Lorsque l'Occident
rencontre l'Extrême-Orient au cinéma, cela donne de curieux
mélanges. Pas désagréable en soit, La Proie
de J.F. Lawton fait la part belle aux traditions japonaises, parmi
lesquelles le mythe du ninja s'adonnant à des techniques d'arts
martiaux bien spécifiques réunis autour d'un même terme :
Ninjutsu. Le ninja
prend ici la forme d'une entité légendaire et « fantômatique »,
impossible à identifier, appartenant à une famille qui depuis plus
de deux siècles en combat une autre dont le plus illustre
représentant vivant demeure un certain Ijuro Takeda. Lequel enseigne
depuis de nombreuses années les différentes disciplines regroupées
autour du Ninjutsu
pratiqué par le passé par certains espions du Japon Féodal.
C'est
dans ce contexte relativement dépaysant qu’apparaît l'américain
en voyage d'affaires, Paul Racine. Débarqué au Japon,
l'informaticien rencontre au cours d'une soirée, la belle Kirina.
Après avoir passé quelques heures en sa compagnie dans le bar de
l’hôtel où ils ont chacun réservé une chambre, la jeune femme
convie Paul à entrer dans la sienne. Après avoir fait l'amour,
Kirina demande à Paul de la laisser, sachant qu'il ne lui reste que
peu de temps à vivre. En effet, alors que Kirina a trahit son
protecteur, elle sait que la mort plane au dessus de sa tête. Dans
l'ascenseur qui doit le ramener jusqu'à son étage, Paul constate
qu'il s'est trompé de clé et qu'il a embarqué celle de Kirina. Dès
son retour dans la chambre de la jeune femme, il assiste à son
exécution. Quant à lui, témoin du drame, il est laissé pour mort
par les deux hommes qui ont accompagné le ninja Kinjo, chef du culte
Makato. Celui-là même dont la famille tente depuis de nombreuses
décennies de faire disparaître tous les membres de la famille
Takeda. Heureusement, Paul survit à ses blessures et est pris en
charge par Ijuro Takeda et sa fille Mieko...
Alors
que le spectateur découvrira un film plus profond qu'il n'y paraît
au premier abord, il aura tout d'abord l'impression de s'être fait
enfler en raison d'un titre accrocheur mais loin de se justifier au
vu du résultat à l'écran. Une première impression qui mettra tout
de même plus de soixante-dix minutes avant de battre de l'aile lorsqu'un
climax lui apprendra le rôle très précis de Paul dans cette
histoire vieille de deux-cent ans où se déchirent deux clans. Seul
occidental ou presque (l'acteur John Lone qui prête ses traits au
personnage de Kinjo étant un américain d'origine hongkongaise),
Christophe Lambert partage la vedette avec des interprètes extrêmes
orientaux venus de Chine et du Japon. Essentiellement méprisé par
cette partie des critiques qui ne voient en Christophe Lambert qu'un
très mauvais acteur (Télérama
suggère notamment au spectateur de s'aviner avant de suivre ses
aventures extrêmes-orientales), le film prend une valeur certaines
grâce aux acteurs et actrices qui l'accompagnent dans cette
aventure. Aucune personnalité ne se dégage véritablement des
autres, chacun ayant un rôle d'importance relativement égale, et ce
même si le charisme de John Lone et de l'exceptionnel Yoshio Harada
(qui incarne Ijuro Takeda) fait toute la différence.
La Proie repose avant
tout sur son ambiance dépaysante, sur la mystique des légendes
entourant le mythe des ninjas, sur la musique envoûtante composée
par Leonard Eto et Motofumi Yamaguchi et sur quelques scènes qui,
n'en déplaise aux contradicteurs, s'avèrent particulièrement
intéressantes : l'attaque du train par les hommes de Kinjo, et
le combat final qui oppose celui-ci à Ijuro. Une bonne surprise...
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