Dans des conditions plus
que précaires, le neuro-chirurgien Cukrowicz est le seul à
pratiquer l'opération consistant à pratiquer une lobotomie sur les
patients considérés comme incurables. Le Docteur Hockstader lui
fait part des intentions d'une richissime veuve, Mrs Venable,
d'apporter son soutien à l’hôpital public Lyons View à travers
une contribution d'un million de dollars si le Docteur Cukrowicz
accepte d'opérer sa nièce Catherine Holly, diagnostiquée démente.
Après avoir fait la
connaissance de Mrs Venable dans sa luxueuse demeure, Cukrowicz
accepte de recevoir à Lyons View la jeune malade mais doit d'abord
l'étudier avant de prendre la moindre décision irrémédiable.
Malgré l'insistance de Mrs Venable et des propres mères et frère
de Catherine auxquels la riche femme a promis une très forte somme
d'argent s'ils acceptent de contraindre Catherine de signer un
document accordant qu'on l'opère, Cukrowicz affirme avoir besoin
d'en savoir plus sur la personnalité de la jeune femme.
Bien que Catherine ait
bien involontairement provoqué une agitation dans le quartier des
hommes de l'hôpital de Lyons View, bien qu'elle ait, selon le
Docteur Hockstader, tenté de s'enfuir, et bien qu'elle ait été
jusqu'à tenter de se suicider, Cukrowicz continue de penser que la
jeune femme n'est pas la démente que son entourage et que les
spécialistes affirment être. Afin de dénouer toute cette affaire,
le neuro-chirurgien décide de faire une expérience dans le jardin
de l'immense demeure de Mrs Venable et de remonter jusqu'à l'été
précédent, lorsqu'est mort le cousin de Catherine et fils de Mrs
Venable...
Réalisé en 1959 par le
cinéaste, producteur et scénariste
Joseph L. Mankiewicz, Soudain l’Été Dernier
fait partie de ces œuvres que l'on n'oublie jamais une fois qu'on
les a vues. En ce qui me concerne (excusez-moi d'oser parler à la
première personne), l'expérience fut vécue il y a bien une
vingtaine d'années. Un soir, si je me souviens bien, lors d'un
fameux ciné-club. Une expérience inédite aussi rare et inoubliable
que lors de la diffusion d’œuvres aussi importantes que le
Aguirre, La Colère de Dieu de
Werner Herzog sur Arte ou du The Other
de Robert Mulligan diffusé à l'époque sur l'ancien FR3
(aujourd'hui France 3).
Une
œuvre aussi vénéneuse et éblouissante de beauté, interprétée
par des acteurs et actrices américain majeurs à cette époque là.
Si le film est tant bavard et ne se situe à l'échelle du temps et
de l'espace que dans des conditions réduites, c'est parce qu'il
s'inspire de la pièce de théâtre éponyme écrite par l'écrivain
Tennessee Williams.
Katharine
Hepburn dans le rôle d'une richissime veuve éprise de vengeance,
très peu soucieuse d'une humanité dont elle fait peu cas et dont
elle-même semble avoir perdu le sens depuis la mort tragique de son
fils. L'actrice campe une femme perdue, d'une froideur absolue et
rompue à l'exercice de la machination, outil dont elle fit les frais
auprès d'un fils qui ne nous sera présenté qu'avec force
description mais sans jamais nous dévoiler son visage. Seule la
stature de l'actrice et sa présence inouïe devant l'écran pouvait
faire naitre devant la caméra, le personnage de Mrs Venable. A ses
côtés, l'acteur Montgomery Clift. Victime d'un tragique accident de
voiture qui le défigurera à jamais malgré les nombreuses
interventions chirurgicales, l'acteur retrouve Elizabeth Taylor avec
laquelle il a déjà joué plusieurs fois au cinéma. Si Soudain
l’Été Dernier
demeure longtemps après une expérience que l'on n'oublie pas, c'est
bien grâce à la présence de cette dernière. Elizabeth Taylor n'a
jamais été aussi belle et émouvante. Dans un très beau noir et
blanc et grâce à une photographie signée Jack Hildyard, Soudain
l’Été Dernier revêt
les atours d'un drame aussi énigmatique qu'inquiétant. Une œuvre
qui ouvre des portes multiples jusqu'à l'extraordinaire révélation
finale qui nous en apprend un peu plus sur ce qu'il est advenu du
fils disparu.
On
découvre une société dans laquelle certains sont prêts à payer
le prix fort pour obtenir la vengeance souhaitée. On découvre même
que derrière certains notables, il en existe prêt à sacrifier
l'intégrité de leur prochain au profit d'une institution.
Heureusement, le sujet n'étant pas exclusivement basé sur une
quelconque satire sociale, le film demeure dans les rails du scénario
original. Sans nos trois principaux interprètes, rien n'aurait sans
doute jamais été pareil. Ils convainquent par la sobriété et la
justesse de leur interprétation, la musique de Malcom Arnolds et
Buxton Orr venant soutenir les passages les plus oppressant d'une
œuvre qui demeurera comme un classique intemporel.
Découvert au cours de "Introduction au langage cinématographique"... Autant "Pas de printemps pour Marnie" de Hitchcock, pourtant grand expert de psychanalyse, m'avait emmerdé, autant "Soudain" était fascinant.
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