Une fois encore, j'ai
décidé d'accorder un article à une œuvre venant tout droit du
Canada. Après l'excellente surprise que fut le Radius de
Caroline Labrèche et Steeve Léonard datant lui aussi de 2017,
Pyewacket,
le second long-métrage de l'acteur et réalisateur Adam MacDonald
concerne
désormais les rapports délicats qu'entretiennent une mère et sa
fille depuis le décès de l'époux de la première, et du père de
la seconde. Attirée par l'univers de l'occulte et de la magie noire,
la jeune Leah Reyes partage sa fascination avec ses trois amis.
Lorsque sa mère lui apprend son intention de déménager loin de la
maison qui lui rappelle sans cesse la mort de son époux, Leah est
bouleversée à l'idée d'être séparée de ses amis. Après une
énième dispute avec sa mère, l'adolescente désire la mort de sa
mère. S'enfonçant dans la forêt jouxtant leur nouvelle demeure,
Leah pratique un rituel occulte durant lequel elle prononce le vœu
de voir périr sa mère. Malheureusement pour elle, leurs rapports
s'améliorent et Leah ne veut plus que celle-ci meure. Pourtant,
d'étranges phénomènes vont se produire. Signes que bientôt, le
souhait premier de Leah risque de se réaliser. Ne savant plus que
faire pour faire machine arrière, l'adolescente demande de l'aide
auprès de ses amis Janice et Aaron...
Vu
le pitch, on pourrait imaginer que Pyewacket
va ressembler à nombre de ces longs-métrages qui abordent déjà
le thème de la sorcellerie et des maisons perdues dans les bois.
Pourtant, le film de Adam MacDonald prend une voie différente.
Déjà, les événements fantastiques révélés le sont de manière
fort discrète. Et puis, le cinéaste choisit d'approfondir les liens
qu'entretiennent la mère (l'actrice américaine Laurie Holden, vue
auparavant dans la série The Walking Dead),
et la fille (la canadienne Nicole Munoz). L'intrigue tourne
d'ailleurs essentiellement autour de ces deux personnages, isolés
dans une demeure au fin fond d'une forêt, ce qui n'arrange
évidemment rien en terme d'ambiance. Car à ce sujet, Adam MacDonald
s'y entend pour nous filer la trouille et ce, avec une économie de
moyens exemplaire.
Plus
fort encore : c'est en entretenant le mystère autour de la
créature invoquée et par le troublant comportement d'une
adolescente prête à sacrifier sa génitrice après une 'simple'
dispute que le spectateur est amené à douter de certaines visions.
Des séquences que l'on pourrait mettre au crédit d'une Leah
tellement marquée par la mort de son père qu'elle en est devenue
capable de croire en l'existence d'une force occulte afin de
justifier des faits qu'elle serait elle-même en mesure de commettre.
Car si plusieurs événements tentent à convaincre de l'existence
réelle d'une entité démoniaque réveillée après le rituel
perpétré par la jeune héroïne, on peut au moins évoquer
l'hypothèse qu'elle n'est peut-être que le fruit de l'imaginaire
perturbé de Leah. Une jeune adolescente que l'on découvre notamment
victime de crises de somnambulisme. Un trait de caractère qui
encouragerait donc le spectateur à supposer que Leah est victime de
troubles psychiatriques graves.
L’ambiguïté
qui perdure jusqu'à la fin du long-métrage sert un propos
schizophrène, ambivalent, à la lisière entre drame familial et pur
produit horrifique. En cela, Pyewacket
est un modèle du genre. Une œuvre perturbante qui laisse jusqu'à
la fin, plusieurs grilles de lecture. Laurie Holden incarne une mère
convaincante tandis que Nicole Munoz, elle, interprète avec
sincérité le cas d'une adolescente troublée, se raccrochant à une
activité qu'il vaut mieux ne pas mettre entre toutes les mains. A
découvrir...
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