Deadpool
ou l'antithèse du super-héros tel que le septième art et les
comics les représentaient jusque là. Pour celui ou celle que les
films de super-héros laissent totalement indifférent, ce
long-métrage sorti en 2016 est une bénédiction. Dans le genre, on
pourra le considérer comme le mauvais élève de la classe. Celui
qui s'adresse directement au spectateur au risque de le sortir du
récit. Celui qui se comporte tel un adolescent boutonneux féru de
bons mots. De gros mots, cela va s'en dire. Planqué sous un
déguisement proche de celui d'un certain Spiderman, qui ne lui colle
pas vraiment à la peau mais qui possède l'avantage de camoufler sa
très vilaine apparence. Contrairement aux X-Men qu'il s'efforce de
dénigrer à grands renforts de propos fort jubilatoires, la mutation
dont il est l'objet n'est pas d'ordre génétique mais est
consécutive à d'éprouvantes séances de tortures orchestrées et
infligées par l'infâme Ajax, un personnage de l'univers Marvel qui
fit sa première apparition dans le numéro 14 du comic Deadpool.
C'est sur un ton particulièrement léger que démarre le premier des
deux seuls longs-métrages qu'à réalisé jusqu'à maintenant le
réalisateur, scénariste et concepteur d'effets-spéciaux Tim
Miller (le second, Terminator:
Dark Fate,
est prévu pour le 23 octobre prochain dans les salles).
Alors
que le scénario de Rhett Reese et Paul Wernick va très rapidement
bifurquer vers un mélange entre présent et passé, pour le moment,
c'est à un festival de punchlines que nous convie ce premier
long-métrage mettant en scène le personnage de Wade Wilson qui
après avoir subit de terribles souffrances, va devenir Deadpool.
Un ''projet'' qui contrairement à ce que le héros incarné à
l'écran par l'acteur Ryan Reynolds pensait, devait en faire un
esclave selon les propos du très pervers Ajax/Francis. Mais si la
''déconne'' semble faire partie intégrante du récit et que les
facultés de cet anti-super-héros sont exposées dès le départ, le
long-métrage prend subitement un virage à trois-cent soixante
degrés et crée l'un des changements de ton les plus inattendus du
cinéma. Car plus que le simple blockbuster pétaradant dans tous les
sens pour public juvénile ivre de cascades et d'effet-spéciaux
numériques en tous genres, Deadpool
recèle un richesse émotionnelle inespéré :
L'humour, la cruauté et l'émotion faisant partie intégrante de
l'univers de Wade Wilson/Deadpool, il n'est pas rare que le film
passe du rire à une scène physiquement éprouvante, en passant même
par quelques séquences absolument désarmantes. Il faut laisser de
côté les a priori que parsèment en chemin les premières séquences
pour se rendre compte que le personnage principal est beaucoup plus
profond qu'il n'y paraît. S'il se joue de ses ennemis en prenant
régulièrement à témoins les spectateurs (le film, plutôt que
d'en souffrir, gagne en distraction et en interaction avec le
public), on comprend assez rapidement que le héros n'est pas le
benêt qu'il semble vouloir faire croire. Amusant, le film devient
carrément passionnant dès lors que l'on apprend que le héros est
atteint d'un cancer, et que pour s'en débarrasser, il va accepter de
subir un traitement qui s'avérera douloureux, même pour le
spectateur. Ce dernier se rendra compte plus tard des inconvénients
d'être différent. Et même si au commencement, il n'a pas forcément
les mêmes attributs que les mutants isolés dans le manoir du
Professeur Charles Xavier, Deadpool se rendra vite compte qu'il vaut
mieux vivre caché.
Deadpool
convie le spectateur à remonter aux origines de cet anti-héros
réellement atypique et épris de vengeance. Mais sous ses airs de
parodie cynique se moquant allégrement de ses pairs, le long-métrage
de Tim Miller est peut-être l'un des Marvel
les plus novateurs de ces dernières années: méchant,
insolent, vulgaire, remettant le statut du ''super-héros'' en
question, le film est de plus nanti de remarquables effets-spéciaux
et de scènes d'action et de combats magnifiquement chorégraphiées. Quant à Ryan
Reynolds, il incarne un Deadpool tantôt attachant, tantôt agaçant,
mais d'une manière générale, totalement salvateur. Ed Skrein
interprète quant à lui un Francis/Ajax jubilatoire et
remarquablement détestable. Mais heureusement, dans ce monde au fort
degré de testostérones est présente l'actrice Morena Baccarin qui
dans le rôle de Vanessa, la petite amie du héros, illumine les
sinistres décors que parcourent les différents personnages. De quoi
réconcilier ceux qui n'apprécient guère le genre... Un must !
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