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vendredi 6 février 2015

Le Boucher de Claude Chabrol (1969)



Trémolat, petit village du Périgord, est en effervescence. On y célèbre le mariage de l'instituteur Léon Hamel et de sa future épouse. Y assistent tous les habitants du village dont le boucher Paul Thomas, dit Popaul, ainsi que l'institutrice et directrice de l'école de Trémolat, Hélène David. Une relation amicale découle entre eux de cette journée festive et ils se retrouvent régulièrement dans l'appartement qu'occupe Hélène au dessus de l'école.

Alors que dans la région une jeune femme a été retrouvée égorgée, la police et la gendarmerie enquête dans les environs de Trémolat. Un jour, Hélène propose à Popaul de l'accompagner dans les bois afin d'y cueillir des champignons. C'est l'anniversaire de celui-ci et la jeune femme en profite pour lui faire un cadeau : Un briquet.

Quelques jours plus tard, l'institutrice emmène sa classe en promenade au sommet d'une colline. Quand vient l'heure de déjeuner, l'une de ses élèves reçoit quelques gouttes de sang tombées d'un rocher situé au dessus d'elle. Demandant à ses élèves de rester tranquilles, Hélène monte voir ce qui se passe et trouve le corps de la jeune épouse de Léon Hamel morte dans les mêmes circonstances que la première victime.

Elle découvre également aux cotés du cadavre le briquet qu'elle a offert quelques jours auparavant à Paul...

Réalisé en 1969, Le Boucher de Claude Chabrol marque la seconde collaboration entre le cinéaste et l'acteur Jean Yanne (après La Ligne De Démarcation et avant Que La Bête Meurt et Madame Bovary). Contrairement à une bonne partie de ses œuvres, Claude Chabrol ne peint ici aucun portrait social. La bourgeoisie est absente et le film se contente de suivre la relation ambiguë entre un boucher et une institutrice. Jean Yanne n'est ici pa le serial killer emblématique que l'on trouve dans pas mal d’œuvres américaines. Pour le coup, il s'agit là d'un Monsieur tout le monde insoupçonnable que Stephane Audran (l'institutrice en question) finira malgré tout par imaginer être l'assassin qui sévit dans la région avant de se rétracter devant l'intelligence de celui qui ira jusqu'à détourner l'attention de la jeune femme en rachetant à Périgueux une copie de l'objet trouvé aux cotés de la seconde victime.

Le Boucher est un petit bijou plein de sensibilité qui ne verse jamais dans le gratuit et préfère construire son film autour d'une relation d'amitié. Il y a cependant quelque chose de vénéneux dans cette œuvre, et qui trouve son paroxysme à la toute fin du film. Une sensation gênante à laquelle n'est pas étranger le compositeur Pierre Jansen qui signe une partition vraiment troublante. Yanne et Audran s'amusent comme deux enfants jouant au chat et à la souris. Ils se cherchent sans jamais vraiment se trouver, chacun avec sa propre histoire, son vécu personnel.

Le Boucher aurait sans doute mérité de durer quinze ou vingt minutes supplémentaires histoire d'étoffer l'aspect criminel du récit, ce qui n'aurait pas entaché l'intrigue qui de toute manière demeure ici particulièrement mince. Mais ne boudons pas notre plaisir puisque le film est un excellent Chabrol, parmi les meilleurs même, et permet de découvrir un Jean Yanne loin du cynisme qu'on lui connaît mais toujours aussi savoureux. A noter que le film a été en grande partie une source d'inspiration pour l'excellent Entre Ses Mains d'Anne Fontaine...

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