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lundi 5 août 2019

District 9 de Neill Blomkamp (2009) - ★★★★★★★☆☆☆



Il y a presque trois décennies est venu se perdre au dessus de Johannesbourg un immense vaisseau extraterrestre. Après que les autorités aient vainement attendu que son équipage se manifeste, l'armée a pris la décision d'en forcer l'entrée. Ce qu'elle découvrit alors dépassa l'entendement : plus d'un millions d'extraterrestres affamés. Depuis, ces derniers ont été cantonnés dans des camps de fortunes dans une zone appelée District 9. Aujourd'hui, une partie de la population humaine de Johannesbourg ne supporte plus la présence sur son territoire de ces créatures qu'il est devenu commun de nommer sous l'étiquette de ''crevettes''. C'est pourquoi la multinationale MNU a décidé de transférer la totalité des extraterrestres dans une nouvelle zone, mieux aménagée et appelée District 10. Malheureusement, le transfert ne se déroule pas comme prévu et une grande partie des ''crevettes'' se rebelle contre sa situation. S'ensuit alors un conflit entre l'armée, le MNU et les extraterrestres. Des groupes indépendants armés ayant pris l'habitude de vivre de trafics avec ces derniers se mêlant aux événements. C'est dans ce contexte politico-militaire particulièrement tendu que l'agent du MNU Wikus Van de Merwe va tenter de mener à bien sa mission qui est de faire accepter aux extraterrestres l'idée de devoir se déplacer vers leur nouveau camp...

La première impression lorsque se dévoile District 9, c'est le parti-pris visuel du réalisateur et scénariste sud-afro-canadien Neill Blomkamp. Le spectateur est immédiatement immergé dans un conflit qui rappelle malheureusement les événements connus sous le nom d'Apartheid et qui prirent leurs racines en Afrique du Sud en 1948 avant d'être abolis le 30 juin 1991. C'est donc dans un contexte similaire et particulièrement réaliste que le réalisateur, auteur plus tard de Elysium et Chappie. Propose au spectateur d'évoluer dans un décor de fin du monde. Un bidonville aux mains des trafiquants. Affamés et sans aucun moyen de défense, les opprimés sont ici personnifiés par ces étranges créatures dont l'appellation n'est pas innocente puisqu'en effet,ces derniers ressemblent davantage à d'énormes crustacés, voire des insectes, plutôt quà des extraterrestres tels que l'on pourrait les imaginer. Filmé caméra à l'épaule, District 9 plonge littéralement le spectateur dans le chaos, réveillant ainsi les vieux démons qui secouèrent le pays jusque vingt ans auparavant.

Œuvre de science-fiction mais également, film de guerre urbaine, le long-métrage de Neill Blomkamp est d'une noirceur et d'un pessimisme qui confinent parfois au nihilisme. Car entre les débordements de l'armée (la caractérisation de certains militaires est volontairement caricaturale), la gestion calamiteuse du transfert confié à un Wikus Van de Merwe incarné à l'écran par l'acteur, réalisateur et producteur sud-africain Sharito Copley, les trafics en tous genres et le traitement accordé à ces êtres venus d'ailleurs, opprimés et dans certains cas, servant à des fins scientifiques, District 9 pousse à réfléchir sur le traitement accordé à certaines populations sous le seul prétexte qu'elles sont de race ou de couleur différente. Car l'un des véritables enjeux est dans cet aspect là de l'intrigue. Pour autant, Neill Blomkamp choisit subitement de faire un écart inattendu : Alors que le cinéaste a jusque là repoussé les limites du réalisme, voilà qu'un élément perturbateur va faire prendre au long-métrage un virage beaucoup moins crédible mais néanmoins fort intéressant.

Le héros de cette histoire ayant été victime d'un empoisonnement consécutif à l’inhalation d'un fluide extraterrestre, celui-ci va être victime d'une mutation génétique le transformant peu à peu en... ''crevette''. Wikus Van de Merwe explore ainsi toutes les configurations possibles d'un tel événement. De l'intérêt de l'armée et de la science pour ce ''phénomène'' qui pourrait peut-être apporter une solution au désordre qui règne dans le District 9, de celui des inquiétants groupes civils armés, ou du héros lui-même, prenant peu à peu conscience de son état et du sort que l'on accorde à ceux auxquels il va s'identifier et ressembler à mesure que le ''mal'' se propage en lui. Recherches scientifiques, commandos armés, manipulation de la population par les médias, District 9 brasse tout cela et bien plus encore. Réaliste, nanti d'excellents effet-spéciaux, parfois drôle (et même absurde) mais souvent douloureux, le long-métrage de Neill Blomkamp ne ressemble à aucune autre œuvre de science-fiction. Un petit bijou auquel devrait normalement succéder une suite l'année prochaine sous le titre District 10...

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