A l'époque du
cinématographe, dans la ville de Saint-Pétersbourg vivent deux
familles aisées. D'un côté, Radlov, veuf et ingénieur des chemins
de fer, dont la servante Grunya est détestée de Lisa, sa fille âgée
d'une vingtaine d'années et persuadée qu'elle veut prendre la place
de sa mère disparue. De l'autre, le Docteur Stasov et son épouse
Ekaterina Kirillovna atteinte de cécité. Le couple a, dix-sept ans
plus tôt, adopté deux frères siamois originaires de Mongolie.
Lisa est persuadée que
la bonne entretient une relation avec Johann, étrange personnage et
propriétaire d'un studio de photographie spécialisé dans la
flagellation de jeunes filles. L'homme de main de Johann, Victor
Ivanovitch vend ensuite sous le manteau les photos prises par un
jeune photographe qui fait la connaissance de Lisa lors d'un repas.
Un drame survient dans la
famille de Lisa. Son père et victime d'un arrêt cardiaque et meurt,
laissant sa fille seule au monde. Le piège ainsi se referme autour
de la jeune femme et malgré les promesse du jeune photographe de lui
venir en aide, elle est victime du jeu pervers auquel s'adonnent
Victor et Johann. Et pas seulement Lisa, mais la famille du Docteur
Stasov. En effet, ce dernier est tué par Johann qui n'hésite pas à
éliminer tous ceux qui contrecarrent ses projets. Ekaterina devient
l'un des sujets des photographies représentants de jeunes femmes
nues et flagellées pr la « nounou » de Johann, ainsi que
Lisa. Quand aux frères siamois, ils sont enlevées par Victor qui
profite de leur innocence pour « s'amuser » avec eux...
Des Monstres et de
Hommes est un film russe sorti en 1998 et réalisé par
Alekseï Babanov. Ce qui frappe tout d'abord avec cette œuvre, c'est
l'esthétique générale. Un sépia somptueux couvre l'intégralité
du film et baigne les décors d'une photographie surannée qui
rappelle ces vieilles images d'une époque que l'on retrouve
enfermées dans de vieilles boite en fer. Chaque plan fait ressembler
le film à une succession de tableaux vivants. De très belle
illustrations dont la beauté est appuyée encore davantage par une
musique sublime, choisie avec beaucoup d'attention.
Tout ceci dénote
volontairement avec la cruauté et toute l'horreur qui se dégage du
sujet. Des personnages emblématiques et au charisme qui fait peur
(Sergei Makovetsky en Johann froid et impassible, Viktor Soukhoroukov
en assistant au sourire machiavélique).
Des Monstres et de
Hommes est un film atypique. De part son sujet d'abord, qui
mêle flagellation, machination, perversité, voyeurisme, observation
et curiosité envers la différence (ici, les siamois originaires de
Mongolie). Il fait partie de ces quelques films qui bousculent des
sujet qui demeurent tabous (comme le fit d'abord Nikos Nikolaïdis
avec son superbe, morbide et poétique Singapore Sling
en 1990).
S'attendre à des
kilomètres de pellicules où s'entendent d'insupportables hurlements
de victimes de coups de fouets ferait sans doute des malheureux
puisqu'en fin de compte, les scènes graphiquement choquantes sont
plutôt rares et filmées de manière pudique. On n'a pa affaire ici
à un vulgaire film d'épouvante ou d'horreur, mais plutôt à un
drame dont on peut sentir venir le vent glacial dès lors que le seul
véritable repère de la jeune Lisa vient à disparaître. Le
spectateur compatit aisément avec les victimes de ces odieux
bourreaux qui gagnent leur pain sur l'innocence de leurs victimes. Le
film d' Alekseï Babanov est un petit bijou qui laissera sans doute
les amateurs de films harcore indifférents mais séduira ceux qui
aiment découvrir des œuvres rares et personnelles. Celle-ci nous
vient de Russie et fait partie de ces films que tour bon cinéphile
se doit d'avoir vu au moins une fois dans sa vie...
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