A Baltimore, la famille
Fishpaw a bien mauvaise réputation. En effet, Elmer, le père de
famille, est directeur du cinéma de quartier et propose des films
pornographique, ce qui attire tous les obsédés du coin. Les voisins
des Fishpaw protestent devant leur maison mais rien n'y fait, Elmer
tient bon. Au grand dam de Francine qui n'en peut plus de cette
situation. De plus, leur fille Lu-Lu traîne avec un jeune voyou,
Bo-Bo Belsinger et leur fils Dexter sniffe de la drogue et est obsédé
par les pieds des femmes. Un mystérieux « écraseur de
pieds en série » rode d'ailleurs dans les parages. La
police recherche le fou qui s'attaque aux femmes, mais
malheureusement sans succès.
Francine, femme au foyer,
découvre qu'Elmer la trompe avec son assistante. C'est grâce
Cuddles Kovinsky, ancienne gouvernante ayant hérité de ses anciens
patrons, qu'elle apprend que son exécrable époux retrouve en
cachette Sandra Sullivan dans un motel. Francine file prendre en
photo le couple adultère en plein ébats mais ceux-ci, au lieu de
s'inquiéter du procès de divorce que Francine risque de gagner
grâce aux preuves d'adultère, harcèlent au téléphoinela pauvre
femme qui finit par sombrer dans une grave dépression et dans
l'alcoolisme.
Elle apprend de plus que
Bo-Bo s'est faite renvoyer de l'école, qu'elle est enceinte de son
petit ami, et qu'elle a l'intention d'avorter. Dexter, quand à lui,
est arrêté par la police, soupçonné d'être « l'écraseur
de pieds en série », puis enfermé. Rien ne va plus pour
Francine qui en plus doit se coltiner la présence de sa vieille et
insupportable mère...
Premier film en
« Odorama* », Polyester de John
Waters semble avoir bénéficié d'un budget confortable. Et pourtant
non, seuls trois cent mille dollars ont été injecté dans cette
œuvre qui tranche nettement avec le coté « crasse » des
précédentes. De son équipe des débuts, il ne reste plus grand
monde à part Divine, Edith Masey et Mink Stole. Tout juste deux
minuscules apparitions de Cookie Mueller et Mary Vivian Pearce.
John Waters aborde un
sujet qui le touche de près : la famille. Et celle qui vit dans
ce joli petit quartier de Baltimore est atypique. Pornographie,
drogue, prostitution, alcoolisme, avortement, délinquance, le
cinéaste s'en donne à cœur joie et fait des Fishpaw un conglomérat
des pires avatars de notre société. Un microcosme cruel dans lequel
tente de surnager une pauvre mère de famille. L'image est propre et
l'interprétation honnête. Divine est toujours aussi sexy, malgré
le maquillage qui lui coule le long du visage, mais la voir faire les
gros yeux et la moue est irrésistible.
Le film possède toujours
cet aspect trash de ses œuvres passées, mais aujourd'hui, plus du
coté de certains dialogues que du visuel. Surtout, il sait nourrir
une passion pour des personnages abjectes, et ici, ils sont en
nombre. Il en profite surtout pour égratigner la société
américaine, peut-être un peu trop puritaine à son (mauvais) goût.
Polyester est donc un excellent film, qui dénote une
évolution et une maturité enfin acquise dans la carrière du
cinéaste. A voir et à revoir encore et encore...
*Odorama :
procédé permettant aux spectateurs d'expérimenter de manière
olfactive d'agréables (ou désagréables) situations odorantes, et
ce, grâce à une série de vignettes numérotées. Le film s'ouvre
d'ailleurs sur un pseudo-chercheur qui explique le fonctionnement du
procédé. Des chiffres, de un à dix, apparaissant à l'image et
indiquent le moment où le spectateur doit frotter la pastille. Ne
reste alors pour lui qu'à sentir les effluves qui s'en dégagent et
qui correspondent à celles qu'est censé humer le personnage à
l'écran...
superbe et culte merci
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