Le récit de The Killer Shrews (que l'on peut traduire
par Les musaraignes tueuses) se situe non plus sur le
continent américain mais sur une île investie par une petite équipe
de scientifiques menée par les Docteurs Radford Baines et Marlowe
Cragis. Ce dernier est accompagné de sa propre fille, Ann, laquelle
semble avoir la curieuse habitude d'accueillir les rares visiteurs
vêtue d'un tailleur comme nous pouvons le constater dès sa première
apparition. Outre ce fait peu en accord avec le cadre sauvage qui
entoure les scientifiques venus triturer les gènes de petits
rongeurs (les musaraignes en question), l'arrivée de Thorne Sherman,
capitaine d'un rafiot rempli de vivres à l'attention des Cragis, de
Baines, mais également du peu sympathique Jerry Farrel, très bel
exemple de poltron, va quelque peu perturber la vie pas si paisible
du groupe dont les manipulations génétiques ont donné naissance à
des créatures à la croissance incontrôlée et incontrôlable.
Les délicieuses petites
musaraignes servant à leurs expériences vont en effet subir une
transformation inattendue et vont surtout devenir ingérables,
envahissant ainsi l'île par leur nombre croissant. L'hypothèse
voulant que deux ou trois cent de ces créatures ont investi l'île
alors que nous n'en verrons jamais plus que cinq ou six au grand
maximum demeure invérifiable.
Réalisé par le cinéaste
Ray Kellog, The Killer Shrews est typiquement le genre
de produits qui pullulaient dans les années cinquante et qui
faisaient le bonheur des drive-in malgré leurs piètres qualités.
Ne dérogeant pas à la règle, celui-ci fait donc partie des pires
longs-métrages de science-fiction horrifico-fantastique que
produisit le cinéma américain de cette décennie riche en
péripéties. Il n’est plus question ici d’aller voir au-dessus
de nos têtes si d’éventuels petits hommes verts seraient tentés
de venir nous rendre une petite visite. Cette fois-ci, on ne pourra
reprocher ni à l’armée, ni à une quelconque centrale nucléaire
de vouloir nuire à l’humanité puisque c’est une toute petite
partie de cette dernière qui a décidé, allez savoir pour quelle
raison, de modifier les gènes de nos amies les musaraignes et ainsi
de les faire grandir à tel point que des quelques dizaines de
millimètres qu’elles mesurent normalement, les voici atteignant
les inquiétantes dimensions de chiens de type berger allemand, ou
labrador, pour ceux qui préfèrent.
D’ailleurs, on ne tarde
pas assez rapidement à deviner que sous les quelques centaines de
faux poils qui les recouvrent se cachent des individus de type canin
et bien évidemment pas les musaraignes géantes promises par
l’intrigue. On a droit à l’éternelle attirance entre le héros
(ici le capitaine du bateau) et la fille du docteur Cragis (vous vous
souvenez, celle qui porte le tailleur en toutes circonstances). Il
demeure là encore une fois un personnage venant contrecarrer les
plans du groupe (l’antipathique Jerry Farrel). Plus fort encore, et
surtout beaucoup moins évident de nos jours, l’étranger, ou du
moins l’homme dit de couleur, est traité de manière assez peu
respectueuse puisqu’entre le serviteur mexicain que Farrel aime à
traiter moins bien qu’un animal de compagnie (le pauvre mourra de
plus des conséquences d’une morsure), le seul noir de l’intrigue
(le premier compagnon du bateau, Rook Griswold) est le premier à
tomber entre les griffes et les impressionnantes mâchoires des
musaraignes géantes. Des créatures dont l’une des principales
spécificités (qui les rendent encore plus inquiétante qu’au
travers de leur simple agressivité) est de posséder une salive
constituée de bactéries causant une mort rapide et douloureuse. Un
peu à la manière du dragon de Komodo qui ne se fatigue pas à
courir après sa proie puisque mordue, celle-ci est de toute manière
condamnée à mourir.
Ça a l’air
passionnant, et pourtant, The Killer Shrews est d’un
ennui abyssal. On se fiche littéralement des dialogues insipides
(autant qu’a eu l’air de se foutre Jay Simms de l’écriture du
scénario) et du sort accordé aux survivants. Les effets-spéciaux
se résument aux perruques canines portées par les chiens,
quant à l’interprétation… mouais, peut mieux faire. On se
gaussera éventuellement de la méthode appliquée par le capitaine
Sherman et les autres pour fuir l’île et monter à bord du bateau
consistant à souder plusieurs barils en métal creux à l’intérieur
desquels ils prendront place, se mouvant accroupis jusqu’à
ressentir l’eau leur monter jusqu’au genou. Car oui, si les
musaraignes atteignent ici une dimension insoupçonnée, elles
demeurent craintives devant l’élément liquide. Pour amateurs de
gros nanars en noir et blanc avant tout…
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