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mardi 18 septembre 2018

Le Septième Juré de Georges Lautner - ★★★★★★★★★★



Un moment d'égarement, de folie, un dimanche après-midi, sous un soleil du mois de septembre, le pharmacien d'une petite ville, Grégoire Duval, s'offre une promenade digestive, laissant derrière lui son épouse et leur deux enfants, partis faire du bateau autour du lac. C'est à quelques centaines de mètres qu'il croise la route de Catherine que son compagnon a abandonné pour aller chercher de l'essence. Elle est jeune, jolie, et surtout légèrement dévêtue. Duval se penche vers elle, tente de l'embrasser, mais devant la résistance et les cris de la jeune femme, il l'étrangle. Sylvain Sautral, l'amant de Catherine est immédiatement soupçonné. Mis aux arrêts par le commissaire de police, il est jugé quelques temps plus tard pour le meurtre de sa fiancée. Parmi les jurés se trouve Duval, celui-là même qui a tué Catherine. L'idée de voir un innocent reconnu coupable de son méfait lui étant insupportable, le pharmacien décide de tout tenter afin de faire acquitter Sautral. Mais même innocenté, le retour à la liberté du jeune homme ne sera pas de tout repos car pour les habitants de Pontarlier, il reste le seul et unique coupable...

Réalisé en 1961, Le Septième Juré demeure un furieux réquisitoire contre la présomption de culpabilité. Ici, le visage du mal n'est incarné ni par la justice, ni par cet homme innocent que l'on tente de condamner faute de coupable véritable, ni par le véritable assassin qui tua sans le vouloir une jeune femme, mais bien par la population d'une petite commune française qui d'une seule voix s'est levée pour accuser un homme bien avant qu'il soit assis dans le box des accusés. Sylvain Sautral contre le monde entier. Ou presque puisque l'un des rares à vouloir le soutenir avec le docteur Hess (excellent Maurice Biraud), c'est le coupable lui-même, merveilleusement incarné par Bernard Blier. Face à lui, le monde entier. Ou tout simplement les habitants de Pontarlier. Ses amis, ses voisins, ses clients, et même son épouse Geneviève (Danièle Delorme) qui voit en la participation de Grégoire au procès en tant que juré, l'occasion d'asseoir davantage la situation de son mari qui a pignon sur rue.

Le génial cinéaste Georges Lautner, auteur d'une foule d'excellents longs-métrages, signe avec Le Septième Juré une œuvre étudiant avec méthode le comportement de citoyens prompts à juger un homme sur de simples soupçons, l'important n'étant alors plus de condamner LE coupable mais du moins UN coupable, qu'il le soit réellement ou non. Découpé en plusieurs phases, le film de Georges Lautner s'ouvre sur le drame, puis se poursuit avec l'exemplaire procès durant lequel le personnage incarné par Bernard Blier sauve les meubles en faisant acquitter Sylvain Sautral, interprété à l'écran par Jacques Riberolles. Bien que cette partie du long-métrage soit déjà en soit, une sacrée réussite, la suite est à l'avenant puisque au sortir du tribunal, l'homme qui a été officiellement reconnu innocent, n'en a pour autant pas terminé avec les plus virulents des juges dont les visages prennent ceux de ses concitoyens. Sans doute l'un des aspects les plus glaçants renvoyant à ces faits-divers se produisant couramment et hors de la fiction. Avec une certaine ironie, Georges Lautner démonte cette institution qui consiste à protéger les notaires même lorsqu'ils avouent leur péchés. En cela, Le Septième Juré est une œuvre faisant une fois de plus écho avec des faits-divers dont continue de parler la presse même aujourd'hui. L'arrivisme et la froideur dont fait l'objet le personnage incarné par Danièle Delorme est en cela assez saisissant. Le film de Georges Lautner démonte certaines institutions (la police en prend quelque peu pour son grade) tout en en préservant certaines autres (le tribunal et ses juges sauront rendre justice comme il se doit). Le cinéaste clôt son œuvre sur une note particulièrement sombre, laissant à une justice bien différente l'opportunité de résoudre enfin cette affaire. Un chef-d’œuvre...

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