Il y a des jours où l'on
peut amèrement regretter d'avoir passé le cap de la cinéphilie
pour se fourvoyer dans la cinéphagie ou la cinévorie. Un peu comme
si le gastronome choisissait de ne plus se contenter des mets les
plus raffinés et acceptait parfois, d'entrer dans un fast-food pour
y tester tout ce que l'on y sert. Et bien, la cinéphagie, c'est un
peu la même chose. On ne se contente plus de regarder les grands
classiques du septième art. On n'étudie plus en profondeur la
filmographie des auteurs les plus remarquables. Désormais, on fait
preuve d'une boulimie sans retenue, assistant à des projections
parfois si terriblement mauvaises et se succédant à un rythme si
élevé que la petite étincelle qui brillait encore devant nos yeux
ne cesse peu à peu de s'éteindre au profit d'un trou noir sans
fond. Une nuit de cauchemar, oui. Mais peut-être également une
révélation. Un message d'alerte.
Si Enclosure
n'est pas tout à fait raté et aussi mauvais que la suite à venir,
j'avoue avoir été très déçu par ce film dont l'atmosphère est
pourtant dès le départ, très bien entretenue pas la musique
éclectique de Lee Arbour et Nathan Towns. Le personnage incarné par
l'actrice Fiona Dourif (qui n'est autre que la fille de l'acteur Brad
Dourif) se retrouve en pleine forêt en compagnie de son époux afin
de camper quelques jours avant que celui-ci n'abandonne la jeune
femme quelques temps pour une tournée avec le groupe de musique dont
il fait partie. Comme l'on s'en doute assez rapidement, le séjour ne
va pas se révéler aussi paisibles que le couple le désirait et
d'étranges événements vont se produire au cœur de la forêt. Le
cinéaste Patrick Rea semble tout d'abord avoir envie de présenter
le même type de cadre dépaysant que celui du survival Délivrance
que tourna le réalisateur John Boorman en 1972. après un arrêt
forcé devant une boutique située aux abords de la forêt en
question, on découvre un environnement rappelant la fameuse scène
du « dueling Banjos » composée par l'ancien ouvrier du
textile Arthur 'Guitar Boogie' Smith dont l'air Feudin’
Banjos fut justement rendu célèbre grâce au duel entre le
jeune redneck et le personnage incarné par l'acteur Ronny Cox.
Ensuite, les deux
personnages s'enfoncent dans la forêt avec tout ce que cela peut
impliquer de dangereux. L'isolement, la nature parfois belliqueuse,
et les éventuelles et inappropriées rencontres que peut impliquer
la visite d'un lieu conservé à l'état sauvage. Seul remparts aux
agressions dont vont être les victimes, une tente. Autant dire, pas
grand chose. Du moins, dans la vie réelle puisque celle que vont
planter Charles et Dana ne subira que quelques coups de griffes et
malgré l'évidente fragilité de l'abri, celle-ci parviendra à les
préserver jusqu'à ce qu'ils osent enfin mettre un pied dehors.
D'une simplicité sans égal au point d'en avoir oublié l'aspect
crucial voulant que le film fasse peur, Patrick Rea réalise une
œuvre originale souffrant pourtant d'une terrible faiblesse en
matière d'écriture. C'est long, chiant et attentiste. Quitte à
remplir les vides scénaristiques avec du vent, il fallait entretenir
encore davantage le mystère entourant l'ambiance étrange du site et
le sentiment de malaise de son héroïne.
Malgré tout, on
retiendra quand même le joli travail effectué par les deux
compositeurs qui n'ont pas chômé pour que l’œuvre de Patrick Rea
soit accompagnée le mieux possible. C'est d'ailleurs presque un
gâchis que d'avoir composé une bande-son pour une œuvre aussi
pauvre en matière d'événements. Tout comme les maquillages des
créatures, alliant remarquablement l'humain et la végétation. Un
récit sans doute étonnant mais qui malheureusement, m'a laissé de
marbre. Quitte à passer une nuit dans les bois, je préfère encore
revoir la séquelle très tardive Blair Witch qui
malgré les très nombreuses critiques négatives se révèle selon
moi comme une excellente alternative.
Quant à la suite à
venir dont je parle plus haut, j'en suis encore à me demander si je
vais vraiment l'aborder. La nuit ne faisait que commencer
lorsqu'après Enclosure,
j'ai eu le malheur de poursuivre avec l'une des pires comédies
française qui m'ait été donné l'occasion de voir. Le cauchemar
venait, là, de vraiment commencer...
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