Pour ceux qui considéraient et qui regrettaient que The
Human Centipede I (First Sequence)
manque d'hémoglobine, le cinéaste néerlandais a décidé pour ce
second volet de la trilogie cette fois-ci intitulé The
Human Centipede II (Full Sequence),
de revoir la quantité de sang à la hausse. Version gore du
premier, cette suite ne ménage pas les spectateurs et tout ce qui
n'était au départ que suggéré est désormais montré sans aucune
forme d'attention envers un public dont une partie, peut-être la
majorité, aura bien du mal à rester devant son écran jusqu'au
bout. On passe ici allégrement de la chirurgie à la boucherie.
Alors que le docteur Hieter du premier volet prenait un soin tout
particulier envers ses cobayes, ceux de Martin, un handicapé mental
totalement fasciné par le film de Tom Six, sont non seulement les
victimes d'un projet plus fou encore que dans The
Human Centipede I (il
ne s'agit plus désormais de créer un mille-pattes humain à partir
de trois individus, mais de douze!), mais vont de surcroit subir un traitement de
la part d'un homme inexpérimenté en matière de chirurgie,
proprement abominable.
Alors
que la première moitié se concentre sur l'enlèvement des futurs
cobayes de Martin et sur quelques scènes du quotidien de ce
quarantenaire abusé sexuellement par son père durant son enfance,
vivant désormais avec sa mère, la seconde met en place les douze
victimes, enfermées à même le sol d'un hangar loué par ses soins.
Tom Six ne lésine pas sur les effets gore. Contrairement à Hieter
qui prenait soin d'injecter un anesthésique à chacun de ses trois
cobayes avant de les opérer (réflexe propres à tout bon médecin
que de se préoccuper du bien être de ses patients et ce, malgré la
grande folie qui s'emparait de ce chirurgien renommé), Martin, lui,
opère sans anesthésie. A vif, et dans des conditions déplorables,
à même le sol d'un hangar crasseux. Le spectateur a donc tout
loisir d'imaginer le manque d’hygiène et les risques d'infection.
Filmé
en noir et blanc, The
Human Centipede II repousse
donc les limites que s'était imposé le cinéaste dans le premier
volet. Le chirurgien fou a laissé place au fan, le long-métrage
laissant planer l'idée selon laquelle, oui, les films peuvent avoir
pour conséquence de pousser certains esprits faibles à commettre
des actes irréparables. Cette suite est parfois redoutablement
crade. Les aiguilles et le fil ont laissé place à l'agraffeuse.
Martin charcute directement dans la chair, sans se soucier de la
moindre hygiène. Pas de champ opératoire stérile, pas de
désinfectant. Quelques coups de scalpels mal ajustés. Des dents non
plus arrachées avec prudence et minutie mais à l'aide d'un marteau. De grosses hémorragies en perspective et surtout, des bruits secs et
tranchants aussi gerbants que les fluides qui s'échappent des corps.
Tom
Six exhibe un tueur d'un nouveau genre. Pas le moindre charisme pour
ce pauvre interprète qu'est Laurence R. Harvey. Libidineux, se
masturbant devant le dvd de son film fétiche à l'aide de papier de
verre. Les hommes qui se risqueront à regarder The
Human Centipede II
feront la grimace (comme ils le firent sans doute devant l'infâme émasculation de Cannibal
Holocaust de
Ruggero deodato), c'est une certitude. Petit, obèse, les yeux
globuleux, le front dégarni, asthmatique et une paire de lunettes
plantées sur le nez, Martin justifie à lui seul la sensation d'une œuvre glauque. Pourquoi avoir choisi cet acteur plutôt qu'un autre ?
Pas vraiment crédible face à des victimes qui font parfois presque
deux fois sa taille et ont autant de muscles qu'il a de graisse.
Pourtant, dès la seconde moitié du film, on met de côté ses
aprioris et on comprend le choix du cinéaste. Laurence R. Harvey se
révèle finalement parfait dans ce rôle. Tellement improbable qu'il
est plus facile de s'identifier à cet homme anodin qu'à n'importe
quel tueur trop charismatique pour n'être autre chose que le
personnage d'une fiction.
Question
scénario, une fois encore, c'est le vide intersidéral. Mais comme
le propos n'est pas là, on se fiche un peu de la psychologie des
personnages. Tom Six a choisi de ne caractériser aucune des victimes.
Pas même l'actrice Ashlynn Yennie qui pour le coup, joue désormais
son propre rôle, tombée dans le piège d'un Martin qui au
téléphone, s'est fait passer pour l'agent de... Quentin Tarantino.
Totalement absurde et perclus d'incohérences, The
Human Centipede II repousse
cependant tellement les limites que s'était imposé le cinéaste
néerlandais dans le premier film que les amateurs de films gore
extrêmes risquent de prendre leur pied. Pas sûr qu'un spectateur
lambda y prenne autant de plaisir...
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