Joe Spinell sous les
traits d'un clown, évidemment triste. Plus proche de John Waye Gacy
que d'Achille Zavata d'ailleurs. Puis dans un bar. Enivré, il se
dirige ensuite dans les cuisines de l'établissement où il plonge le
visage d'un cuistot dans une marmite remplie d'eau bouillante. Pour
finir, il se saisit d'un couteau et l'enfonce dans l’œil gauche de
sa victime, le visage gonflé, bouffi par les brûlures infligées
quelques secondes plus tôt. En seulement sept minutes, et devant la
caméra du cinéaste Buddy Giovinazzo connu pour avoir réalisé
trois ans plus tôt le très judicieusement nommé Combat
Shock (et que l'on a communément l'habitude de comparer au
Taxi Driver de Martin Scorsese qui, déjà, était
lui-même très corsé), Joe
Spinell interprète pour la seconde fois le célèbre personnage de
Frank Zito qu'il avait incarné neuf ans plus tôt dans le
cultissime, gore et malsain Maniac
de son ami William Lustig.
Un
personnage qui le marqua tant et si bien qu'il en fut à jamais
marqué. C'est en tout cas ce qu'en dit la légende. Joe Spinell
serait tombé à la suite du tournage dans une profonde dépression.
Il aurait alors commencé à boire, puis à prendre des drogues. Le
soir de sa mort, il se se serait blessé avant de se vider de son
sang. Retrouvé mort exsangue le lendemain, il n'aura donc pas eu
l'occasion de tourner la suite de Maniac.
Une
séquelle qui ne demeurera donc qu'à l'état de film promotionnel
d'une durée ne dépassant pas les sept minutes. Joe Spinell, fils
d'immigrés italiens. Visage grêlé, époux d'une actrice de films
pornographiques et surtout, donc, acteur de l'un des films d'horreur
demeurant encore aujourd'hui comme l'un des plus impressionnants,
trente-sept ans plus tard. Cette suite, avouons-le, n'aurait sans
doute pas été à la hauteur de son aîné. Si dans une certaines
mesure, l'amateurisme des deux œuvres les firent concourir dans un
même registre, l’œuvre originale possédait un tel sens du
réalisme, parfaitement maîtrisé par son auteur, manque cruellement
au film de Buddy Giovinazzo. On retrouve certains gimmicks u
cinéaste que l'on retrouve notamment dans Combat Shock.
Une voix off grotesque, une bande-son plutôt morne, et une mise en
scène plutôt molle.
A
vrai dire, à part la grimace inquiétante du Mister Robbie du titre
qui rappelle celle du sinistre Frank Zito lorsqu'il perpétrait des
meurtres sanglants dans New-York (et dont les femmes étaient
généralement les principales victimes), il ne subsiste aucun
rapport entre les deux individus. Le premier tuait pour la simple
raison que ses victimes lui rappelaient toutes sa chère
maman qu'il haïssait autant
qu'il l'aimait tandis que le héros de Maniac 2 :
Mr. Robbie tue des individus
s'étant rendus coupables de maltraitances envers les enfants.
Tout
au plus demeure-t-il un pont entre le clown de cette suite et le
Frank Zito que le cinéaste William Lustig tentait d'humaniser au fil
de l'intrigue et ce, malgré ses terribles exactions.
Étonnantes
donc que ces sept minutes qui demeurent malgré la médiocrité de la
réalisation, une vraie curiosité pour les fans de Joe Spinell et
pour tous ceux qui ont été marqués par son incroyable
interprétation du tueur en série de Maniac.
Si l'on regrettera sa mort (qui survint alors qu'il n'était âgé
que de cinquante-deux ans), nous ferons grâce
à la mort de l'avoir emporté avant que ne soit tourné la suite
d'une œuvre culte qui n'en avait vraiment pas besoin...
J'avais lu ton article au boulot, il y a quelques jours... Donc, j'y reviens : lorsque j'avais loué ce chef-d'oeuvre glacial, qu'est Maniac premier du nom, après le caniculaire Massacre à la tronçonneuse, j'avais pu voir en bonus ce passage de Maniac 2. Je ne sais pas si on peut vraiment faire une critique en bonne et due forme de ce film inachevé : il suffit de voir les "scènes coupées" ou "alternatives" proposées en bonus sur de nombreux DVD, qui, manquant d'un degré d'achèvement, sont souvent bien palotes.
RépondreSupprimerMerci pour ton intervention très cher Mike. Si je me suis permis d'en faire la critique, c'est parce que je connais justement très bien la filmo de Buddy Giovinazzo et que l'on sent percer dans ces quelques minutes, tous les défauts inhérents à son cinéma. Tout comme j'estime "Combat Shock" être une vraie gifle, il demeure cependant perclus de défaut qui ne peuvent le hisser au rang de chef-d’œuvre.
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