Lorsque sort Aenigma
en 1987, le cinéaste italien Lucio Fulci semble avoir apparemment
tout dit.il ne faudra plus compter sur aucun de ses longs-métrages à
venir pour nous rappeler qu'en son temps, il réalisa quelques grands
films gore dont le souvenir émeut encore ceux qui ont eu la chance
de les découvrir à l'époque de leur diffusion dans les salles de
cinéma ou dans différents festivals où il firent leur petit effet.
Aenigma lui-même provoque son effet. Mais pas de ceux
dont le cinéaste aurait pu se vanter vu la piètre qualité de sa
mise en scène et de son interprétation. Terminé donc le gore, les
gialli, la comédie et l'heroic fantasy. Ici l'auteur de L'Au-Delà
nous propose une œuvre aussi plate qu'un Lamberto Bava. C'est
d'ailleurs avec de terribles regrets qu'en le revoyant bien des
années après, j'ai constaté que le film n''était pas l'oeuvre du
fils de l'illustre Mario mais bien de l'auteur de L'Enfer des
Zombies.
En perte de vitesse
depuis quelques années et cherchant surtout à donner à son public
ce qu'il cherche avant tout (des meurtres, encore des meurtres,
toujours des meurtres), et au détriment de l'intrigue, Lucio Fulci
réalise un film parfois inspiré de l’œuvre de Dario Argento
période Suspiria mais dans un esprit « lambertonien »
fort désolant. Tout commence à la manière de Carrie au Bal
du Diable avec cette pauvre jeune fille dont la laideur la
condamne irrémédiablement à être le souffre-douleur de ses
camarades. Tout comme l'héroïne du classique de Brian de Palma
inspiré du premier ouvrage éponyme de Stephen King, celle de
Aenigma est
détentrice d'un pouvoir lui permettant d'agir du lit sur lequel elle
végète à l’hôpital, sur ceux qui l'ont humiliée quelques temps
auparavant.
Là
débarque la jolie Eva. Un visage doux, innocent, une nouvelle recrue
jetée en pâture à de jeunes adolescentes « humides »
à l'idée d'avoir une « entrevue »
personnalisée avec leur professeur de sport (l'acteur Riccardo
Acerdi, affichant un faciès d'abruti). Innocente, Eva ? Pas
vraiment, car en réalité, elle dévoile le même comportement
insolent que ses camarades, se jetant corps et âme sur celui de Fred
Wilson, le prof en question. Lucio Fulci ne fait jamais preuve du
même talent que Dario Argento lorsqu'il s'agit de filmer ses
actrices aux pulsions sexuelles tantôt refoulées, tantôt
s'exprimant avec un minimum de retenue. Le doux parfum d'immoralité
auquel le film aurait pu prétendre étant évacué avec une
déconcertante facilité par la mise en scène insipide de son auteur
fait que Aenigma ne
nous convainc jamais.
Le
film étant une production italo-yougoslave, le casting mêle
actrices italiennes et yougoslaves donc, et s'offre même la
participation de l'acteur américain Jared Martin que les fans de
l'immonde J.R auront reconnu sous les traits de l'attachant Steven
Farlow de la mythique série télévisée Dallas
diffusée entre 1979 et 1991.
Lucio
Fulci tente avec plus ou moins de succès de révulser comme au bon
vieux temps en comptant cette fois-ci sur la participation de
centaines de gastéropodes. L'effet est amusant et demeurera sans
doute efficace envers ceux qui n'aiment pas particulièrement ces
créatures rampantes et gluantes mais il serait juste d'affirmer que
Aenigma est
d'une manière générale plutôt avare en terme d'horreur. Ici,
l'italien a définitivement abandonné le gore. C'est triste à
mourir, incroyablement mal interprété, la mise en scène est
catastrophique et le doublage français ne relève à aucun moment le
niveau. Lucio Fulci aura finalement réussi une prouesse incroyable
en produisant une œuvre d'aussi piètre qualité que celles de son
concitoyen Lamberto Bava...
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