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jeudi 2 mai 2019

Bienvenue à Bord de Jean-Louis Leconte (1990) - ★★★★★★☆☆☆☆




Situé dans un contexte beaucoup plus étroit que celui de Bienvenue à Bord d'Eric Lavaine (2011), le film éponyme réalisé onze ans auparavant par le cinéaste français Jean-Louis Leconte se déroule non pas à bord d'un bateau de croisière mais à l'intérieur d'une voiture conduite par Martin Lamotte/Martin Placard, auteur de deux romans. Coincé dans un embouteillage à soixante-kilomètres de son domicile après avoir tenté de refourguer des dictionnaires auprès d'acheteurs potentiels, le voilà condamné à supporter la longue marche des véhicules sur une autoroute encombrée. Alors que sa voiture est à l'arrêt, un inconnu s'invite et s'installe sur le siège passager. Il n'a pas de nom, mais philosophe auprès d'un Martin Placard qui aimerait bien s'en débarrasser. L'étranger va finir par mettre tout un tas d'idées dans la tête du conducteur dont celle que l'épouse de Martin pourrait bien le tromper lorsqu'il est absent. Rentrant chez lui avec trois jours d'absence, l'auto-stoppeur tente de convaincre le romancier/démarcheur que sa femme pourrait être dans les bras d'un autre lorsqu'il arrivera chez lui...

L'auto-stoppeur est ici incarné par un Pierre Richard à contre-emploi. Sa timidité, sa maladresse, sa distraction, il les a rangées dans un tiroir. Celui qui incarna Le Grand Blond... retrouve un peu de cette fausse assurance dont le personnage de François Perrin s'armait afin de faire croire qu'il travaillait pour le compte du Colonel Louis-Marie-Alphonse Toulouse des Services Secrets dans Le Retour du Grand Blond d'Yves Robert sauf que dans le cas présent, le personnage de l'auto-stoppeur ne feint pas cette attitude. Avec un certain étonnement, le spectateur découvrira un Pierre Richard différent, portant lunettes, gants et gabardine noirs et se révélant même menaçant. Du moins, dans un premier temps. Face à lui, un Martin Lamotte agacé, mais prêtant l'oreille. Vu les conditions de tournage, le casting est presque réduit à sa part congrue. Une douzaine d'interprètes dont la présence s'explique généralement par les quelques séquences se déroulant hors véhicule. Pavel Slady, le conducteur d'une voiture en panne dont on connaîtra plus tard l'identité, la relativement rare Évelyne Bouix dans le rôle d’Émilie, la conductrice et amante de passage, Jean-Paul Muel, dans la peau d'un commissaire de police, ou encore l'actrice Catherine Frot dans celle d'une prostituée rencontrée dans une cellule après que le romancier ait volontairement provoqué un agent de police afin de se débarrasser de son encombrant passager...

Bienvenue à Bord a franchement des allures de téléfilm même s'il semble pourtant avoir connu une sortie sur grand écran le 15 août 1990. D'abord déroutant (le cadre nocturne et l’exiguïté du break conduit par Martin Lamotte), le film de Jean-Louis Leconte sait se rendre agréable à regarder grâce à l'étonnant duo que forment Pierre Richard et Martin Lamotte. Le réalisateur, dont on a vite fait le tour de la filmographie (quatre longs-métrages, deux courts et un documentaire) sait y faire même si les moyens employés se révèlent généralement rudimentaires. Posez deux chaises sur la scène d'un théâtre devant un rideau noir et installez-y deux comédiens et vous aurez une idée assez précise du contenu de ce Bienvenue à Bord un brin décalé. Pas forcément connu (je n'en avais personnellement jamais entendu parler), le film de Jean-Louis Leconte est une curiosité à conseiller tout d'abord aux fans de Pierre Richard (qui excelle comme à son habitude) et à tous ceux qui apprécient les comédies qui baignent dans une étrange atmosphère...


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