De la fiction...
Violette Nozière n'a que
dix-huit ans lorsqu'elle apprend de la bouche du médecin de famille
qu'elle est atteinte de la syphilis. Pour ne pas leur avouer cette
maladie honteuse et pour qu'ils ne découvrent pas que leur fille
n'est plus vierge, Volette la cache à ses parents. Malheureusement
pour la jeune femme, le médecin leur à tout dit de son état et,
alors que son père Baptiste relativise, sa mère Germaine s'emporte
et veut chasser sa fille de chez elle.
Violette s'est mise en
tête que la maladie est d'origine familiale et que ce sont peut-être
ses parents qui lui ont refilé. La jeune femme entretient des
rapports sexuels avec plusieurs hommes comme un étudiant en
médecine, certains lui donnant de l'argent contre une nuit d'amour.
Elle fait ainsi la connaissance de Jean Dabin dont elle tombe
follement amoureuse. Sauf que lui est plus intéressé par l'argent
de Violette que par la jeune femme elle-même. Dès lors, pour avoir
le privilège d'être aux côtés de celle qu'elle aime, Violette va
voler de l'argent à ses parents, allant même jusqu'à commettre
l'irréparable...
Claude Chabrol
s’intéresse de près à une affaire qui défraya la chronique dans
les années trente. Et qui mieux que Isabelle Huppert pouvait camper
cette jeune femme qui s'est rendue coupable de parricide par amour ?
La meilleure actrice française a déjà tourné avec Bertrand Blier,
Bertrand Tavernier ou encore Yves Boisset et elle n'a que vingt-cinq
ans lorsque le cinéaste Claude Chabrol, grand amateur d'Alfred
Hitchcock l'enrôle pour jouer le délicat personnage de Violette
Nozière.
L'actrice est belle et
séduisante. Elle possède le visage d'un ange qui à un moment de sa
vie aurait croisé le regard du Diable. Naïve et victime des
mensonges de plusieurs hommes, son personnage ne supporte plus la vie
quelle mène, dans un un minuscule appartement avec ses parents. Elle
rêve d'amour et d'évasion dans une France d'avant-guerre. Face à
l'actrice, un Jean Carmet impeccable dans le rôle d'un père au
comportement parfois trouble dont certains des gestes sont à la
frontière de l'inceste. Un sujet que n'explore pas vraiment Claude
Chabrol même si son œuvre est ainsi parcourue de courts moments
durant lesquels on soupçonne le père d'être le véritable coupable
de cette maladie qui ronge la jeune Violette qui n'est autre que sa
belle-fille. Violette Nozière explore certains des aspects
les plus sombres de l'âme humaine. Si sa jeune interprète campe un
personnage attachant, elle peut se révéler aussi une grande
manipulatrice. Mythomane, voleuse et pour conclure, empoisonneuse,
Isabelle Huppert prouve déjà à cet âge là qu'elle a tout compris
de son métier d'actrice. Tout comme Violette Nozière, le
personnage, murissant au fil de l'intrigue jusqu'à devenir une vraie
femme à peine sortie de l'adolescence, l'actrice explose à chaque
plan. Elle figure une Violette peut-être encore plus charismatique
que celle qu'elle est censée représenter.
Le cadre dans lequel
évoluent les personnages est très bien reconstitué, avec une
bande-son très « france d'avant-guerre » et des costumes
d'époque. Le cinéaste, habitué à tordre le cou de la grande
bourgeoisie, est ici contraint de satisfaire une certaine réalité
historique. Exit donc les grands de ce monde, le film
s'attarde sur ce drame qui touche pour une fois une famille de
français moyens. Le cinéaste n'en est d'ailleurs pas à son coup
d'essai en matière de biopic consacré à la vie tumultueuse d'un
assassin puisqu'en 1963, déjà, il réalisait le classique Landru
consacré à l'un des plus célèbres criminels français des années
1910...
… à la réalité
Née le 11 janvier 1915
et morte le 26 novembre 1966, Violette Nozière est une célèbre
criminelle française qui s'est rendue responsable de la mort de son
père. Condamnée à mort le 12 octobre 1934, sa peine est commuée
par le président de la république Albert Lebrun en travaux forcés
à perpéutité. Mais alors qu'elle purge sa peine, elle est
finalement libérée le 29 août 1945 avant d'être graciée le 15
novembre de la même année par le Général de Gaulle. La jeune
femme sera même réhabilitée le treize mars 1963. Elle aura même
eut le temps d'épouser le fils du greffier de la prison où elle
purgeait sa peine et qui lui donna cinq enfants.
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