre de trafics avec ces derniers se mêlant aux
événements. C'est dans ce contexte politico-militaire
particulièrement tendu que l'agent du MNU Wikus Van de Merwe va
tenter de mener à bien sa mission qui est de faire accepter aux
extraterrestres l'idée de devoir se déplacer vers leur nouveau
camp...
La première impression
lorsque se dévoile District 9,
c'est le parti-pris visuel du réalisateur et scénariste
sud-afro-canadien Neill Blomkamp. Le spectateur est immédiatement
immergé dans un conflit qui rappelle malheureusement les événements
connus sous le nom d'Apartheid et qui prirent leurs racines en
Afrique du Sud en 1948 avant d'être abolis le 30 juin 1991. C'est
donc dans un contexte similaire et particulièrement réaliste que le
réalisateur, auteur plus tard de Elysium
et
Chappie.
Propose au spectateur d'évoluer dans un décor de fin du monde. Un
bidonville aux mains des trafiquants. Affamés et sans aucun moyen de
défense, les opprimés sont ici personnifiés par ces étranges
créatures dont l'appellation n'est pas innocente puisqu'en effet,ces
derniers ressemblent davantage à d'énormes crustacés, voire des
insectes, plutôt quà des extraterrestres tels que l'on pourrait les
imaginer. Filmé caméra à l'épaule, District 9
plonge
littéralement le spectateur dans le chaos, réveillant ainsi les
vieux démons qui secouèrent le pays jusque vingt ans auparavant.
Œuvre
de science-fiction mais également, film de guerre urbaine, le
long-métrage de Neill Blomkamp est d'une noirceur et d'un pessimisme
qui confinent parfois au nihilisme. Car entre les débordements de
l'armée (la caractérisation de certains militaires est
volontairement caricaturale), la gestion calamiteuse du transfert
confié à un Wikus Van de Merwe incarné à l'écran par l'acteur,
réalisateur et producteur sud-africain Sharito Copley, les trafics
en tous genres et le traitement accordé à ces êtres venus
d'ailleurs, opprimés et dans certains cas, servant à des fins
scientifiques, District 9
pousse à réfléchir sur le traitement accordé à certaines
populations sous le seul prétexte qu'elles sont de race ou de
couleur différente. Car l'un des véritables enjeux est dans cet
aspect là de l'intrigue. Pour autant, Neill Blomkamp choisit
subitement de faire un écart inattendu : Alors que le cinéaste
a jusque là repoussé les limites du réalisme, voilà qu'un élément
perturbateur va faire prendre au long-métrage un virage beaucoup
moins crédible mais néanmoins fort intéressant.
Le
héros de cette histoire ayant été victime d'un empoisonnement
consécutif à l’inhalation d'un fluide extraterrestre, celui-ci va
être victime d'une mutation génétique le transformant peu à peu
en... ''crevette''. Wikus Van de Merwe explore ainsi toutes les
configurations possibles d'un tel événement. De l'intérêt de
l'armée et de la science pour ce ''phénomène'' qui pourrait
peut-être apporter une solution au désordre qui règne dans le
District 9, de celui des inquiétants groupes civils armés, ou du
héros lui-même, prenant peu à peu conscience de son état et du
sort que l'on accorde à ceux auxquels il va s'identifier et ressembler à mesure que le ''mal'' se propage en lui.
Recherches scientifiques, commandos armés, manipulation de la
population par les médias, District 9
brasse tout cela et bien plus encore. Réaliste, nanti d'excellents
effet-spéciaux, parfois drôle (et même absurde) mais souvent
douloureux, le long-métrage de Neill Blomkamp ne ressemble à
aucune autre œuvre de science-fiction. Un petit bijou auquel devrait
normalement succéder une suite l'année prochaine sous le titre
District 10...
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