Je vais finir par croire
que je n'ai aucun goût en matière de cinéma à force de lire tant
de critiques en totale contradiction avec ce que je pense de telle ou
telle œuvre cinématographique. La dernière en date est Vinyan
du belge Fabrice du Welz qui décidément, me séduit de plus en
plus. Calvaire, Colt 45, son dernier
chef-d’œuvre Alléluia,
et maintenant Vinyan,
donc, sur lequel j'avais fait l'impasse à l'époque de
sa sortie et que je me réjouis d'avoir enfin pu découvrir la nuit
dernière. Maintenant, je sais pourquoi j'ai hésité tant d'années
à le voir. Parce que sept ans auparavant, j'étais encore trop
frileux face aux critiques des professionnels. Je n'assumais pas
suffisamment encore d'aimer une œuvre qui pouvait au demeurant être
conspuée par d'autres. Mais tout ceci faisant partie du passé et
surtout, après avoir pu découvrir sa toute dernière œuvre, je
n'ai plus aucun doute sur les qualités de cinéaste de Fabrice du
Welz et encore moins sur celles de l'injustement boudé Vinyan.
Qu'avait donc en tête le
belge lorsqu'il décida de se lancer dans cette histoire qui n'avait
apparemment rien de commun avec son premier succès Calvaire ?
Un film d'aventure, un drame introspectif dans une jungle touffue et
étouffante. Deux jungles même. La première, urbaine nous montre
une Thaïlande nocturne foisonnante et inquiétante. La vie est
partout. Dans les restaurants, dans les artères bouchées par un
grands nombres de véhicules à moteur. On sentirait presque la fumée
se dégageant des pots d'échappement. Et puis, il y a ces ruelles
sombres et insalubres au cœur desquelles nos deux héros vaillamment
interprétés par Emmanuelle Béart et Rufus Sewell osent pénétrer
avec l'espoir d'y trouver l'homme qui acceptera de s'enfoncer dans la
jungle avec eux afin de retrouver leur fils disparu lors du tsunami
en 2004. Cette seconde jungle éclipse la première et se révèle
encore plus impressionnante, vidée de toute trace humaine ou
presque.
Le spectateur vit au
rythme de janet et Paul Belhmer. Comme eux, ils ressent l'angoissante
vague de dépaysement qu'accentue le curieux manège des autochtones
qui ont trouvé en ce couple désespéré une manne financière. On
leur promet le miracle qu'il attendent mais c'est un cauchemar sans
fin qui les attend. En ceci, Vinyan rejoint directement
le propos de Calvaire. Tout comme Marc Stevens
(l'excellent Laurent Lucas), les Belhmer tombent dans un traquenard
et dans un univers qui leur est totalement étranger. Ici, le piège
n'est pas uniquement personnifié par le visage d'un seul homme mais
également par une forêt toute entière. Si nos héros désespèrent
de retrouver leur fil et si pendant un temps le spectateur est en
parfaite communion avec eux, il finit par se demander s'ils vont
pouvoir ne serait-ce que se dépêtrer de cette situation dans
laquelle ils s'embourbent de plus en plus à mesure qu'ils
progressent vers l'inconnu.
La jungle de Vinyan,
c'est un peu le bois de Calvaire à la puissance mille.
Cette fois-ci, on a vraiment la trouille pour nos héros.
Esthétiquement, le second long-métrage de Fabrice du Welz est d'une
beauté lugubre et angoissante extraordinaire. Filmant la jungle
comme personne, il confond réalité et cauchemar, nous perdant au
même titre que ses personnages dans les méandres d'une végétation
qui se referme sur nous comme sur eux. S'il est un calvaire
prodigieusement mis en scène au cinéma, c'est bien celui que vivent
les Belhmer. Emmanuelle Béart et Rufus Sewell plongent littéralement
dans un abîme sans fond, le film ayant été tourné dans des
conditions difficiles parfaitement retranscrites à l'écran. Vinyan
est une expérience visuelle et sonore hors du commun. Ne vous
laissez pas influencer par les avis négatifs qui malheureusement
pullulent sur la toile. Le second film de Fabrice du Welz est une
très belle réussite...
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