Don Rafael Dacosta,
Florence, François Thevenot ainsi que son épouse Simone se rendent
à un dîner organisé par leurs amis Henri et Alice Sénechal. Cette
dernière, visiblement surprise de recevoir le soir-même ses amis à
dîner alors qu'elle est certaine qu'il était prévu pour le
lendemain. Henri est en déplacement mais Alice propose à ses amis
de rester malgré tout. C'est finalement François qui propose à
tout ce petit monde d'aller dîner dans un restaurant.
Lorsque le groupe arrive
devant une auberge bien connue de François, ils sont accueillis
d'une bien étrange façon. Une fois à table, ils passent les
commandes mais des pleurs aiguisent la curiosité de Simone qui se
lève alors de table et se dirige vers une pièce attenante à la
salle de restaurant. Une jeune femme y pleure bruyamment tandis que
trois ou quatre autrs personnes veillent un mort : le
propriétaire du restaurant lui-même, mort dans la journée !
Quelque peu troublés,
les cinq amis décident finalement de quitter les lieux sans
consommer, Alice bien décidée à se faire raccompagner par Don
Rafael Dacosta. Finalement les amis conviennent d'un nouveau
rendez-vous. Ce sera pour le samedi midi suivant.
Mais lorsque Don Rafael
Dacosta, Florence et le couple Thevenot sonne à la porte, ils sont
accueillis par la domestique des Sénechal. Ces derniers ont présents
cette fois-ci mais se font désirer. En effet, Alice et Henri
quittent leur grande demeure en cachette et se réfugient dans le
jardin afin d'y faire l'amour tandis que leurs invités commencent à
s'impatienter...
Se déroulant tout d'abord à la manière d'un Claude Chabrol
pratiquant l'art subtil dont il était friand (égratigner la
bourgeoisie), le film de Luis Buñuel vire très vite à la farce
surréaliste. Soit, une intrigue sans but véritable et parsemée de
scènes incongrues qui sortent du contexte ordinaire.
Le corps militaire est au
centre de ces visions presque fugaces qui n'ont jamais aucun rapport
avec l'intrigue (quasi-inexistante) du départ. Un jeune lieutenant
raconte une triste histoire vécue du temps de son enfance. Une
vision étrange qui le montre en train d'obéir au fantôme de sa
défunte mère qui lui demande d'empoisonner le lait que son
beau-père a l'habitude de prendre chaque soir avant de s'endormir.
Les héros du film croiseront également la route d'un sergent qui
racontera un rêve ayant lui aussi pour principal événement, la
présence d'un fantôme. Un colonel proposera d'accueillir le sextuor
de bourgeois pour un repas qui, selon le rêve d'Henri, aura des
allures de pièce de théâtre avant de prendre une forme réaliste
elle-même issue d'un rêve fait par François.
Le Charme Discret De
La Bourgeoisie est donc, on l'aura compris, une œuvre curieuse,
pas aussi provocante et cynique qu'on aurait pu croire. Le fil
conducteur de cette histoire qui n'en n'est pas vraiment une, ce sont
ces actrices et ces acteurs qui dans le rôles de bourgeois
insouciants mènent une existence médiocre. L'alcoolique Florence
(Bulle Ogier) qui ne jure que par le dry-martini, Don Rafael Dacosta,
François et Henri (Fernando Rey, Paul Frankeur et Jean-Pierre
Cassel) qui profitent du statut diplomatique du premier pour faire du
trafic de drogue. François, encore lui, et Alice (Stephane Audran)
qui font l'amour, qu'elle que soit la situation, au détriment de
leurs invités. Et enfin Simone, dont la piètre opinion des petites
gens donne une piètre façade de la bourgeoisie.
Le Charme Discret De
La Bourgeoisie est donc une
œuvre surréaliste plutôt bien interprétée. Il lui manque le
piquant qui aurait fait d'elle une grande œuvre. Mais Luis Buñuel
semble hésiter. On sent son désir d'égratigner mais paraît ne pas
oser blesser ceux dont il dessine des contours irréguliers. Et c'est
bien dommage...
Tiens, ça me fait penser que je l'ai toujours pas vu {acquis depuis 2005 pourtant !}
RépondreSupprimerPar contre, j'ai vu récemment Cet obscur objet du désir, ben... c'est hyper chiant comme film !