Trémolat, petit village
du Périgord, est en effervescence. On y célèbre le mariage de
l'instituteur Léon Hamel et de sa future épouse. Y assistent tous
les habitants du village dont le boucher Paul Thomas, dit Popaul,
ainsi que l'institutrice et directrice de l'école de Trémolat,
Hélène David. Une relation amicale découle entre eux de cette
journée festive et ils se retrouvent régulièrement dans
l'appartement qu'occupe Hélène au dessus de l'école.
Alors que dans la région
une jeune femme a été retrouvée égorgée, la police et la
gendarmerie enquête dans les environs de Trémolat. Un jour, Hélène
propose à Popaul de l'accompagner dans les bois afin d'y cueillir
des champignons. C'est l'anniversaire de celui-ci et la jeune femme
en profite pour lui faire un cadeau : Un briquet.
Quelques jours plus tard,
l'institutrice emmène sa classe en promenade au sommet d'une
colline. Quand vient l'heure de déjeuner, l'une de ses élèves
reçoit quelques gouttes de sang tombées d'un rocher situé au
dessus d'elle. Demandant à ses élèves de rester tranquilles,
Hélène monte voir ce qui se passe et trouve le corps de la jeune
épouse de Léon Hamel morte dans les mêmes circonstances que la
première victime.
Elle découvre également
aux cotés du cadavre le briquet qu'elle a offert quelques jours
auparavant à Paul...
Réalisé en 1969, Le
Boucher de Claude Chabrol marque la seconde collaboration entre
le cinéaste et l'acteur Jean Yanne (après La Ligne De
Démarcation et avant Que La Bête Meurt et Madame
Bovary). Contrairement à une bonne partie de ses œuvres, Claude
Chabrol ne peint ici aucun portrait social. La bourgeoisie est
absente et le film se contente de suivre la relation ambiguë entre
un boucher et une institutrice. Jean Yanne n'est ici pa le serial
killer emblématique que l'on trouve dans pas mal d’œuvres
américaines. Pour le coup, il s'agit là d'un Monsieur tout le
monde insoupçonnable que Stephane Audran (l'institutrice en
question) finira malgré tout par imaginer être l'assassin qui sévit
dans la région avant de se rétracter devant l'intelligence de celui
qui ira jusqu'à détourner l'attention de la jeune femme en
rachetant à Périgueux une copie de l'objet trouvé aux cotés de la
seconde victime.
Le Boucher est un
petit bijou plein de sensibilité qui ne verse jamais dans le gratuit
et préfère construire son film autour d'une relation d'amitié. Il
y a cependant quelque chose de vénéneux dans cette œuvre, et qui
trouve son paroxysme à la toute fin du film. Une sensation gênante
à laquelle n'est pas étranger le compositeur Pierre Jansen qui
signe une partition vraiment troublante. Yanne et Audran s'amusent
comme deux enfants jouant au chat et à la souris. Ils se cherchent
sans jamais vraiment se trouver, chacun avec sa propre histoire, son
vécu personnel.
Le Boucher aurait
sans doute mérité de durer quinze ou vingt minutes supplémentaires
histoire d'étoffer l'aspect criminel du récit, ce qui n'aurait pas
entaché l'intrigue qui de toute manière demeure ici
particulièrement mince. Mais ne boudons pas notre plaisir puisque
le film est un excellent Chabrol, parmi les meilleurs même, et
permet de découvrir un Jean Yanne loin du cynisme qu'on lui connaît
mais toujours aussi savoureux. A noter que le film a été en grande
partie une source d'inspiration pour l'excellent Entre Ses Mains
d'Anne Fontaine...
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