Situé dans un contexte
beaucoup plus étroit que celui de Bienvenue à Bord
d'Eric Lavaine (2011), le film éponyme réalisé onze ans auparavant
par le cinéaste français Jean-Louis Leconte se déroule non pas à
bord d'un bateau de croisière mais à l'intérieur d'une voiture
conduite par Martin Lamotte/Martin Placard, auteur de deux romans.
Coincé dans un embouteillage à soixante-kilomètres de son domicile
après avoir tenté de refourguer des dictionnaires auprès
d'acheteurs potentiels, le voilà condamné à supporter la longue
marche des véhicules sur une autoroute encombrée. Alors que sa
voiture est à l'arrêt, un inconnu s'invite et s'installe sur le
siège passager. Il n'a pas de nom, mais philosophe auprès d'un
Martin Placard qui aimerait bien s'en débarrasser. L'étranger va
finir par mettre tout un tas d'idées dans la tête du conducteur dont celle que
l'épouse de Martin pourrait bien le tromper lorsqu'il est absent.
Rentrant chez lui avec trois jours d'absence, l'auto-stoppeur tente
de convaincre le romancier/démarcheur que sa femme pourrait être
dans les bras d'un autre lorsqu'il arrivera chez lui...
L'auto-stoppeur
est ici incarné par un Pierre Richard à contre-emploi. Sa timidité,
sa maladresse, sa distraction, il les a rangées dans un tiroir.
Celui qui incarna Le Grand Blond...
retrouve un peu de cette fausse assurance dont le personnage de
François Perrin s'armait afin de faire croire qu'il travaillait pour
le compte du Colonel Louis-Marie-Alphonse Toulouse des Services
Secrets dans Le Retour du Grand Blond
d'Yves Robert sauf que dans le cas présent, le personnage de
l'auto-stoppeur ne feint pas cette attitude. Avec un certain
étonnement, le spectateur découvrira un Pierre Richard différent,
portant lunettes, gants et gabardine noirs et se révélant même menaçant.
Du moins, dans un premier temps. Face à lui, un Martin Lamotte
agacé, mais prêtant l'oreille. Vu les conditions de tournage, le
casting est presque réduit à sa part congrue. Une douzaine
d'interprètes dont la présence s'explique généralement par les
quelques séquences se déroulant hors véhicule. Pavel Slady, le
conducteur d'une voiture en panne dont on connaîtra plus tard
l'identité, la relativement rare Évelyne Bouix dans le rôle
d’Émilie, la conductrice et amante de passage, Jean-Paul Muel,
dans la peau d'un commissaire de police, ou encore l'actrice
Catherine Frot dans celle d'une prostituée rencontrée dans une
cellule après que le romancier ait volontairement provoqué un agent
de police afin de se débarrasser de son encombrant passager...
Bienvenue à Bord a
franchement des allures de téléfilm même s'il semble pourtant
avoir connu une sortie sur grand écran le 15 août 1990. D'abord
déroutant (le cadre nocturne et l’exiguïté du break conduit par
Martin Lamotte), le film de Jean-Louis Leconte sait se rendre
agréable à regarder grâce à l'étonnant duo que forment Pierre
Richard et Martin Lamotte. Le réalisateur, dont on a vite fait le
tour de la filmographie (quatre longs-métrages, deux courts et un
documentaire) sait y faire même si les moyens employés se révèlent
généralement rudimentaires. Posez deux chaises sur la scène d'un
théâtre devant un rideau noir et installez-y deux comédiens et
vous aurez une idée assez précise du contenu de ce Bienvenue
à Bord un
brin décalé. Pas forcément connu (je n'en avais personnellement
jamais entendu parler), le film de Jean-Louis Leconte est une
curiosité à conseiller tout d'abord aux fans de Pierre Richard (qui
excelle comme à son habitude) et à tous ceux qui apprécient les
comédies qui baignent dans une étrange atmosphère...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire